10 mai 2013

Tactique et stratégie de l’avant-garde : cinq critères

Submitted by Anonyme (non vérifié)

L’avant-garde révolutionnaire mène dans la société bourgeoise une véritable guerre de positions: il s’agit de faire avancer la révolution, et de faire reculer la contre-révolution, jusqu’à sa défaite.

Mais cela n’est que la ligne générale de l’avant-garde; il faut voir concrètement comment cela se réalise.

En effet, cette guerre de positions ne procède évidemment pas en des batailles linéaires. Le progrès de la révolution ne se fait pas en ligne droite.

Non seulement il y a des défaites temporaires ou des retraites tactiques (si ces défaites sont prévues à l’avance, ce qui doit être le cas), mais il y a de plus des sauts qualitatifs se réalisant de manière largement imprévisible, car étant l’expression des mouvements de fond de la société capitaliste en crise.

Ce sont ces sauts, expression des crises, qui déterminent la stratégie, car les crises et les sauts sont en définitif l’expression des rapports de force généraux entre les classes sociales.

C’est cela qui fait que le Parti est essentiel aux communistes, et qu’il ne peut pas y avoir de communistes sans Parti: seule la science permet d’élaborer une tactique et une stratégie, et seul le Parti lève le drapeau de la science.

On ne peut pas être communiste et hors d’un Parti, car alors il n’y a pas de drapeau, pas de science, pas de tactique, pas de stratégie. Il ne s’agit même pas d’une simple question d’organisation, mais bien d’une question de perspective.

Le PCMLM est né comme avant-garde faisant une proposition stratégique à la classe, que l’on peut résumer de cette manière: « le marxisme – léninisme – maoïsme est la méthode scientifique pour comprendre le monde. »

Le noyau du Parti, c’est sa compréhension dialectique: tout le reste est secondaire par rapport à cela; tactique et stratégie s’élaborent, de manière correcte ou bien nécessitant rectification, mais la démarche théorique de fond est, elle, fondamentalement correcte.

En définitive, toute question politique est une question de démarche scientifique: quelle démarche est la bonne? Quelles sont les mauvaises démarches?

Le critère de vérité est alors la pratique. L’aspect principal de la révolution est la pratique, le dépassement de la société capitaliste; c’est à cela qu’on peut évaluer la valeur de toute analyse se voulant scientifique.

En ce qui concerne le PCMLM, il est évident que nous avançons: dans la pratique, il y a davantage de réalité qu’auparavant. Cette réalité est humaine, théorique, pratique, scientifique, culturel. Il y a une production toujours plus grande et meilleure: c’est donc qu’il y a la vie.

Inversement, des individus qui seraient isolés, sans organisation, ne produisant que de manière répétitive, sans perspective à long terme, et ne connaissant que la critique négative en s’appuyant sur le passé, doivent être jugés de manière négative en raison de leur absence de production: si rien de nouveau ne naît, si rien de nouveau est apporté, alors ce sont les caractéristiques de la mort, et une telle démarche doit être réfutée.

Mais quels sont les critères pour juger la production? On peut définir ces critères de manière suivante.

1.La sédimentation. L’objectif de la production est la sédimentation des forces éparpillées. Ces forces sont politiques et culturelles, elles consistent en les forces vives de la classe prolétaire.

La production vise à sédimenter les forces pour qu’elles puissent se mobiliser, et ce non pas seulement à court terme (c’est la perspective immédiatiste, syndicaliste) mais de manière visionnaire, pour une victoire complète sur le long terme.

Pour reprendre une expression utilisée par le communiste italien Gramsci, la sédimentation vise le passage de la classe en soi à la classe pour soi.

2.La capacité de rectification. La production doit pouvoir être améliorée au fur et à mesure, par la reconnaissance de la dignité du réel: sans cela c’est le dogmatisme ou le gauchisme.

Affirmer la perspective révolutionnaire est juste, mais dans chaque pays il existe des conditions concrètes différentes: il s’agit d’affirmer les choses de manière correcte par rapport à la situation dialectique existant entre les classes sociales.

Affirmer, c’est donc également avoir la capacité de rectifier la forme de l’expression révolutionnaire, afin que le fond profite de la dynamique de la classe prolétaire en quête de libération.

Cela est d’autant plus vrai en 2010 que la société capitaliste est culturellement bien plus riche qu’elle ne l’était en 1968 ou bien en 1920. Sans compréhension de la complexité de la vie quotidienne des masses populaires dans la société capitaliste, aucune victoire n’est possible.

3.Le déploiement de la dimension révolutionnaire. La base du problème de l’avant-garde est que la révolution a une dimension titanesque, et que les masses populaires reculent devant la dimension d’un tel combat, étant impressionnées par la force apparente du mode de production capitaliste, et par sous-estimation de ses propres forces.

Toute production doit ainsi souligner la profondeur de la question révolutionnaire, sa formidable dimension bouleversant l’être humain « dans ce qu’il a de plus profond » (pour reprendre l’expression de la révolution culturelle chinoise).

Et, de fait, toute restriction dans le déploiement de la dimension amène inévitablement la résurgence de l’idéologie social-démocrate, de l’idéologie réformiste.

4.Le calibrage. Avec l’expérience historique accumulée, l’affirmation de la proposition révolutionnaire est mieux calibrée, tant sur le plan qualitatif que sur le plan quantitatif.

Au départ, l’affirmation de la révolution s’exprime de manière souvent « brute », de manière gauchiste, de manière plus ou moins décalée, troublée ou perturbée.

Mais avec l’avancée dans le processus révolutionnaire et dans la compréhension scientifique, la maturité (qui n’est pas une question d’âge mais de capacité de synthétiser la situation) permet un meilleur calibrage.

5.La cohésion. A l’époque de la crise générale du capitalisme, les oeuvres baroques pullulent: les formes les plus improbables se combinent, les affirmations partent dans tous les sens, les positions se contredisent les unes les autres, sur le plan théorique les incohérences sont patentes, etc.

Ce qui fait qu’à l’inverse, l’affirmation révolutionnaire doit profiter d’une grande cohésion. Sur le long terme, les différentes positions forment un grand tout parfaitement équilibré.

La réaction peut se permettre une absence de cohérence, de cohésion, car il s’agit simplement de freiner le progrès du nouveau. Mais si l’on veut que le nouveau avance, il faut alors de la fermeté, pour que les fondements soient solides, et qu’il y ait cohésion.

Sédimentation, capacité de rectification, déploiement de la dimension révolutionnaire, calibrage, cohésion: voilà cinq critères permettant d’évaluer un travail politique, dans une perspective tactique et stratégique. 

Les grandes questions: