25 déc 2011

Le réalisme socialiste contre l'abstraction dans l'art contemporain

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Le film "Intouchables" montre plusieurs scènes relatives à l'art contemporain. Le film se moque d'oeuvres abstraites totalement vides de sens qui sont tout de même achetées très cher par des collectionneurs bourgeois. La critique de l'art contemporain dans "Intouchables" est justifiée, mais ne sert de prétexte qu'à jouer une nouvelle fois sur le caractère opportuniste du personnage de Driss. En effet, celui-ci se dit qu'il peut facilement gagner beaucoup d'argent en peignant des toiles abstraites qui seront achetées à prix d'or par des bourgeois. Dans "Intouchables", le personnage de Driss est juste l'incarnation d'un prolétaire qui n'espère pas s'émanciper mais au contraire vivre à la remorque de la bourgeoisie.

Au sens strict, l'art contemporain désigne l'art qui est produit à notre époque; seulement l'art contemporain est tellement caricatural dans son nihilisme et son dépouillement qu'il est devenu synonyme d'abstraction totale, voire d'immense "foutage de gueule" que seuls les snobs et les bobos peuvent prétendre apprécier. On pense notamment au fameux "monochrome de Whiteman" du film des Inconnus "Les trois frères".

Il est exact de dire que les masses rejettent l'art abstrait en le qualifiant de "foutage de gueule", mais il est important de comprendre en quoi l'art abstrait est à rejeter et quels sont les critères qui permettent de le rejeter. En l'absence de critères, la bourgeoisie aura beau jeu de moquer le point de vue spontané exprimé par les masses en le qualifiant "d'arriération culturelle". En somme, selon une approche bourgeoise, ceux qui ne comprennent pas cette forme d'art sont des incultes.

La bourgeoisie parvient à justifier l'existence son appréciation d' "oeuvres" saugrenues, où l'on voit ni plus ni moins des tâches de peinture ou encore des traits énergiques barrant la toile, en leur accordant l'expression d'une sensibilité dont elles sont en réalité dépourvues. Pour la bourgeoisie, la consommation de culture est une manière de combler le manque de sensations dans la vie quotidienne, et aussi un placement financier.

La décadence bourgeoise qui devient de plus en plus évidente à mesure que la crise générale du capitalisme s'amplifie, provient en grande partie de cette incapacité des bourgeois à ressentir des sensations dans la vie quotidienne. La bourgeoisie cherche donc à multiplier les "expériences" qui peuvent prendre la forme de soirées de débauche, de glorification de la "baise" sans sentiments, ou de visite d'exposition d'art contemporain où les oeuvres abstraites rivalisent d'incongruité.

Devant une oeuvre abstraite, il est impossible de dire ce que l'artiste exprime. Comment ressentir quoi que ce soit devant des tâches de peinture maladroitement disposées sur une toile ? C'est là que prend tout son sens l'expérience que veut éprouver la bourgeoisie. Les bourgeois essaient de traduire en sentiments ce qu'ils voient sur la toile.

Dans le film "Intouchables", Philippe, devant une grande toile où n'apparaissent que des tâches rouges sur fond blanc, tient les propos suivants : "il y a beaucoup de sérénité qui se dégage de ce tableau... et même une certaine forme de violence". Philippe dit tout et son contraire car, en réalité, rien ne se dégage d'une telle toile. C'est seulement l'occasion pour un bourgeois comme Philippe d'être à l'écoute de ses sentiments... mais devant une totale abstraction. La démarche culturelle de la bourgeoisie, incarnée par Philippe, est donc anti-matérialiste, car les sentiments ne tombent pas du ciel mais sont eux-mêmes produits de la matière. Comment des sentiments pourraient-ils donc venir d'une abstraction ? En fait, toute la supercherie de l'art contemporain provient du fait que les spectateurs d'une oeuvre sont censés ressentir quelque chose, alors que rien de concret ne leur est proposé.

"L'artiste" contemporain, par incapacité à saisir le réel, se réfugie dans l'abstraction. Les "artistes" contemporains bourgeois écrivent souvent beaucoup en marge de leurs oeuvres car il leur faut trouver une justification intellectuelle à l'existence d'oeuvres qui ne signifient rien en tant que telles.

Les explications d'artistes contemporains, fioritures de langage mises à part, tiennent généralement en une seule phrase, répétée partout sous différentes formes : "Chaque spectateur de l'oeuvre doit se la réapproprier. Il n'existe aucune autre signification que celle que le spectateur veut bien lui donner", etc.

Ce genre d'argumentaire correspond parfaitement à l'individualisme bourgeois. Dans un cadre bourgeois, les "artistes" ne sont pas des ingénieurs de l'âme, mais des "génies créateurs" qu'il faut essayer de comprendre pour intégrer le cercle fermé des soi-disants "amateurs éclairés" d'art. 

Cette forme d'art flatte donc les bourgeois qui peuvent prendre la posture de "connaisseurs". Les conversations entre bourgeois prennent d'ailleurs souvent la forme de "combat culturel" où chaque interlocuteur essaie d'avoir l'ascendant sur l'autre en faisant étalage de ses connaissances.   

Pour nous, communistes, l'art contemporain pétri d'abstractions qui exprime une fuite de la réalité est une expression du snobisme que font semblant d'apprécier des bourgeois en mal de sensations, de sentiments. Il n'existe pas de "génies" coupées des masses dont l'inspiration viendrait de fulgurances créatrices. Non, l'artiste est un producteur au sein du peuple qui synthétise la matière de son époque et peut tracer une perspective d'avant-garde. L'artiste se confronte à la réalité et a donc quelque chose à dire car il sait bâtir, il sait construire, il sait organiser ses idées. Il est inacceptable de sombrer dans l'abstraction tout en incitant les spectateurs à "comprendre" l'oeuvre en se faisant leur propre film dans leur tête. Cette abstraction ne peut servir tout au plus que de décoration.

Il n'y a rien d'autre à comprendre dans l'art abstrait qu'un refus de la réalité que la bourgeoisie ne parvient plus à saisir et s'imagine réinventer dans un délire décadent. Face à la décadence bourgeoise, assumons le réalisme socialiste !

Publié sur notre ancien média: 
Rubriques: