5 mar 2013

Le Harlem Shake, expression vide et baroque totalement décadente

Submitted by Anonyme (non vérifié)

C'est un paradoxe typiquement baroque : dans une société bien ordonnée, bien symétrique à souhait (pour le capitalisme), il y a une sorte d'élément délirant dans le décor.

 

On retrouve là l'esthétique « non-conformiste » du fascisme. En lieu et place de la bataille rationnelle et sensuelle pour l'harmonie, on a une sorte de construction délirante sans queue ni tête et censée être subversive.

 

C'est cela Harlem Shake, ni plus ni moins. Voir une personne être excentrique est une bonne chose, un point de départ expressionniste. Seulement l'excentricité a un prix : n'est pas Ian Curtis, Nick Drake, Kurt Cobain, Jim Morrisson qui veut.

 

Il faut assumer la culture, l'étudier, plonger dans son monde intérieur ; cela demande du courage, de l'abnégation, le respect de la culture.

 

Inversement, styliser l'excentricité en faisant en sorte que tout le monde devienne excentrique purement gratuitement, c'est nier ouvertement la valeur de l'excentricité, c'est la ridiculiser.

 

C'est cela le Harlem Shake, une vaste moquerie, où sur un air de musique électronique avec comme seul texte « con los terroristas » (avec les terroristes), on a une personne se voyant rejoindre au bout de quelques secondes par plein d'autres pour pratiquer des mimiques étranges en étant habillées de manière grotesque ou en étant dénudées.

 

La seule initiative politique, avec un harlem shake anti-islamiste dans la cour d'un lycée à Tunis, a été d'ailleurs immédiatement suivie d'une intervention du ministre de l’Education en Tunisie, et le Harlem Shake de protestation réunie devant les bâtiments du ministère n'aura réuni que 40 personnes (malgré 10 000 soutiens sur facebook).

 

Car on ne fait pas de la politique avec l'excentricité, à moins de défiler en SA ou en chemises noires. On peut avoir une protestation individuelle excentrique contre le chaos capitaliste, protestation qui doit se fondre dans la bataille prolétarienne pour l'harmonie.

 

Mais le chaos des masses, c'est un style fasciste. Les harlem shake ont vite décadé en clips où des actes sexuels ont été mimés, pour passer aussi sec aux vidéos avec des femmes nues.

 

Pendant ce temps-là, le producteur de la chanson, Baauer, encaisse pour chaque vue youtube, ce dernier lisant les vidéos avec la chanson dedans...

 

Une autre preuve du caractère absurde du harlem shake, c'est que des autonomes de Suède peuvent le danser autant que des soldats norvégiens ou des joueurs de football anglais, ou encore des jeunes de l'UMP !

 

Car tout le monde peut être créatif en se lâchant, en lâchant la bride capitaliste. Reste à savoir pourquoi et pour qui on est créatif.

 

Les années prochaines vont arracher du sang et des larmes, et ce seront des regards bien amers qui se porteront sur la génération pratiquant le harlem shake, célébrant le nombrilisme de la pose et le fait de montrer ses fesses sur le net.

 

Des Femen aux indignés, du harlem shake aux inévitables absurdités du même genre qui viendront encore, tout cela relève de l'irrationalisme d'une société capitaliste agonisante qui n'a plus rien à dire !

 

30 secondes de délire de n'importe qui effectué n'importe comment : voilà tout ce que l'individualisme trouve à dire, en 2013 !

 

Incapacité à produire une œuvre prolongée, valorisation complète et unilatérale du subjectivisme le plus total, mimétisme faussement anti-conformiste, hypocrisie par rapport à la soumission aux normes quotidiennes du capitalisme ayant lieu d'habitude...

 

Qui peut croire que le harlem shake a quelque chose de rationnel, de progressiste, à part ceux qui s'imaginent que la « forme » suffit en soi, que le contenu n'est rien ?

 

Alors que le contenu est tout, et si difficile à formuler, à élaborer !

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