3 aoû 2016

Tribune des "intellectuels musulmans" dans le JDD : une attaque contre l'"esprit Charlie"

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Liens vers la liste d'articles : L'esprit Charlie hebdoL'« esprit Charlie » a été une lame de fond qui, au-delà de ses limites, a bousculé violemment l'extrême-droite et les religions. Celles-ci avaient gardé le silence pour tenter de se maintenir à travers une vague d'indignation ciblant directement l'intolérance et le fanatisme.

Car toute religion se fonde, obligatoirement, sur la croyance particulariste, le rejet formel des autres théologies. Il en va du paradis et de l'enfer, pas moins. L'« esprit Charlie » était donc un ennemi pour les religions, dans une tradition propre à la France.

Bien évidemment, les réactionnaires tentent donc de saper l'« esprit Charlie » depuis des mois par tous les moyens possible. Car si les ultra-gauchistes mènent campagne contre l'« esprit Charlie » depuis le départ en le considérant comme réactionnaire, les réactionnaires eux ont bien compris qu'il était une force de résistance à leur offensive. Ces attaques peuvent être frontales ou insidieuses comme le recouvrement de fresques d'hommage par les ultra-gauchistes ou la liquidiation du mémorial de la place de la République à Paris qui vient d'être lancé par la Mairie de Paris.

Il n'est donc pas étonnant de voir que les religieux sont aussi toujours à l'affût, cherchant le bon moment pour contre-attaquer. L'exemple ayant provoqué une terrible et douloureuse polémique ces derniers jours n'en ressort que d'autant davantage.

Lien vers la liste d'articles : Le fondamentalisme islamique

Des intellectuels ont en effet lancé appel pour un « Islam de France » dans le Journal Du Dimanche, reproduit plus bas ici pour archive, c'est-à-dire pour une structure idéologique servant des couches sociales capitalistes, d'origine immigrée. C'est un projet anti-démocratique, qui vise à mobiliser des secteurs de masse de manière irrationnelle et séparée.

On en a là la preuve avec l'oubli que les intellectuels en question ont choisi sciemment de faire. Comme on le sait , l'antisémitisme est une composante essentielle de l'anticapitalisme romantique. Cela est vrai bien sûr pour le fondamentalisme islamique.

Pour cette raison, l'appel de ces intellectuels fait le choix de dresser la liste des actions armées islamistes, en faisant exprès de ne pas mentionner ne les assassinats commis par Mohammed Merah, ni l'attaque de l'HyperCacher.

On est là dans un des aspects typique de l'antisémitisme en France. Celui-ci ne pouvant être trop franc du fait de son rejet important dans les masses de France, l'existence des personnes juives est tout simplement niée. Cela se retrouver dans les pages Wikipédia en français, où la judéité de personnalités publiques ou de personnage de films ou de série américaine, pourtant officiellement « juives », est de manière quasiment systématique « gommée » dans la version française. On retrouve le même esprit dans les propos de la Ministre Najat Vallaud Belkacem qui a déclaré lors d'un séminaire gouvernemental sur la sécurité que « L’attentat de Nice est le premier attentat en France au cours duquel des enfants ont été tués », « oubliant » là aussi les enfants liquidés par Mohamed Merah à Toulouse.

Lien vers le dossier : PCF(mlm)/Pour une démocratie populaireAucun hasard à cet « oubli » dans l'appel des « intellectuels musulmans », puisque cet appel à été signé par une longue liste de bourgeois, principalement des notables ayant d'importants postes de responsabilité, comme le montre la liste. C'est un choix stratégique, qui montre tout à fait à quel point il s'agit d'une opération communautariste. L'objectif de ces bourgeois est d'avoir un levier dans les masses et ils savent tout à fait qu'ils ont besoin de l'antisémitisme pour toucher les masses visées.

C'est une tactique, voire une stratégie tout à fait classique. On sait bien que les gens du P"C"F, du NPA, les faux maoïstes, etc, utilisent de manière populiste la question palestinienne, appuyant l'irrationalisme dans un jeu dont l'arrière-plan est clairement l'antisémitisme.

C'est un calcul sordide. En ce qui concerne cet appel pour un « Islam de France », il n'y a ainsi qu'une manœuvre politique visant à dire à l'État : reconnaissez-nous, financez-nous et nous ferons une religion à votre service, tout en tirant les marrons du feu...


Le texte de l'appel ainsi que la liste des signataires pour archive :

"Après l'assassinat de caricaturistes, après l'assassinat de jeunes écoutant de la musique, après l'assassinat d'un couple de policiers, après l'assassinat d'enfants, de femmes et d'hommes assistant à la célébration de la fête nationale, aujourd'hui l'assassinat d'un prêtre célébrant la messe… L'horreur, toujours plus d'horreur et la volonté très claire maintenant de dresser les ­Français les uns contre les autres. Pour ­détruire la concorde nationale qui tient encore.

Nous musulmans étions silencieux parce que nous avions appris qu'en France la religion est une affaire privée.

Nous devons parler maintenant parce que l'islam est devenue une affaire publique et que la situation actuelle est intolérable.

"L'organisation actuelle de l'islam de France qui n'a aucune prise sur les événements"
En tant que musulmans, de foi ou de culture, nous sommes concernés par l'impuissance de l'organisation actuelle de l'islam de France qui n'a aucune prise sur les événements.

Malgré les efforts de personnalités engagées, l'islam de France est – mal – géré par des représentants des pays dont sont issus beaucoup de musulmans français. Cette organisation avait probablement un sens quand les musulmans étaient des immigrés. Or, aujourd'hui, les musulmans de France sont à 75% français. Ils sont majoritairement jeunes, voire très jeunes. Nombre d'entre eux sont la proie d'idéologues de l'islam djihadiste mais aussi de l'islamisme politique. Les représentants traditionnels ne les comprennent plus car ils ne les connaissent pas tout simplement.

"Mener enfin la bataille culturelle contre l'islamisme radical"
Alors, il faut changer de générations, avec un projet d'organisation clair : donner des sources de financement pérennes et transparentes aux mosquées, former et salarier des imams, faire le travail historique, anthropologique et théologique qui permet et permettra encore plus demain d'être français et musulman dans une République laïque. Et mener enfin la bataille culturelle contre l'islamisme radical, auprès des jeunes et des moins jeunes, avec les moyens de production les plus modernes et les techniques de diffusion des idées et des informations les plus efficaces.

Il faut agir donc en tant que musulmans.

"Il faut agir et prendre nos responsabilités"
Mais aussi en tant que Français. Nous devons répondre à l'interpellation de la société française qui nous dit : "Mais, où êtes-vous? Que faites-vous?"
Certes, cette interpellation est paradoxale : on nous a appris à faire de la religion une affaire privée. Pourquoi dès lors prendre la parole en tant que musulmans? Parce que le risque de fracture entre les Français est chaque jour plus important.

Alors, avant qu'il ne soit trop tard, avant que la violence ne dresse les Français les uns contre les autres – ce qui est l'objectif de Daech –, il faut agir et prendre nos responsabilités. Et dépasser l'injonction paradoxale : "Faites disparaître vos différences ; condamnez parce que vous êtes différents."

À force de travail et d'abnégation personnelle mais aussi parce que la République a fait son travail, nous avons, comme nos autres concitoyens, pris notre place dans la société française. Et aujourd'hui, cette génération est prête à assumer ses responsabilités et notamment l'organisation de l'islam de France.

"Parce que la France en a besoin"
Une Fondation pour l'islam de France avait été créée il y a plus de dix ans. Elle n'a jamais fonctionné. Il est temps de la réactiver maintenant, de lui donner la capacité de collecter des ressources. Les Français de confession musulmane sont prêts à la relancer, à l'animer, à contribuer à son financement. Cette Fondation, au niveau national comme au niveau régional, peut être l'institution qui permettra l'organisation de l'islam de France. Au-delà, c'est à un travail quotidien d'explication, de mise en perspective, d'action sociale et culturelle que nous sommes prêts à nous atteler.

En tant que Français, en tant que musulmans. Parce que la France en a besoin."

Les signataires

Kaci Ait Yala, chef d'entreprise ; Najoua El Atfani, cadre entreprise BTP, administratice club XXIe siècle ; Rahmene Azzouzi, chef du service urologie, CHU d'Angers ; Linda Belaidi, dirigeante EASI (European Agency for Strategic Intelligence) ; Tayeb Belmihoub, auteur, comédien ; Sadek Beloucif, chef du service anesthésie réanimation, hôpital Avicenne, ex-membre du Comité national d'éthique ; Amine Benyamina, professeur de psychiatrie et d'addictologie ; Nadia Bey, journaliste ; Abdennour Bidar, philosophe, inspecteur général de l'éducation nationale ; Antar Boudiaf ; Hamou Bouakkaz, conseiller d'arrondissement, ancien adjoint au maire de Paris ; Marc Chebsun, auteur, éditorialiste ; Abdelnor Chehlaoui, banquier d'affaires ; Fatiha Gas, directrice d'un établissement d'enseignement supérieur ; Mohamed Ghannem, chef du service cardiologie, Fondation Léopold-Bellan ; M'jid El Guerrab, ancien conseiller du président du Sénat ; Kamel Haddar, entrepreneur (éducation et média) ; Abderrahim Hafidi, universitaire, islamologue ; Sofiène Haj Taieb, DG Finances, fonds d'investissement ; Khalid Hamdani, chef d'entreprise, membre du Cese ; Majid Si Hocine, médecin ; Mehdi Houas, président Talan (conseil informatique), ancien ministre ; Elyès Jouini, professeur d'université, vice-président d'université, ancien ministre ; Hakim El Karoui, ancien conseiller du Premier ministre, chef d'entreprise ; Bariza Khiari, sénatrice de Paris ; Saadallah Khiari, cinéaste, auteur ; Shiraz Latiri, cadre, société d'assurance ; Kamel Maouche, avocat au barreau de Paris ; Kaouthar Mehrez, ingénieur ; Malika Menner, directeur des Relations externes d'un grand groupe télécom ; Louisa Mezreb, PDG Facem management ; Naima M'Faddel, adjointe au maire de Dreux, chargée de l'action sociale ; Pap'Amadou Ngom, PDG Des systèmes et des hommes ; Bouchra Rejani, directrice générale d'une société de production audiovisuelle ; Mahamadou Lamine Sagna, sociologue, chercheur à Paris-VII ; Nadir Saïfi, juriste ; Yasmine Seghirate, responsable de la communication pour une organisation internationale ; Mohsen Souissi, ingénieur ; François-Aïssa Touazi, fondateur CAPmena, ancien conseiller du ministère des Affaires étrangères ; Farid Yaker, président forum France Algérie ; Faiez Zannad, professeur de thérapeutique-­cardiologie, CHU Nancy, université de Lorraine