5 oct 2012

Green Lantern comme héros ouvrier de culture musulmane, absolument moderne

Submitted by Anonyme (non vérifié)

C'est une des contradictions de l'impérialisme. Le film Green Lantern était un film d'une nullité crasse, d'un infantilisme montrant bien le niveau lamentable des superproductions hollywoodiennes.

Oser sortir un tel film de pratiquement deux heures pour un budget de 150 millions de dollars est quelque chose de très impressionnant : la bourgeoisie conduit le monde à la décadence, la bêtise totale, le manque de goût et finalement à une sorte de pensée primitive, un magma de pensées incohérentes gérant des moyens colossaux.

Il est vrai que le personnage original de Green Lantern n'est pas non plus d'une grande complexité, ni d'un grand intérêt, et que l'ajout de différents mondes et d'énergies quasi-divines ne fait qu'ajouter l'idéalisme le plus complet à la médiocrité psychologique.

C'est donc avec un grand intérêt dialectique que l'on peut voir l'arrivée d'un nouveau Green Lantern, « choisi » par ces « forces » censées protéger l'univers.

Les précédents sont censés être plus ou moins morts – ils reviendront sans doute – dans une bataille contre les « forces du mal », et déjà le dernier avait exprimé son homosexualité.

Là, donc le nouveau Green Lantern est Simon Baz, un Américain d’origine libanaise, vivant dans le Michigan à Deaborn, et logiquement ex ouvrier de l'industrie de l’automobile frappée par la crise.

Pauvre et dans une mentalité proche du lumpen-proletariat, il a volé des voitures pour se procurer de l'argent, mais pas de chance, le scénario fait qu'il y a un accident où son frère est grièvement blessé, alors que la police découvre une bombe dans le coffre de de la voiture volée...

Simon Baz se fait donc considérer comme un terroriste possible, brisant en pratique la vie de sa sœur qui, elle, travaille. On a là une image d'épinal de la femme musulmane jeune, voilée et responsable, protectrice de son frère tombant une délinquance liée à la pauvreté.

Une imagé d'épinal qui n'en est pas moins vrai, même si naturellement un peu forcée, et qui bien sûr un parti pris idéologique militant aux Etats-Unis, dans l'esprit d'ailleurs du film indien « My name is Khan. »

A priori, ce nouveau Green Lantern est promis à une carrière plus prometteuse que Night Runner, porté par Bilal, un Français musulman de Clichy-sous-Bois d’origine algérienne accompagnant Batman, mais finalement pour peu de temps.

C'est très intéressant de voir ce double aspect de la production culturelle à l'époque de l'impérialisme. En fait, c'est comme dans le cinéma hollywoodien: les scénarios sont souvent produit des par des intellectuels progressistes, puis récupérés et tordus dans tous les sens par l'industrie capitaliste.

Industrie capitaliste qui ne serait pas en mesure de produire des scénarios sans les progressistes qui, de manière indirecte, se mettent au service de l'idéologie impérialiste.

Le cas est flagrant avec la série des Simpson, qui a une telle longévité que toute dimension subversive en a été ôtée au profit du trivial, de l'original, du divertissement.

Même s'il est vrai qu'il existe certains moments progressistes – la mère de Homer Simpson en cavale depuis 30 ans en raison de sa participation à une sorte de guérilla urbaine à la Weatherpeople, ou bien Lisa Simpson refusant le massacre des animaux, ou encore la critique de Homer qui gère des centrales nucléaires de manière délirante – au final, tout cela reste une sorte de divertissement désopilant et surtout sans dimension réaliste.

C'est encore plus flagrant en France où les subtilités de la culture américaine ne seront pas vues. Dans le cas de Green Lantern, par contre, comme on en est au début, sont encore flagrants les éléments directement subversifs.

Simon Baz a, en effet, un tatouage sur l'avant-bras indiquant « courage » en arabe. Or, dans la tradition sunnite, les modifications corporelles sont interdites, car c'est considéré comme un rejet de sa « nature » originelle, ce qui n'est pas faux, en partie tout au moins, puisque c'est également une mise en valeur du corps dans certain cas (ce que pense l'Islam chiite notamment).

On a donc un héros ouvriers et musulman, avec une tendance au lumpen par la délinquance, mais aussi tatoué dans un esprit moderniste. Voilà quelque chose de très parlant et de véritablement moderne.

Cela fait plaisir de voir cela, cela nous conforte dans la perspective de Rimbaud qui disait : « Il faut être absolument moderne », et cela montre l'inévitable triomphe de la symbiose, du métissage, de la synthèse.

Le mélange des cultures est inévitable et n'est pas une décadence de chaque culture, mais une transformation inéluctable de chacun des cultures vivantes pour produire, donner la vie.

 

Imaginer qu'une culture puisse exister à l'écart et en cercle fermé, c'est nier le processus dialectique de la vie, le fait qu'une culture produit à partir de la matière, de la réalité, qu'elle est le reflet du mouvement.

Toute culture est mouvement, tout mouvement est vie. Simon Baz est un exemple, certainement une anecdote, car la bande dessinée ne sera pas nécessairement de qualité, et à terme elle ne peut pas tenir la route.

Mais elle est le reflet d'une tendance générale, la tendance au communisme, tendance irrépressible de la matière éternelle !

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