Guerre populaire, guerre de positions
Submitted by Anonyme (non vérifié)Dans la théorie marxiste-léniniste-maoïste, la guerre populaire est considérée comme la stratégie de la classe ouvrière. Cette théorie est universelle et ne signifie nullement qu’il existerait un « modèle chinois. »
En Russie, la révolution a en effet commencé notamment avec le soulèvement de 1905, puis dans les grands centres urbains par une insurrection en 1917, se prolongeant en guerre civile dans tout le pays, l’armée rouge affrontant l’armée blanche. En Chine, c’est le contraire qui s’est déroulé: les campagnes ont encerclé les villes, dans un processus ayant duré de 1927 à 1949.
Toutefois, dans les deux cas, la révolution a suivi le chemin de la guerre populaire: le nouveau a surgi, lentement, rassemblant des forces, et s’exprimant au fur et à mesure toujours davantage dans l’affrontement avec l’ancien.
La théorie de la guerre populaire est la compréhension du fait que le nouveau et l’ancien s’affrontent, l’un tentant de gagner des positions, l’autre de les défendre, chacun cherchant à encercler les positions ennemies et à les anéantir.
La guerre populaire est ainsi la tendance organisée du triomphe matériel du nouveau sur l’ancien, une tendance irrépressible et nécessairement victorieuse si l’on en comprend les modalités.
C’est par incompréhension de ces modalités qu’ont échoué tant la révolution finlandaise (qui a suivi la révolution russe de 1917) que la guerre antifasciste en Espagne. Dans ces deux cas, le pays était coupé en deux entre les forces rouges et les forces blanches, et la stratégie adéquate n’a pas été comprise, et donc suivie.
Pourquoi la guerre populaire est-elle invincible, si on en comprend les modalités?
Parce que la guerre populaire consiste en les modalités de la prise du pouvoir par le nouveau, par le renversement de l’ancien. Il s’agit d’un phénomène dialectique, et la vie l’emporte toujours, le nouveau triomphe toujours de l’ancien.
Non pas de manière linéaire bien entendu, mais en spirale; comme Mao Zedong l’a résumé; l’avenir est radieux, mais le chemin est sinueux.
Qu’est-ce à dire, concrètement, pour nous en France et pour le PCMLM?
Tout d’abord, la tendance principale est à la révolution. Ainsi, l’État ancien, bras armé de la bourgeoisie, subit les assauts des masses; ce processus est inévitable, plus ou moins fort, plus ou moins organisé. La rébellion d’octobre – novembre 2005 a été la généralisation d’assauts normalement éparpillés.
Mais la rébellion ne peut se concrétiser qu’en étant une composante de la guerre populaire; lorsque les assauts sont rassemblés et organisés, alors ils forment la guerre populaire, qui en tant que bras armé du nouveau brise l’ancien et permet la naissance d’un nouveau régime: le socialisme.
Une démonstration de la différence qualitative se lit ici notamment dans le degré de participation des femmes, qui est faible ou nul dans les révoltes, s’élève dans les rébellions et se développe le plus largement dans la guerre populaire.
La libération des femmes est un moteur essentiel de la révolution socialiste, et exprime le nouveau contre l’ancien: toute protestation patriarcale se rattache inévitablement, tôt ou tard, au monde ancien.
Cela souligne la dimension idéologique et culturelle de la guerre populaire. Tel est l’enseignement de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine populaire.
Les luttes de classes se présentent en effet comme une guerre de positions matériels et idéologiques, chaque camp tente d’encercler et d’anéantir les positions adverses.
Et pour nous en France aujourd’hui, nous ne sommes qu’au début du processus révolutionnaire, la révolution n’a que très peu de positions, alors que la contre-révolution en a beaucoup.
Mais les réserves de la révolution sont innombrables; les masses ont des ressources illimitées et leur créativité n’a pas de bornes.
Alors que les réserves de la contre-révolution disparaissent chaque jour davantage, dans la corruption, la dégradation, la crise générale du capitalisme.
C’est ce qui fait que la guerre populaire a nécessairement, de par la nature des masses populaires (qui sont initialement faibles) et celle du vieil État (qui est temporairement encore fort), un caractère prolongé.
La révolution en France n’est ainsi pas question d’années, mais de décennies.
Et on peut évaluer aisément les contributions des organisations révolutionnaires par rapport à cela, car il s’agit de rassembler les forces politiques, idéologiques, culturels, militantes, dans cette perspective.
C’est justement la perspective dégagée par le PCMLM, et qui est donc totalement différente tant de Lutte Ouvrière qui attend de manière passive le grand soir depuis plus de 50 ans, que du NPA qui ne l’attend pas et s’intègre aux institutions qu’il faut en réalité totalement abattre.
Car le PCMLM comprend le schéma dialectique de la lutte entre le nouveau et l’ancien.
Au début, la contre-révolution est en position de force: elle mène son offensive stratégique, alors que la révolution est en position de défensive stratégique.
Puis, conformément à la tendance historique de notre époque, le nouveau gagne des positions alors que l’ancien en perd: c’est l’équilibre stratégique.
Enfin, passé ce stade de consolidation, la révolution l’emporte stratégiquement et anéanti l’ennemi, qui est en posture défensive avant de finalement disparaître.
C’est cette perspective stratégique qui détermine également la tactique communiste.
En effet, puisque la tendance nous est objectivement favorable sur le long terme, l’aspect principal est de préserver ses forces, tout en donnant des coups à l’ennemi.
Voilà pourquoi la tactique peut se résumer en ce principe, qui est celui de guerre partisane:
« Quand l’ennemi avance, nous reculons; quand l’ennemi s’arrête, nous le harcelons; quand il se fatigue, nous l’attaquons; quand il se retire, nous le poursuivons. »
C’est un aspect essentiel dans le travail à court terme; le travail à court terme ne se conçoit jamais sans la compréhension du long terme, et la patience est la vertu cardinale du révolutionnaire.