Ce sont des Répine dont nous avons besoin en France, pas de la « liberté dans l'art »
Submitted by Anonyme (non vérifié)Répine ou l'impressionnisme : il faut choisir. Et comme les communistes ne peuvent pas accepter le flou de l'impressionnisme, ils comprennent d'autant mieux la profondeur psychologique, le réalisme des portraits de moments authentiques, vibrants, que peint Répine.
Il est significatif qu'en France ; les faux communistes, ceux qui ont révisé les enseignements du matérialisme dialectique, n'aient jamais compris Répine, et aient célébré les Picasso et autres.
Même le risible tableau « L.H.O.O.Q. » (soit « elle a chaud au cul »), de Marcel Duchamp, qui montre la Joconde avec une moustache, appartient au P«C»F ! Duchamp l'a offert au révisionniste Louis Aragon, qui l'a offert au parti révisionniste, qui l'a prêté au centre Pompidou à Paris.
C'est pourquoi Répine est un argument. Lorsqu'arrive le grand bla bla sur l'impressionnisme, l'ouverture de l'époque bourgeoise de la belle époque aboutissant à l'art contemporain, on doit dire : « et Répine ? »
Car Répine ne correspond pas à leur manière de voir les choses ; les bourgeois s'imaginent être la « fin » de l'histoire, ils ont besoin de la fin de toute représentation possible, comme si le carré blanc sur fond blanc de Malevitch était la grande censure mettant un terme à toute une période de l'humanité.
En réalité, le carré blanc sur fond blanc représente la fin de la représentation bourgeoise ; après l'impressionnisme et la tendance au cubisme le plus désordonné, plus rien n'était possible, à part l'esprit expérimentateur individualiste de l'art contemporain.
Or, cela est un choix mauvais, qui date de l'époque où la bourgeoisie était devenue réactionnaire ; aussi c'est la classe ouvrière qui doit reprendre les commandes et dire : voilà, ici, il fallait aller avec Répine, et non pas contre lui, il fallait suivre la voie ouverte par Répine, et non pas aller dans le flou, dans l'impression.
C'est une question très importante si l'on veut une vision du monde adéquate, surtout en France où a été développée par la bourgeoisie une culture de fascination – répulsion pour une sorte de pseudo avant-garde bohème qui porterait quelque chose de brillant, d’inaccessible aux masses, etc.
On comprend que si les révolutionnaires acceptent ce principe, alors absolument jamais il ne sera possible de mener la révolution en France, car qui dit révolution dit nouveau pouvoir et donc, forcément, nouvelle académie.
On comprend pourquoi le trotskysme affirme que l'art doit être « libre » après la révolution : c'est qu'en fait il ne veut pas la révolution, en prônant la liberté après la révolution, il prône la liberté avant celle-ci, et donc le libéralisme contre-révolutionnaire.
Là est le caractère terriblement pernicieux du pseudo discours avant-gardiste de la bourgeoisie, et de ses avatars surréalistes, situationnistes, lettristes, etc. En prônant la créativité individuelle rupturiste, ces courants nient la possibilité d'une analyse matérialiste dialectique générale.
Pas de Répine possible ici, puisque pour avoir des Répine, il faut un regard global, universel, et non pas subjectiviste. Et naturellement, il n'y aura pas de révolution en France sans des Répine, des Gorki.
Dans quels arts seront-ils présents ? Cela est difficile à dire, encore. Pourtant, c'est inévitable. Car si le matérialisme dialectique doit saisir les masses, alors inévitablement il y aura eu une avant-garde, et qui dit avant-garde dit production.
Il serait impossible qu'il y ait une large avant-garde constituée, sans qu'inévitablement des artistes s'élèvent au-niveau de la production allant dans le sens du réalisme socialiste. Lénine et Mao Zedong ont toujours souligné ce phénomène, cette réalité inhérente au mouvement révolutionnaire.
Culturellement, cela se sait dans le mouvement révolutionnaire en Espagne et en Italie, plus qu'en France, cependant cela a sombré dans les caricatures du « rock prolétarien » et du « street punk », au degré artistique extrêmement faible, et au trait toujours forcé.
En France, la « compagnie Jolie môme » réalise des pièces de théâtre dans l'esprit du trotskysme, avec des chansons militantes dans l'esprit anarchiste des années 1960 ; c'est un cauchemar absolu, une démarche anti-réaliste au possible, le tout parfaitement conforme au syndicalisme de la fin du 19e siècle.
Faut-il que la social-démocratie authentique n'ait jamais existé en France pour qu'une horreur pareille puisse exister ; faut-il que ces gens soient petit-bourgeois pour mélanger Prévert et Brecht ! On a ici un exemple typique de récupération trotskyste de la question de l'art, dans l'esprit du libéralisme et dans un sens anti-réaliste.
Le réalisme n'a rien à voir avec des appels pathétiques à la révolution à la mode du syndicalisme des manifestations faussement rebelles. Le réalisme, c'est la compréhension de l'ensemble des aspects d'une situation, pas une caricature d'analyse où l'on penserait que placer des slogans apparemment radicaux suffiraient.
Le réalisme exige de la méthode, pas un état d'esprit contestataire à la mode du subjectivisme romantique petit-bourgeois. Là aussi, si Répine était connu, il y aurait une approche plus sérieuse, tentant de former une nouvelle académie, pas un théâtre pathétique s'imaginant rebelle.
La confusion entre le réalisme – qui rejette le pathétique – et la fausse agit prop excitée est une catastrophe en France ; voir la compagnie Jolie môme se revendiquer de Brecht alors qu'elle joue honteusement sur l'émotion, le subjectivisme, est littéralement désolant.
Toute cette conception de l'art comme sorte de clownerie spontanéiste où la démarche subjectiviste est associée à une idéologie de pacotille est un obstacle au travail sérieux, de fond, concernant les arts et la littérature.
Ce n'est pas ainsi qu'on obtiendra des Répine en France, des gens ayant réellement avancé dans les arts et en plus capable d'avoir une vision posée, rationnelle, matérialiste, avec la reconnaissance de la dignité du réel !