12 nov 2012

Le romantisme islamique utilisé par l'impérialisme

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Le matérialisme dialectique considère que l'être humain est de la matière, relevant de l'ensemble de la matière universelle, et que tout étant en mouvement et en symbiose dans un processus de synthèse, l'être humain doit respecter sa propre nature (en mouvement) et se développer dans la réalité de cadre (en mouvement).

Cela a l'air compliqué dit comme cela, et on pourrait dire plus simplement : Dieu n'existe pas, l'être humain n'est que matière et Épicure a raison il faut chercher le bonheur sobre et aller de l'avant.

Seulement voilà, il y a des romantismes, et face à ces romantismes il faut un très haut niveau idéologique. Le romantisme prétend « faire mieux » que l'idéologie dominante dans la perception du monde sensible.

Il prétend aller jusqu'à la dignité du réel, dans un monde insensible ; c'est-à-dire que le romantisme est comme la religion, un opium du peuple, et une protestation contre la société elle-même.

On le voit avec l'exemple du romantisme islamique, massivement mis en avant par les médias impérialistes en ce moment. Car quand une société va mal, quand elle est en train d'échouer, elle a tout intérêt à laisser passer des critiques romantiques d'un côté, en écrasant de l'autre les véritables critiques.

Ce processus n'est pas « conscient », car une classe décadente ne peut pas « penser. » Il se fait d'une certaine manière naturellement, car les critiques romantiques sont plus ou moins faciles à appréhender, alors que la véritable critique est radicale, sans compromis.

Au 17ème siècle, l'aristocratie et le clergé pouvaient tolérer, dans une certaine mesure, la critique religieuse de type janséniste ou la critique bourgeoise (comme avec Molière), mais aucunement la critique libertine, c'est-à-dire matérialiste, athée.

C'est aussi ce qui explique le peu d'écho du communisme aujourd'hui en France : même dans les masses populaires, il reste une tradition petite-bourgeoise, conservatrice, formant de véritables oeillères, et faisant que la critique radicale, authentique, passe littéralement inaperçu.

C'est pourquoi on peut dire que la société française, pétrie dans le repli petite-bourgeois et le carriérisme bourgeois, se voile la face.

Dans ce processus, bien sûr, il y a une grande tolérance au romantisme. La grande attention donnée à la scientologie par ici hier, à l'Islam aujourd'hui par là, ne doit rien au hasard, intellectuellement et culturellement parlant. Mieux vaut une critique romantique allant au maximum jusqu'à un dérapage contrôlé, comme en mai-juin 1968, que se confronter à une véritable critique.

En ce moment, on a ainsi l'utilisation d'un Français converti à l'Islam sous le nom d'Abdel Jelil et actif au Mali dans les rangs « djihadistes. » Celui-ci aurait des problèmes avec les partisans de la cause qu'il a rejoint, c'est secondaire, car ce qui compte c'est sa fameuse vidéo où il explique sont point de vue.

Et dedans, parlant de « Dieu », ce djihadiste, Gilles Le Guen de son nom pré-romantique, a affirmé qu'il « avait créé l'univers et l'homme en harmonie. »

Voilà exactement la thèse romantique mystique née en Allemagne à la fin du 18ème siècle et au 19ème siècle. Et au 21ème siècle, on retrouve la même thèse dans le romantisme islamique.

Une thèse à moitié vraie, et surtout à moitié fausse.

Et c'est une thèse que l'on retrouve Souad Merah, frère de Mohamed Merah. Hier, M6 a diffusé dans « Enquête exclusive » une vidéo filmée en cachette où on la voit expliquant qu'elle était « fière » des actions de son frère : « Je suis fière de mon frère, il a combattu jusqu'au bout », « je pense du bien de Ben Laden », « Les juifs, tous ceux qui sont en train de massacrer les musulmans, je les déteste » etc.

Un discours romantique qui n'est pas celui du frère de Mohamed Merah, Abdelghani Merah, dont les médias ont mis en avant le livre qui doit sortir : « Mon frère, ce terroriste. » Le romantisme, dans sa forme idéaliste, a souvent des traits tellement grossiers, barbares, que la rationalité empêche de suivre ce romantisme sur un tel terrain.

C'est sur cela que joue d'ailleurs la bourgeoisie pour tenter d'assimiler au romantisme la critique matérialiste dialectique, en prétendant que finalement toute critique revient à du folklorique, du groupusculaire, de l'aberrant, etc. etc.

Ainsi, le discours romantique islamiste sert objectivement l'impérialisme. En France, on a droit à une campagne massive de propagande utilisant le romantisme islamique pour faire peur aux masses, pour expliquer que toute « rébellion » ne mène qu'au fanatisme délirant, etc.

C'est très exactement là qu'on voit comment l'idéologie impérialiste « républicaine » et l'idéologie religieuse des pays aux pétro-dollars se rencontrent, s'utilisent. C'est aussi là que l'impérialisme avait intérêt à renverser les dictatures à leur service mais établies sur une base laïque ou assimilée, comme l'Irak de Saddam Hussein ou la Tunisie de Ben Ali.

Le romantisme islamique est un idéalisme très utile pour un pays capitaliste comme la France, car il pousse à des comportements en apparence subversifs, mais en réalité prônant simplement un conservatisme différent.

Et islamistes contre fascistes est une bataille qui arrange bien la bourgeoisie, qui peut pourrir les masses avec ce faux conflit.

Ce qu'il y a de flagrant dans tout cela, c'est que l'antisémitisme est incompris, sa dimension idéaliste « anti-capitaliste » n'est pas vue par les commentateurs bourgeois, et c'est là qu'est la grande faille dans ce petit jeu criminel.

Car tant les islamistes que les fascistes traditionnels français sont antisémites. Ces idéalismes, aussi opposés qu'ils ont l'air d'être, distillent un même idéalisme réactionnaire pogromiste. C'est par là que la cocotte-minute réactionnaire va sauter à la figure de la bourgeoisie qui joue avec les feux populistes afin que cela serve de paratonnerre à la tension sociale.

En période de crise générale du capitalisme, il y a des phases d'accélération, de dépression, parce que le capitalisme devient toujours plus insupportable. Il y a alors des soulèvements à différentes échelles.

Étant donné que la classe ouvrière est passive et arriérée culturellement, elle va boire le calice jusqu'à la lie, et ce sont des forces sociales en décomposition qui vont mettre en avant une agitation anti-capitaliste romantique qui ne peut que monter en puissance.

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