13 oct 2012

Prix Nobel de la paix à l'UE : entre « soft power » et pacifisme libéral-bourgeois

Submitted by Anonyme (non vérifié)

La remise du prix Nobel de la paix est très facile à comprendre. Le capitalisme est en effet un mode de production, mais logiquement il a de nombreuses ramifications. La bourgeoisie est divisée en fractions, qui n'ont pas les mêmes intérêts, et qui produisent des idéologies conformes à leurs intérêts.

Récemment, on a ainsi pu parler d'anarchistes luttant contre l'islamophobie, dans une logique intellectuelle et universitaire en tous points utile à la pénétration du capital qatari en France. De la même manière, le Capital américain dispose de personnalités politiques qui lui sont favorables, ce qui fera également que le quotidien Le Figaro ne manquera pas, de manière régulière, de présenter les Etats-Unis comme le grand vainqueur et libérateur de la seconde guerre mondiale, etc.

Le prix Nobel de la paix relève, naturellement, lui aussi d'une idéologie représentant une fraction du capitalisme mondial. En l'occurrence, c'est le parlement norvégien qui choisit le prix Nobel de la paix.

C'est là le paradoxe : la Norvège n'a aucunement l'intention de rentrer dans l'Union européenne, alors qu'elle vient de désigner celle-ci...

La raison en est la suivante : la Norvège dispose d'une manne pétrolière et de gaz naturel. Le pays est prospère, diplomatiquement « neutre » et proposant toujours ses bons et loyaux services pour toutes négociations, par exemple entre une guérilla et un État.

Par conséquent, la Norvège – finalement comme la Suisse – a besoin de « poser » sa neutralité. La nomination de l'Union Européenne en 2012 est le pendant de la désignation de Barack Obama en 2009.

On est là dans la logique de ce qui est appelé désormais le « soft power », que manie le Qatar : petit pays à l'ombre de l'Arabie Saoudite qui la regarde d'un très mauvais œil, il investit de manière ciblée afin de parasiter des forces plus grandes et subsister, de par son aspect « utile ».

C'est cela qui explique que le Qatar a les mains libres niveau impôt pour s'implanter en France, tout en subventionnant les salafistes, notamment au Mali !

A cela s'ajoute, bien sûr le libéralisme bourgeois. Le parlement norvégien reprend en fait, bien sûr de manière tronquée et opportuniste, la grande thèse démocratique-bourgeoise du temps où la bourgeoisie était progressiste.

Le philosophe allemand Kant a été le grand héraut de la bourgeoisie. Il n'a pas seulement émis une théorie philosophique idéaliste qui est encore, à maints égards, le fondement de toute conception bourgeoise. Même la mécanique quantique se fonde, finalement, sur Kant.

Cependant, Kant a également porté des aspects indubitablement progressistes. Ce n'est pas pour rien que Gonzalo a, par exemple, étudié longuement la théorie de l'espace chez Kant, dans le prolongement du regard porté dessus par Engels.

Mais Kant a aussi publié deux documents où il préfigure une unification mondiale. Il s'agit de Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique, publié en 1784 où il expose le point de vue selon laquelle l'histoire a un sens, au niveau universel. Et, une année plus tard, de Vers la paix perpétuelle, où il est parlé de l'unification mondiale.

Si des individus raisonnables peuvent se mettre ensemble, pourquoi des États ne feraient-ils pas de même ?

Voici également et par exemple ce que dit Kant, dans « Doctrine du droit » en 1793

« Il ne doit y avoir aucune guerre ; ni celle entre toi et moi dans l’état de nature, ni celle entre nous en tant qu’Etats, qui bien qu’ils se trouvent intérieurement dans un état légal, sont cependant extérieurement (dans leur rapport réciproque) dans un état dépourvu de lois - car ce n’est pas ainsi que chacun doit chercher son droit.

Aussi la question m’est plus de savoir si la paix perpétuelle est quelque chose de réel ou si ce n’est qu’une chimère et si nous ne nous trompons pas dans notre jugement théorique, quand nous admettons le premier cas, mais nous devons agir comme si la chose qui peut-être ne sera pas devait être, et en vue de sa fondation établir la constitution qui nous semble la plus capable d’y mener et de mettre fin à la conduite de la guerre dépourvue de salut, vers laquelle tous les États sans exception ont jusqu’à maintenant dirigé leurs préparatifs intérieurs, comme l’ers leur fin suprême.

Et si notre fin, en ce qui concerne sa réalisation, demeure toujours un vœu pieux, nous ne nous trompons certainement pas en admettant la maxime d’y travailler sans relâche, puisqu’elle est un devoir. »

De fait, à notre époque, les masses veulent la république socialiste mondiale. L'unification est appréciée, toute division considérée comme un échec. De fait, les réactionnaires en jouent parfois, afin de jouer dessus pour opprimer, comme l'Etat central espagnol aujourd'hui, l'Allemagne nazie avec l'Autriche hier.

La Norvège ne fait pas différemment, en tentant de réactiver un libéralisme bourgeois progressiste totalement dépassé historiquement, pour abuser de la dimension universelle des masses mondiales, tout cela pour « se placer » dans les rapports de force du capitalisme à l'échelle internationale.

Un capitalisme à l'échelle internationale qui mène inévitablement à la guerre impérialiste, car la paix perpétuelle n'existera pas tant que la république socialiste mondiale n'aura pas été proclamée, les masses conservant les armes et menant différentes révolutions culturelles jusqu'au communisme.

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