31 mai 2012

Zemmour contre Taubira : une polémique au service du fascisme

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Depuis plusieurs jours le journaliste Éric Zemmour est encore une fois au centre d'une polémique qui fait le buzz. Lors de sa chronique matinale sur RTL du Mercredi 23 Mai, Éric Zemmour a attaqué la nouvelle ministre de la Justice Christiane Taubira.

Depuis sa prise de fonction et l'annonce de la future suppression des tribunaux correctionnels pour mineurs, Christiane Taubira est la cible principale des attaques de la Droite. En effet, elle est considérée comme le symbole du retour de la Gauche sensée être « laxiste » et bienveillante avec les délinquants. Bien évidemment, ceci est faux, sous la social-démocratie, la Justice restera la même que sous la droite libérale : une Justice de classe au service de la bourgeoisie.

 

Mais Christiane Taubira n'est pas l'objet d'attaque que pour ces raisons. Christiane Taubira a commencé sa carrière politique comme militante indépendantiste dans les années 70, puis a trahi sa cause pour se rallier à la République française une fois François Mitterrand arrivé au pouvoir en 1981. Son Parti, Walwari, est la quatrième force politique de Guyane et tient la mairie de Kourou.

 

Elle est aussi, en tant que députée du Parti Radical de Gauche, à l'origine de la loi reconnaissant l'esclavage comme un crime contre l'Humanité. Christiane Taubira symbolise pour les nationalistes, et donc pour la Droite qui essaie de sauver ses résultats électoraux, « l'Anti-France ».

 

Le prétexte premier de la chronique d’Éric Zemmour est l'annonce faite par Christiane Taubira de la promulgation prochaine d'une nouvelle loi sur le harcèlement sexuel, l'ancienne loi ayant été déclarée anticonstitutionnelle.

Mais il a parfaitement synthétisé tout ce que symbolisait Christiane Taubira lors de sa chronique finissant par déclarer :

 

En quelques jours, Christiane Taubira a choisi ses victimes, ses bourreaux. Les femmes, les jeunes des banlieues, sont dans le bon camp à protéger. Les hommes blancs dans le mauvais. Après tout, les femmes votent majoritairement à gauche depuis 1981, et dans les banlieues, Hollande a obtenu des scores de dictateur africain.

 

Éric Zemmour sert depuis plusieurs années de poisson pilote de l'extrême-droite. Sous ses dehors « sympathiques », il a mis son style journalistique au service de la réaction et du fascisme. Il est un des agents de la diffusion massive du fascisme dans les masses.

 

Tout en restant dans les limites acceptables de la loi - comme le prouve sa relaxe ce 29 Mai lors du procès que lui intentait Patrick Lozès du Conseil Représentatif des Associations Noires - Éric Zemmour diffuse des thématiques fascistes, les porte pour les rendre « acceptables ».

 

 

Éric Zemmour jouit d'une audience énorme, passant dans les talk-shows les plus regardés, écrivant dans le Figaro et le Figaro Magazine, intervenant sur les radios à des heures de grandes écoutes ou encore dans des colloques de parlementaires. Il a même un talk-show en propre avec Éric Naulleau sur Paris Première et M6 où invités politiques et culturels se succèdent. Et il a assuré les soirées électorales les soirs des deux tours de l'élection présidentielle sur M6.

 

Éric Zemmour est donc un journaliste en vue... et un journaliste ultra-réactionnaire.

 

Afin de réactualiser les thèses fascistes, de les rendre modernes et acceptables, Éric Zemmour a commencé par attaquer le féminisme, les mouvements des droits homosexuels et l'antiracisme qu'il présente comme des armes antipopulaires « inventés » par le Parti Socialiste pour faire passer le libéralisme politique dans les masses.

 

Ex-soutien de Jean-Pierre Chevénement, Éric Zemmour met en avant une critique politique typiquement néogaulliste : critique de l'Union Européenne, de l'euro, mise en avant de la Nation, défense du colonialisme, mise en avant d'une économie monopoliste pilotée par l’État.

 

Mais là où Éric Zemmour est devenu le héraut de l'extrême-droite identitaire c'est sur les postions sur l'immigration qu'il met en avant. Il associe systématiquement délinquance et immigration, attaque violemment les timides tentatives d'affirmation des minorités nationales, justifie l'existence de « races ».

 

Si Eric Zemmour peut servir aussi bien d'avant-garde du fascisme dans les médias, c'est du fait de ses origines. Il est à l'extrême-droite identitaire ce que Dieudonné est au nationalisme révolutionnaire. En effat, issu de l'immigration juive d'Afrique du Nord, d'une famille pauvre de Sein-Saint-Denis, Eric Zemmour donne l'impression de parler « de l'intérieur » des questions d'insécurité, d'immigration, d'assimilation, etc. Il peut se permettre de pousser toujours plus loin l'expression du racisme, comme Dieudonné pousse toujours plus loin l'expression de l'antisémitisme.

 

 

De la même manière que Dieudonné, Eric Zemmour est un opposant acharné des Lois dites « mémorielles » et principalement de la Loi Gayssot qui criminalise l'expression du racisme et de l'homophobie et des crimes contre l'Humanité. Cet arsenal juridique est encore aujourd'hui le principal frein à l'expression pleine des fascistes.

 

Eric Zemmour, en la poussant dans ses retranchements, en la contournant systématiquement, en la faisant passer pour une Loi liberticide est aujourd'hui une des têtes de pont des attaques contre la Loi Gayssot.

 

Régulièrement attaqué en justice par les associations antiracistes sociales-démocrates, Eric Zemmour passe aujourd'hui pour un héros de de la « liberté d'expression » persécuté au motif de ses idées (d'autant plus qu'il a gangé beaucoup de ses procès). Cet aspect est renforcé par l'imbécilité des antiracistes sociaux-démocrates qui, étant incapables de s'opposer réellement au fascisme, le présente de manière apolitique psychologisante comme quelqu'un de « frustré » dont  « les complexes (devraient) se résoudrent sur un divan plutôt que par l'expression radiophonique » comme l'a déclaré Dominique Sopo, le président de SOS Racisme.

 

Et bien évidemment, Marine Le Pen s'engouffre dans la nouvelle brêche ouverte par Éric Zemmour pour se mettre en avant comme seule opposante au Parti Socialiste.

Cette polémique comme chacune de celles soulévées par Éric Zemmour sert à la progression du fascisme. Il lui donne même un coup d'accélération en étant au centre d'une des premières polémiques du mandat de François Hollande. La ligne politique qu'il représente apparaît comme une force de « résistance » à « l'ordre » social-démocrate.

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