Le triomphe de Merkel, Marine Le Pen contre la fraction pro-Qatar et Fillon chez Poutine contre les USA
Submitted by Anonyme (non vérifié)Aucune personne observatrice n'aura raté les trois événements politiques importants de ces derniers jours :
- le triomphe de Angela Merkel en Allemagne ;
- les propos de Marine Le Pen sur le Qatar ;
- et bien sûr les propos de François Fillon en Russie, attaquant ouvertement l'alliance de la France avec les USA.
Ces trois événements participent de la même tendance. Le triomphe de Angela Merkel dimanche dernier indique la tendance : il faut une personnalité « forte » pour tenir le développement de la fraction impérialiste. Il faut de l'ordre, de la cohérence stratégique.
Le quotidien allemand Die Zeit a résumé cette réalité en titrant :
« Plus de 40 %. Ce n'est plus un victoire électorale. C'est une démonstration de pouvoir. Le pouvoir a un nom : Angela Merkel. »
En France, Marine Le Pen aimerait être comme Angela Merkel, cependant l'impérialisme français est à la traîne, il n'a pas la dynamique allemande et pour cela, la fraction la plus agressive de la bourgeoisie aimerait bien mettre définitivement hors-jeu la bourgeoisie traditionnelle.
D'où l'attaque frontale de Marine Le Pen contre l'alliance avec la semi-colonie expansionniste qu'est le Qatar, étalée sur plusieurs jours depuis l'université d'été du Front National jusqu'à maintenant :
« La France, maîtresse des USA, devenue catin d'émirs bedonnants. »
« Les gouvernants français ont fait de notre pays effectivement la catin d'émirs bedonnants, la catin du Qatar, de l'Arabie saoudite. »« J'accuse de manière extrêmement claire le gouvernement d'aujourd'hui de François Hollande, et celui d'hier de Nicolas Sarkozy d'être en Libye et en Syrie intervenus directement au soutien du fondamentalisme islamique terroriste. »
« Le fondamentalisme islamique, et notamment d'Al-Qaida, est aidé de manière absolument directe par un certain nombre de capitales européennes, dont hélas la France, comme cela a été le cas hier en Libye, et comme c'est le cas directement par la fourniture d'une aide, de conseils et même d'armes en Syrie. »
C'est la stratégie actuelle de l'impérialisme français – consistant en l'alliance avec l'impérialisme US - qui est remise en cause.
Et de manière très parlante, François Fillon a tenu des propos similaires au sujet de la Syrie, de manière plus posée bien entendu. Et il l'a fait juste après avoir entretenu plus que l'ambiguité quant à la possibilité de voter Front National s'il y a un duel FN – Parti Socialiste...
Car si aujourd'hui, le néo-gaullisme est porté par Marine Le Pen. Mais l'ancien gaullisme n'est pas en reste ; il tend vers le néo-gaullisme ; c'est une inévitable tendance de fond, et c'est le sens des propos de François Fillon tenus en Russie il y a quelques jours.
Dire « Mon cher Vladimir » en parlant de Vladimir Poutine présent à quelques mètres, c'est clairement montrer une connivence, surtout quand c'est lors d'un forum d'intellectuels organisé chaque année par l'administration présidentielle russe.
Dire, en parlant de la crise syrienne :
« Je souhaite à cet égard que la France retrouve cette indépendance et cette liberté de jugement et d'action qui, seules, lui confèrent une autorité dans cette crise. »
cela revient à dire que la France impérialiste doit cesser de suivre l'impérialisme américain.
Quand on mélange les deux, on a le soutien à la ligne impérialiste disant qu'il faut un axe Paris – Berlin – Moscou, avec Pékin derrière.
Cela n'a rien d'étonnant et Jean-François Copé, autre principale figure de la droite, au début du mois, reprochait pareillement à la France d'être « à la remorque des États-Unis ».
Inversement, le même jour où François Fillon a parlé en présence de Vladimir Poutine, François Hollande était au Mali et expliquait la chose suivante :
« Je constate que les Russes livrent des armes régulièrement, mais nous, nous le ferons dans un cadre élargi avec un ensemble de pays et dans un cadre qui peut être contrôlé, car nous ne pouvons accepter que les armes puissent aller vers des jidadistes que nous avons combattus ici. »
La Russie arme en effet la Syrie, tout comme le fait l'Iran. A l'inverse, la pseudo révolution syrienne est déjà armée par l'Arabie Saoudite et le Qatar.
On a là une véritable partie d'échecs entre des impérialismes, mais aussi entre deux stratégies portées en France par deux fractions de la bourgeoisie.
En soutenant Vladimir Poutine, François Fillon fait comme l'extrême-droite, d'Alain Soral à Brigitte Bardot, en passant bien entendu par Marine Le Pen. Il annonce la voie agressive de l'impérialisme français. C'est cela qu'il faut voir.
Lorsqu'au moment du référendum sur la constitution européenne, le PCMLM a prévenu que le « non » était porté par une toute une partie de la bourgeoisie, cela était incompréhensible pour l'extrême-gauche, mais aussi pour la plupart des gens, qui s'imaginait simplement que le oui était portée par les « dominants » en général.
La raison est l'habitude à penser en termes de « bloc », de manière idéaliste, sans voir les contradictions. Or, il y a une partie de la bourgeoisie qui grandit, qui devient plus forte, qui entend diriger le pays.
C'est la bourgeoisie impérialiste, qui veut faire régner les monopoles. Son idéologie est, historiquement, le gaullisme. C'est en effet Charles De Gaulle qui a porté le refus de la collaboration avec l'Allemagne qui était voulue par la bourgeoisie industrielle. C'est Chrales De Gaulle le stratège de la France forte en mode cavalier seul.
Si l'on rate cela, alors on rate la compréhension de l'évolution future. C'est pour cela, déjà, que seul le PCMLM avait annoncé la progression du Front National, que tous voyaient comme mort et enterré.
C'est pour cela qu'il n'est pas possible de comprendre la situation en Syrie – et la lutte nécessaire contre l'impérialisme français – sans saisir l'ensemble des rapports de force. Ce n'est pas pour rien que depuis des mois l'extrême-droite s'oppose fermement à toute intervention en Syrie et appuie ouvertement le régime de Bachar El-Assad, qui le leur rend bien financièrement par ailleurs.
Il ne suffit pas de se positionner, dans aucun sujet, simplement « pour », « contre », etc. Il faut que cela rentre dans une démarche globale, dans une tendance progressiste, sinon tout est anéanti.
Il ne faut pas tomber de Charybde en Scylla... Et pour cela il faut une maîtrise avancée du matérialisme historique.