19 nov 2011

Sauvons le clair de lune du fascisme, ce romantisme dévoyé et assassin (Pourquoi il faut étudier le romantisme)

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Voici donc une page spéciale consacrée au romantisme. Pourquoi?

Parce qu'en France domine une culture très formelle, l'habit y fait le moine. C'est un aspect que nous avons qualifié de « social-féodal », et cela ne doit pas étonner : le catholicisme a réussi à se maintenir en France.

Le protestantisme, forme bourgeoise, a échoué ; même la révolution française n'a pas réussi à extirper le catholicisme et toute sa cohorte de superstitions où l'on vénère des « Saints » : même en 2011, des prêtres organisent des bénédictions de téléphones portables !

Le romantisme est né en Allemagne comme rejet de la féodalité française, de son formalisme où dans les tragédies de Corneille et Racine, on se lamente... sans ressentir, sans émotions apparentes, à part dans les mots.

Oser les sentiments, oser ce que nous appelons la dignité du réel, voilà le sens du romantisme allemand.

Mais ce romantisme allemand était une idéologie au service de la bourgeoisie allemande, qui avait comme tâche alors de fonder la nation, d'unifier les États allemands éparpillés comme des morceaux de puzzle.

Et lorsque la France napoléonienne a envahi l'Allemagne, le romantisme s'est soumis à la force qui a unifié la nation allemande : l'Etat prussien.

Il y a eu là une catastrophe culturelle pour les progressistes. Mais ce n'est pas tout : par la suite, la réaction a pu profiter du romantisme pour apparaître comme « sensible. »

C'est là la naissance du fascisme. Le fascisme est un romantisme en version barbare. Lorsque les futuristes italiens veulent « tuer le clair de lune », ils ne veulent pas supprimer le romantisme, ils veulent le modifier dans un sens barbare, agressif.

Le même phénomène se déroule d'ailleurs au même moment en France, avec Pierre Lasserre (1867-1930). En 1907, il théorise ce qui va devenir le point de vue de l'extrême-droite française : il faut rejeter le romantisme allemand.

Charles Maurras attaqua donc le « romantisme germano-slavo-scandinave », car il était issu de Rousseau et de de Staël, dont les perspectives étaient éminemment progressistes.

Le fascisme français est romantique de bout en bout – il suffit de (et il faut) lire les œuvres de Zeev Sternhell pour le comprendre.

Mais il s'agit d'un romantisme expurgé ; la dignité du réel est transformé en exigence de la volonté de puissance. On passe de Goethe à Nietzsche. Le romantisme est transformé en machinerie humaine conquérante.

De la sensibilité, dont le symbole est un clair de lune, on passe au couteau, à la grenade, au sang que l'on fait couler : le fascisme.

Cela rend absolument nécessaire la compréhension du double caractère du romantisme. Fascisme contre communisme, c'est la résolution de la contradiction du romantisme, dont le double caractère doit être impeccablement compris avec le matérialisme dialectique.

Sans cela, on ne peut pas assumer authentiquement le communisme, et l'on reste impuissant face au romantisme fasciste, ce romantisme dévoyé et assassin.

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