19 sep 2011

Dominique Strauss-Kahn chez Claire Chazal

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Dominique Strauss-Kahn s'est exprimé hier soir au journal de 20 heures de TF1, au cours d'une interview minutieusement préparée avec Claire Chazal. Il ne pouvait en être autrement, Claire Chazal étant une proche d'Anne Sinclair.

Cette connivence entre Anne Sinclair et Claire Chazal a été soulignée par de nombreux médias bourgeois comme si la démocratie bourgeoise n'existait pas, comme s'il avait pu en aller autrement, comme si Dominique Strauss-Kahn aurait pu véritablement répondre de ses actes. Ce n'est évidemment pas cette approche populiste manipulatrice qui intéresse Voie lactée. Si nous parlons de deux personnes proches, c'est pour souligner la logique de classes indissociable du capitalisme.

Les affaires de corruption, comme l' « affaire Woerth » ou les caisses noires de la Françafrique, ne correspondent pas à des accrocs historiques mais illustrent au contraire le fonctionnement au jour le jour du capitalisme et de l'impérialisme. La classe dominante du capitalisme, la bourgeoisie, est traversée par des contradictions, notamment entre la bourgeoisie financière et la bourgeoisie industrielle. Il n'en demeure pas moins que la bourgeoisie rassemble aussi bien les responsables de l'Etat bourgeois que les grands patrons ou bien les journalistes. Ils se connaissent, ont suivi les mêmes cursus, fréquentent les mêmes lieux, activent les mêmes « réseaux », etc.

Tout cela n'est pas « regrettable » mais constitue la définition même d'une classe dominante. Et dans le capitalisme, la bourgeoisie reste toujours en terrain connu, parvient toujours à se sortir d'un mauvais pas, même si des individus peuvent éventuellement chuter à la suite de contradictions internes à la classe dominante que nous évoquions plus haut. En tout cas, dans le capitalisme, la bourgeoisie ne risque pas d'être confronté à la justice du peuple. Sans justice du peuple, il reste la connivence entre bourgeois qui sert à éluder la vérité. C'est ainsi qu'au cours de l'interview, Strauss-Kahn n'a jamais dit ce qu'il s'était passé dans la suite 2806 du Sofitel de New-York le 14 mai 2011.

Strauss-Kahn parle par litote, il répète « ce qu'il s'est passé » sans jamais dire ce que recouvre le « ce » en bénéficiant de la complicité bourgeoise avec la journaliste qui n'ira jamais le chercher sur ce point. Pourtant, « ce qu'il s'est passé » est bien le fond de l'affaire mais le fait de l'éluder permet de faciliter l'acte de contrition et de choisir des mots standardisés : « une relation non seulement inappropriée mais plus que cela, une faute » (il parle plus tard de « faute morale »). On retrouve bien ici l'hypocrisie bourgeoise qui parle de « longue maladie » pour le SIDA et qui masque une relation sexuelle sous une périphrase (« ce qui s'est passé ») ouvrant la voie à toutes les contorsions avec la vérité.

A quel genre de relation sexuelle correspond le « ce qui s'est passé » de Strauss-Kahn ? Sur la seule foi de ce discours hypocrite, il faut donc comprendre que la femme de chambre Nafissatou Diallo est montée dans la suite 2806 puis a consenti immédiatement à avoir une relation sexuelle « vite-fait » avec quelqu'un qu'elle ne connaît pas, avec en tête l'idée de lui soutirer de l'argent en inventant un viol.

Il est donc très clair que les « zones d'ombre » que Strauss-Kahn évoque au cours de l'interview pour fair eune enquête vrai que le capitalisme corrompt tout, y compris les relations humaines et que la lutte pour la survie pour les masses populaires prend parfois des tournures décadentes et pathétiques, comme le serait l'exploitation financière d'une relation sexuelle avec un personnage connu.

Mais ces faits pathétiques découlent de l'exploitation capitaliste, dont Strauss-Kahn est un élément et qui constitue ici l'aspect principal. Car si l'interview a été menée dans une ambiance feutrée réservée à la classe dominante « qui ne risque rien », elle n'en a pas moins montré clairement la mentalité profondément décadente de Strauss-Kahn qui ressort en filigrane, malgré les précautions de langage et les airs contrits.

Ainsi, il faut comprendre, derrière le langage ampoulé, que Strauss-Kahn a baisé vite-fait (il s'agit sans doute d'une fellation) avec une femme de chambre, juste avant d'aller déjeuner avec sa fille. Voilà la vie d'un pornocrate dépourvu de toute morale : une séance de baise vite-fait avec une inconnue avant de retrouver... sa fille !

Mais cela ne choque pas Strauss-Kahn, il n'y a là pas de faute morale selon sa mentalité pervertie. Il évoque cet emploi du temps, son déjeuner avec sa fille, simplement pour prouver qu'il ne s'est enfui de l'hôtel précipitamment.

D'ailleurs, Strauss-Kahn ne manque pas de culot. Il explique ainsi qu'il n'avait pas d'autres choix que de se payer une villa luxueuse à 50 000 dollars par mois. En effet, il était impossible d'habiter dans les deux premiers appartements « modestes » (un « deux pièces » puis un 20 mètres carré) envisagés par le couple DSK-Sinclair en raison des plaintes de locataires ou de l'afflux permanent de journalistes.

Finalement, il faut comprendre que la villa de luxe était un pis-aller, que Strauss-Kahn dit ne pas aimer en soulignant qu'elle lui a « coûté cher »... Il se paie même le luxe de faire une critique romantique du « rôle de l'argent dans la justice américaine » qu'il trouve choquante, « pour nous Français ». Strauss-Kahn utilise la même cette expression, « pour nous Français », quand il mentionnera la procédure en civil aux Etats-Unis, impossible après un non-lieu au pénal en France. Cette façon de s'exprimer, qui raccroche le wagon du nationalisme, suinte le populisme et l'anti-capitalisme romantique par la critique d'un système anglo-saxon très éloigné d'une morale française sur l'argent inventée de toutes pièces.

Plus encore, Strauss-Kahn joue sur la corde sensible au moment où il évoque à mots couverts son comportement de débauché avec les femmes. « Depuis quatre mois, j'ai vu la douleur que j'ai créée autour de moi et j'ai réfléchi, j'ai beaucoup réfléchi. Cette légèreté, je l'ai perdue, pour toujours », dit-il. Là encore, les mots sont importants car ils révèlent que la décadence bourgeoise, la débauche et les partouzes ne sont finalement qu'une « légèreté ». Il faut comprendre qu'un comportement pervers n'est rien d'autre qu'une forme d'insouciance que l'on annonce avoir perdu avec une pointe d'émotion.

Pourtant, l'affaire Strauss-Kahn n'est justement pas seulement rattachée à un parcours individuel mais la représentation d'une vision du monde partagée par la bourgeoisie. La classe dominante bourgeoise, surtout dans un pays marqué par l'hypocrisie de type catholique libéral, valide les comportements décadents car chacun est bien libre d'agir comme bon lui semble. Les partouzes, les comportements de prédation sexuelle, la brutalité patriarcale ou la perversité sont inextricablement liés à la bourgeoisie qui se complaît dans le nihilisme et se trouve incapable d'éprouver de véritables sensations autrement qu'en se vautrant dans une décadence assumée et même présentée comme une preuve d' « esprit libre ».

Quand il n'existe aucune perspective de civilisation, la décadence prend le dessus et c'est bien cette tendance qu'incarne Strauss-Kahn et qui imprègne toute la classe dominante au-delà de ce seul cas individuel. C'est cette tendance menant droit à la barbarie que la révolution socialiste brisera nette. La nouvelle civilisation ne pourra s'élever que si l'ancien monde putride du capitalisme et la bourgeoisie à sa tête, sont totalement écrasés. Le prolétariat, doté de pouvoirs spéciaux de répression, appliquera la justice du peuple, une justice impitoyable pour la bourgeoisie décadente. La vie finira immanquablement par l'emporter sur le nihilisme bourgeois !

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