Étudier la réalité nationale : un principe marxiste, à l'encontre du cosmopolitisme (l'exemple canadien des bébés phoques)
Submitted by Anonyme (non vérifié)Étudier la réalité nationale est un principe de base du marxisme. Quand on regarde une organisation se revendiquant du marxisme, la première chose que l'on doit faire est la suivante : regarder si l'histoire du pays est étudié, si sa culture est étudiée.
Cela n'est pas un critère suffisant, mais cela est déjà énorme ; sans étude concrète d'une réalité concrète, il n'y a rien de possible. Les textes de Lénine et Mao Zedong sont d'ailleurs pétris de références culturelles littéraires nationales, en plus des textes analysant leur propre pays. Tout Parti Communiste qui a été conséquent a profité d'une analyse approfondie de son propre pays, afin d'en comprendre le développement économique, social et culturel.
Certains penseurs ont d'ailleurs fort justement marqué l'histoire de leur pays par leur analyse profonde de l'histoire nationale: Mariategui et Gonzalo au Pérou, Ibrahim Kayppakaya en Turquie, Siraj Sikder au Bangladesh, Antonio Gramsci en Italie, Alfred Klahr en Autriche, etc.
L'une des caractéristiques des organisations faussement marxistes est ainsi le cosmopolitisme. Traduisez leurs documents dans une autre langue, diffusez les dans un autre pays, il n'y aura aucune contradiction. Cela sera tout aussi abstrait, mais cela ne sera pas choquant.
Prenez le prétendu Parti Communiste Révolutionnaire du Canada : leurs documents sont aussi canadiens que Voie Lactée. Il n'y aucune étude de l'histoire du pays, aucune prise en considération des particularités nationales. Un phénomène aussi connu que le massacre des phoques n'est même pas abordé; la seule chose comptant est une sorte d'actualité sociale déconnectée de l'histoire profonde du pays.
Bref, on l'aura deviné, les organisations faussement marxistes et vraiment cosmopolites sont des trotskystes : ils s'imaginent une antenne locale d'une sorte de révolution mondiale.
Les « internationales » trotskystes ont toujours vues leurs positions consister en des traductions locales réalisées par des antennes locales ; chez les organisations faussement marxistes, on a le même principe, sans même « l'internationale » cependant.
C'est-à-dire qu'en plus de ne pas considérer leur propre réalité (autrement que de manière totalement économiste), ces antennes locales qui n'en sont pas (car sans « internationale ») n'ont aucune identité propre.
Pour en rester à l'exemple canadien, c'est dans le même esprit que le prétendu Parti Communiste Révolutionnaire du Canada avait envoyé un de ses cadres en France au milieu des années 2000, afin de "construire le Parti." Quelle confondante naïveté, quel infantilisme! Ou plutôt, quel cosmopolitisme typiquement trotskyste (et ce n'est pas pour rien que ces gens rejettent Staline).
Normalement, un parti communiste ancré dans une réalité nationale est justement façonné par sa propre réalité. Les enseignements de Staline dans "Le marxisme et la question nationale" sont explicites et lourds de conséquences.
Il y a donc dans chaque Parti un style particulier, secondaire sur le plan de l'internationalisme prolétarien, mais comptant tout de même.
Cela peut tenir à des détails, mais à des détails qui comptent. Par exemple, la tradition péruvienne MLM veut qu'on salue vigoureusement la révolution, le Parti, les masses, etc. au début d'une réunion, afin de montrer son engagement, sa participation volontaire, son affirmation révolutionnaire.
Des détails de ce genre, il y en a une foule pour chaque organisation réellement connectée à sa réalité nationale.
Dans un pays comme la France par exemple, marqué par une domination bourgeoise – catholique du formalisme, l'affirmation écologiste est une composante essentielle de l'identité communiste.
Mais de tels détails, de tels exemples, on en trouve pas chez les cosmopolites. Si l'on reprend le Parti Communiste Révolutionnaire du Canada par exemple, bien maligne sera la personne voyant une différence de fond avec son ancêtre « Action Socialiste. » La tradition économiste – cosmopolite est tout simplement incapable de construire une identité propre.
Ce qui est logique : c'est la classe ouvrière qui façonne son Parti Communiste, directement comme indirectement.
Si au Canada il y avait des maoïstes sincères, ayant une réelle formation marxiste, leur priorité serait donc d'étudier en long et en large la société canadienne, son histoire, sa culture.
Est-il possible de se dire communiste au Canada, et de ne s'être jamais prononcé contre la chasse aux phoques ?
300 000, 400 000 phoques frappés jusqu'à ce que leur crâne soit brisé ? Avec la moitié des phoques qui ont moins de 3 mois ? Avec plus d'un tiers qui sont dépecés alors qu'ils sont encore vivants?
Non, ce n'est pas possible. Toute personne progressiste au Canada le sait bien.
Cependant, il faut croire que la dignité du réel canadien des bébés phoques n'intéresse pas le Parti Communiste Révolutionnaire du Canada, ce qui est logique étant donné sa logique abstraite, cosmopolite, totalement déconnecté du réel.
Comment être étonné après que ces gens critiquent le PCMLM en disant qu'il est virtuel, parce que les gens du PCMLM ne vont pas dans les cortèges syndicaux pour distribuer des tracts ?
Cortège syndical, tracts et vente de journaux : voilà la seule réalité nationale connue des cosmopolites, totalement déconnectés de leur propre société.
Critiquer le PCMLM en France parce que les activistes du PCMLM ne distribuent pas des tracts dans les cortèges syndicaux semble pertinent à ces gens, mais reconnaître la souffrance des phoques n'a à leurs yeux strictement aucun sens.
C'est une preuve d'idéalisme, caractéristique cosmopolite. Le rêve petit-bourgeois de "socialisme" reste systématiquement abstrait, sans aspect tangible, sans aspect social concret, sans base culturelle populaire réelle... sans dignité du réel, sans révolte.
Le massacre des phoques n'est-il pas révoltant? N'est-il pas une composante de l'idéologie dominante au Canada?
Il est évident que si. Mais pour les cosmopolites, le Canada n'est qu'un pays impérialiste "comme les autres" à part des différences quantitatives. Il n'y a pas d'analyse du Canada en tant qu'il s'agit du Canada. Il est formidable de voir ici que s'il y avait des communistes avec un esprit de conséquence au Canda, leur apport pourrait être fantastique, de par l'existence des nations opprimées amérindiennes.
Il y aurait une culture très riche à faire passer; il y aurait une certaine rencontre du communisme primitif et du communisme, tout comme en Inde dans les zones tribales par ailleurs.
Mais cela demande une économie politique de haut niveau, et un esprit non cosmopolite. Cela appartient à l'avenir et pas au soit disant Parti Communiste Révolutionnaire du Canada dont l'analyse révolutionnaire n'atteint pas les phoques - un comble pour des communistes d'un pays donné dont l'idéologie doit être la synthèse la plus complète des contradictions de la réalité sociale nationale.
Voilà justement pourquoi, étant donné qu'étudier la réalité nationale est un principe marxiste, quand on s'intéresse à une organisation, il faut regarder s'il y a une compréhension du pays, et si cette compréhension est juste. Il y a là un moyen de comprendre si le matérialisme historique est correctement compris - et compris à la lumière du matérialisme dialectique.