30 Jan 2012

Marine Le Pen pour la suppression du remboursement de l'avortement

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Lors d'un chat sur le site Rue 89 mercredi, Marine Le Pen a confirmé qu'elle envisageait de supprimer le remboursement de l'IVG (interruption volontaire de grossesse). Dans un élan démagogique, elle se paye même le luxe de justifier cette mesure violemment réactionnaire en évoquant les difficultés d'accès aux soins pour les masses, comme en témoigne l'extrait suivant :

"Ce que je dis, c'est qu'il y a un tiers des Français qui ne se soignent plus correctement, il y a des dizaines de médicaments qui sont déremboursés, il y a des personnes âgées qui sont contraintes à limiter leurs soins parce qu'elles n'y arrivent plus sur le plan financier. Ils ont, par exemple, dérembourser, dernièrement, les radiographies abdominales, vous voyez.

Et je dis s'il y a un choix à faire, s'il y a vraiment des économies à faire, l'avortement est quelque chose qu'on peut éviter après tout, il y a des modes de contraception qui permettent d'éviter d'avoir une grossesse non désirée. Si j'ai un choix à faire, je vais l'assumer. C'est-à-dire que je préférerais faire le choix d'aider les plus pauvres d'entre nous, les personnes âgées à pouvoir se soigner, et je leur rembourserais plutôt les médicaments à eux, plutôt que de rembourser un acte, dont je considère qu'on peut après tout y échapper, sauf évidemment en cas de viol par exemple."

Le fait qu'une grande partie des masses ne parvient plus à se soigner correctement est bien une réalité sordide du capitalisme dont nous avons d'ailleurs parlé dans nos pages. Mais telle n'est pas la vision défendue par Marine Le Pen. Cette dernière ignore purement et simplement l'empreinte du capitalisme dans les problèmes de santé et préfère dresser les éléments du peuple les uns contre les autres. De son point de vue, il y aurait d'un côté les pauvres, les personnes âgées mal soignées et de l'autre des femmes enceintes qui « l'ont tout de même bien cherché ».

Pour Marine Le Pen, « on ne peut pas tout avoir », il faut donner aux uns ce qu'on retire aux autres. Voilà bien un argument dont se servent tous les dirigeants bourgeois pour démontrer leur caractère « raisonnable ».

Nous, communistes, avons une vision globale de la société. Nous ne tolérons pas la capitulation devant l'économisme bourgeois de bas étage qui fait croire qu'il faut consentir à des « sacrifices ». L'Etat socialiste, dans lequel le peuple occupe le poste de commandement, ne se résignera jamais à ces sacrifices qui frappe les masses de plein fouet. L'aspiration à une vie en pleine santé est une exigence du peuple, du peuple tout entier que la tactique fasciste du « diviser pour mieux régner » ne parviendra pas à fissurer. Tout le monde, sans aucune exception, doit avoir accès aux soins.

Le droit à l'avortement correspond ainsi à une conquête majeure des femmes. Que l'avortement pose un problème moral est un fait qui doit être reconnu - les corps ne sont pas de simples machines-, mais l'aspect principal est le droit des femmes à avorter.

Marine Le Pen, de son côté, considère que l'avortement est un "acte évitable" qui ne devrait donc pas être remboursé.

« Acte évitable »... voilà encore une expression de rationalité froide, dénuée de sentiments, comme en est capable la bourgeoisie française à laquelle appartient Marine Le Pen.

Le raisonnement bourgeois est même clairement assumé :

« c'est une mesure qui va être une mesure de pragmatisme. Une mesure financière. Ce n'est pas une mesure idéologique. C'est une mesure financière ».

En vérité, il est bien évident que les avortements sont majoritairement induits par les effets du capitalisme sur les individus. Le capitalisme encourage la compétition individualiste, la prépondérance du pragmatisme sur les sentiments, la dessocialisation d'une partie non négligeable de la population. Une telle ambiance est encore plus plombée par l'accélération actuelle de la décadence capitaliste qui aborde la sexualité sous un angle uniquement patriarcal dont les composantes sont – entre autres - la conquête d'un corps adverse, la manipulation sentimentale ou encore une hyper sexualisation des corps omniprésente et agressive.

Dans un tel contexte, il est inévitable que des grossesses non désirées se produisent dans des rapports sexuels précipités « parce qu'il faut bien le faire »...

Les rapports sexuels sont des moments importants de partage de sensations de plaisir entre deux êtres animés de sentiments et pas un acte de consommation des corps comme le voudrait le capitalisme. Les rapports sexuels peuvent bien sûr commencer jeunes, surtout que – scientifiquement - la chimie des corps entraînent le désir à la puberté, mais la barbarie du capitalisme en matière de sexualité est quant à elle totalement inacceptable. Ainsi, il est inadmissible que le capitalisme sexualise de très jeunes filles (strings, look « lolitas ») et expose le peuple, y compris des enfants, à une imagerie pornographique où domine la brutalité patriarcale.

Marine Le Pen évoque aussi des difficultés financières pour assumer un enfant qui pousseraient à l'avortement.

« Vous savez, il y a beaucoup de femmes qui avortent de leur troisième ou quatrième enfant parce qu'elles n'ont pas les moyens financiers ».

Et justement Marine Le Pen, pleine de pragmatisme, parle de problèmes financiers tout en proposant de dérembourser l'IVG ! Il faut bien voir que le capitalisme ne laisse pas le choix : les relations amoureuses elles-mêmes sont souvent subies (car comment faire pour se débrouiller toutes seules ?), les rapports sexuels parfois aussi « pour faire plaisir », et finalement les avortements arrivent comme une énième contrainte.

C'est tout l'environnement du capitalisme que Marine Le Pen ignore pour la simple et bonne raison qu'elle ne souhaite pas le comprendre dans sa globalité, préférant à cela l'option fasciste de la démagogie populiste.

Et c'est encore cette absence de vision globale qui fait proposer à Marine Le Pen l'instauration d'un salaire égal à 80% pendant trois ans pour les femmes et les hommes qui « choisissent » d'élever  leurs enfants, en justifiant encore une fois cette mesure par un discours démagogique :

« Il y a aussi des femmes qui sont contraintes de travailler parce que sinon elles ne peuvent pas nourrir leurs enfants et elles sont utilisées comme une variable d'ajustement, dans des emplois éminemment difficiles, avec des horaires qui sont juste insupportables [...], je pense notamment à la manière dont sont traitées un certain nombre de femmes dans la grande distribution, mais pas seulement ».

En vérité, le choix ne réside pas dans le travail ou l'éducation des enfants mais bien dans la préservation de l'oppression capitaliste ou bien sa destruction par la révolution socialiste ! Marine Le Pen veut en fait mettre « à l'abri » de l'exploitation capitaliste. Telle est l'option capitularde des fascistes qui veulent maintenir le capitalisme tout en le « régénérant » !

Nous communistes voulons l'affrontement avec le mode de production du capitalisme et la classe exploiteuse bourgeoise à sa tête pour y mettre un terme définitif.

L'Etat socialiste planifiera le travail pour tous et toutes selon les besoins de chacun, y compris bien sûr les mères et les pères d'enfants en bas âges.

Les révolutions culturelles à venir se chargeront de promouvoir le partage des tâches domestiques, facilitées par le développement de la robotique. Ainsi, l'avortement sera véritablement un choix calme et résolu de femmes dans une société de la vie facile et facilitée chaque jour un peu plus !  

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