22 oct 2011

Soyouz en Guyane, une offensive historique contre l'impérialisme américain

Submitted by Anonyme (non vérifié)

L'actualité scientifique en astronomie est en ce moment centrée sur le lancement de Soyouz. Le décollage de Soyouz, hier vendredi 21 octobre, en Guyane est présenté comme un événement historique, le témoignage d'une collaboration internationale.

Mais avant d'aller plus loin, Soyouz, c'est quoi ?

Soyouz, c'est d'abord une technologie qui a une longue histoire. Développé pour la première fois en 1962 et 1963, Soyouz est le nom donné à une série de vaisseaux spatiaux russes. Ils combinent la technologie utilisée pour le premier satellite artificiel jamais lancé (Spoutnik en octobre 1957) et celle utilisée pour les premiers êtres vivants jamais envoyés dans l'espace (Laïka en novembre 1957 puis Gagarine en avril 1961).

L'objectif des missions Soyouz est la mise en orbite de cosmonautes autour de la Terre.

Le premier vol (en avril 1967) se solde par un échec, entraînant la mort de Vladimir Komarov qui devient le premier cosmonaute mort en mission. D'octobre 1968 à octobre 1970, d'autres vols sont organisés : dans un premier temps pour mettre des cosmonautes en orbite autour de la Terre et, dans un second temps, pour permettre au vaisseau sans équipage de se poser sur la Lune.

A partir de 1971, les vaisseaux Soyouz sont utilisés pour que les cosmonautes puissent rejoindre les stations spatiales. En effet, à cette époque, le programme spatial soviétique s'oriente vers la mise en place de stations destinées à être habitées en continue, comme Saliout, première station construite et mise en orbite.  

Cette course aux étoiles montre bien la puissance économique et scientifique du social-impérialisme soviétique pendant la Guerre Froide.

Par la suite, Soyouz poursuit cet objectif avec la station Mir, de 1986 à 2001.

Actuellement, les missions Soyouz permettent surtout de rejoindre la station spatiale internationale, projet initié par la NASA dont la construction a débuté en 1998. Le lanceur de ces vaisseaux est la fusée du même nom, utilisée ce vendredi en Guyane.

Pourquoi le lancement de cette fusée Soyouz est-il si médiatisé, et qualifié même d'historique ?

Il est présenté comme une grande collaboration inédite.

La fusée Soyouz transporte deux satellites européens Galileo destinés à développer les systèmes de géolocalisation européens. Il existe actuellement deux autres systèmes : le système américain GPS et le système russe GLONASS. En France, l'hégémonie du système américain est telle que l'acronyme GPS (Global Positioning System) est utilisé couramment pour nommer la géolocalisation alors que c'est bien le nom du trust américain.

Le lancement de Galileo se fait donc en Guyane, près de Kourou, à bord de la fusée Soyouz. Ce qui est présenté comme historique, c'est le fait que la fusée russe soit lancée depuis une station dans une colonie française. Et non depuis les bases habituelles, Plessetsk (en Russie) ou Baïkonour (au Kazakhstan).

Mais, comme nous le disions, les missions Soyouz ont déjà été associées à la NASA, alors pourquoi celle-ci serait si historique ?

Le projet de station spatiale internationale (connue sous le nom de ISS, International Space Station) est initiée par la NASA en 1985, même si sa construction ne commencera qu'en 1998. Elle ne sera d'ailleurs totalement achevée qu'en 2012 bien qu'elle soit occupée depuis 2000. Pour des raisons stratégiques, la Russie est intégrée au projet à partir de 1993.

A ses débuts, en 1985, ce projet apparaît tellement novateur que nombre de pays viennent très rapidement s'y associer : plusiuers pays d'Europe, le Canada et le Japon. Et la différence est là. Les européens ne viennent se greffer sur le projet que par la suite, incapables de mener à bien un tel projet.

Avec les systèmes de géolocalisation, la situation est tout autre. Les Européens sont à l'origine du projet Galileo, même si ce n'est qu'une copie améliorée du GPS américain. On nous soutient que l'originalité de Galileo réside dans le fait que ce sera un système entièrement civil, au contraire des systèmes américains et russes qui sont placés sous autorité militaire. Comme si la recherche française ne communiquait jamais avec la Défense ! D'ailleurs sur le site du CNES (Centre National d’Etudes Spatiales), un des principaux contributeurs à l'ESA (European Space Agency) à l'origine de Galileo, on peut lire qu'un des cinq grands thèmes d'application est la sécurité et la défense. Sur le site du parlement européen, on trouve même la citation suivante :

Galileo permettrait ainsi plus d'indépendance en temps d'instabilité politique. Il n'est à l'origine pas prévu pour les utilisations militaires mais une décision du Parlement européen et du Conseil de l'UE (représentant les Etats membres) en ce sens pourrait le faire franchir le pas. (cliquez ici pour y accéder)

Alors, crier partout que Galileo sera entièrement civil, quelle hypocrisie !

Mais revenons à des considérations économiques.

La Commission Européenne finance le projet. Les pays qui en font partie sont donc des concurrents de l’impérialisme américain. La Russie, quant à elle, ne dispose plus de ressources financières élevées. Comme elle veut tout de même tirer son épingle du jeu, elle est aujourd'hui obligée de s'associer à l'Europe.

C'est donc pour ça que le lancement de Galileo en Guyane est historique. Il représente la nouvelle offensive de la bourgeoisie impérialiste avec le développement d'un partenariat entre l'Europe et la Russie afin de prendre l'avantage sur l'impérialisme américain.

Bref, on voit également ici toute l'absurdité de la guerre impérialiste : chacun lutte pour avoir un système de géolocalisation plus performant que les autres.

Car il faut bien réaliser que chaque système ne possède pas que deux ou trois satellites.

Non, on parle ici en termes de constellations de satellite ! La constellation GPS était déjà constituée de 31 satellites, la constellation russe GLONASS en compte 27, la constellation Galileo viendra rajouter à tout cela quelques 30 satellites (sans parler de Beidou, le système chinois, totalisant actuellement neuf satellites mais qui a également pour projet d'atteindre 35 satellites d'ici 2020). Toutes ces constellations participent au problème de pollution spatiale dont nous avions déjà parlé.

Au lieu de rechercher des innovations dans l'exploration spatiale, la bourgeoisie des pays impérialistes se borne à imiter les technologies voisines pour rentrer dans la concurrence.

Sous le socialisme, toutes les forces seront tournées vers la découverte de l'univers. Les technologies constitueront la manifestation positive et planifiée de notre émerveillement ancestral pour les étoiles !

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