4 déc 2011

Marine Le Pen affine le programme militaire (notamment maritime) du néo-gaullisme

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Il y a deux jours, Marine Le Pen a fait face à l'un des plus grands défis de sa participation aux présidentielles de 2012 : convaincre l'armée.

Impossible en effet de contourner l'appareil d’État afin de prendre le pouvoir ; il faut le convaincre largement, et surtout l'appareil militaire. C'est une condition obligée de la fascisation et du fascisme. Cela a été vrai en Italie, comme en Allemagne.

Le 2 décembre, Marine Le Pen a donc participé à un colloque d'un « think tank » du Front National : le « club Idées nation », qui se présente d'ailleurs comme suit :

« C’est dans cet esprit que nous avons constitué un « Think-Tank », ou si vous préférez un cercle de réflexion destiné à encadrer notre action et à rendre opérationnel le programme politique que défendra Marine à la prochaine élection présidentielle. Si je devais reprendre une image, nous devons être à la fois un bureau d’études et une école d’application, un arsenal intellectuel et technique au service de l’Armée de Marine en mouvement. »

Jusque-là, rien d'exceptionnel. Sauf que Marine Le Pen s'affirme comme au service de l'armée française impérialiste, se présentant ouvertement comme une néo-gaulliste. Elle présente son orientation stratégique.

Voici par exemple comment elle commence, saluant notamment des personnalités la crédibilisant par leur présence, qui vaut soutien tacite (l'Amiral Waquet est du FN de Toulon et le 11 novembre 1940 a été le théâtre d'une manifestation patriotique anti-nazi à Paris) :

« Je remercie en particulier l’Amiral Waquet pour la rigueur et la richesse de son analyse. Je salue la présence du Général Pinard Legry, président de l’Association de Soutien à l’Armée Française.

Et je rends un hommage particulier à Monsieur André Pertuzio, qui nous a fait part de son expérience de résistant, héroïque. A une époque où l’esprit de renoncement a gagné l’ensemble de nos élites, il est sain et utile de revenir à l’essentiel : la France s’est construite sur un esprit de résistance, sur les valeurs de courage et d’honneur, qui à chaque fois qu’elle était menacée dans son histoire lui ont permis de se remettre debout et de reprendre en avant sa marche glorieuse. La France a connu des 11 novembre 1940, et elle en connaîtra d’autres parce qu’elle ne se soumettra jamais. »

Une fois cela fait, Marine Le Pen peut dérouler le néo-gaullisme « en pratique » :

a)création de milices militarisées et renforcement des prérogatives militaires :

« nous assurerons en priorité la protection du territoire national et la sécurité des Français, notamment grâce à la mise en place d’une garde nationale de 50 000 réservistes, hommes et femmes, mobilisables dans un bref délai, moins de 24 heures. »

« Je ne peux évidemment passer sous silence le mauvais sort qui est fait à la gendarmerie, intégrée de force au ministère de l’Intérieur, alors que son statut militaire et les spécificités de son action la distinguent très largement de la police nationale.

Je n’accepterai pas la dilution programmée de notre gendarmerie. »

b)cavalier seul, sans les USA et sans « soumission » à l'Allemagne :

« Il [=Sarkozy) n’aime pas la France et il est en train de tenter de la liquider. Il n’aime pas la France, et il entre chaque jour un peu plus dans la collaboration avec ses maîtres : les marchés et les banques.

Il est toujours prompt à aligner notre pays, un jour sur les États-Unis, un jour sur l’Allemagne. »

« la France doit enfin avoir une grande politique de la mer, aujourd’hui complètement oubliée par des élites toute entières fascinées par l’Allemagne. »

« Quand on dit que l’Europe n’est plus un choix et qu’on est prêt à accepter le diktat allemand pour maintenir ce carcan, en quoi est-on encore patriote ? En quoi aime-t-on encore la France ? »

c)politique « sociale » en apparence et en fait nationale :

« Il ne s’agit pas de multiplier les promesses, comme les autres le font si bien en même temps que leur nez s’allonge, mais de fixer un cap au pays. De lui redonner une fierté, un honneur, une place dans le monde. Et sa place est, bien sûr, tout en haut ! »

« Oui, mon projet rompra avec le mépris des élites pour le patriotisme populaire. Je l’ai dit, et nous l’avons écrit dans notre projet présidentiel : dans le cycle de formation des fonctionnaires des trois fonctions publiques, l’accent sera mis sur le sens de l’État et le patriotisme.

L’Ecole Nationale d’Administration, l’ENA, veillera en particulier à recruter des hauts fonctionnaires patriotes, ayant le sens de l’État. Il y a un Grand oral pour cela, et nous l’utiliserons à cet effet. Quoi de plus normal que de s’assurer que les premiers serviteurs de l’Etat soient attachés à notre pays ? On remettra du bleu blanc rouge sur les bancs de l’ENA et dans l’esprit de nos élites, ce ne sera pas un mal !

En outre, tous les bâtiments publics de France, qu’il s’agisse des administrations centrales ou locales, devront en permanence porter le drapeau français. Le drapeau de l’Union européenne ne sera plus autorisé sur ces bâtiments. »

Il y a ici un problème de fond très parlant, sur lequel il faut réfléchir : les mesures proposées par Marine Le Pen ne visent pas le moyen ou long terme, comme auparavant, mais bien les 5 prochaines années.

Si la question présidentielle est encore trop compliquée pour Marine Le Pen, on peut être sûr en tout cas qu'il y a là une ligne de conduite qui influera sur la politique gouvernementale quelle qu'elle soit.

Publié sur notre ancien média: 
Rubriques: