3 juil 2014

Au sujet des caractères historiques du guévarisme

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Quand on voit l'histoire des Tupamaros, on ne peut qu'être frappé de la ressemblance de leur parcours en Uruguay avec celui d'autres organisations de par le monde. On retrouve en effet des éléments de manière systématique.

Il y a déjà la négation de l'idéologie, qui n'est jamais définie précisément. Il y a le rejet de la forme partidaire, au profit du mouvementisme.

Il y a ensuite le refus de considérer l'histoire du pays, pour s'appuyer uniquement sur la révolte, de manière subjectiviste. Il y a également la fascination pour les coups d'éclat, les actions démonstratives.

Il y a aussi le réformisme armé, le principe de la violence comme levier pour des réformes. Il y a enfin le soutien populiste à un mouvement global de « lutte » qui deviendrait la solution à tous les problèmes, et ce d'autant plus que les actions armées ne sont plus réalisables.

Si l'on regarde l'histoire des Tupamaros, on a cela. Mais si on regarde la Gauche Prolétarienne en France, on a cela aussi exactement. On peut d'ailleurs voir que, de manière moins radicale mais dans un sens extrêmement proche, on a la même chose avec la Ligue Communiste en France de 1969 à 1973.

C'est également tout à fait pareil pour la Fraction Armée Rouge en Allemagne. Tendanciellement, on a la même chose avec le Parti Communiste d'Espagne (reconstitué) et les GRAPO, avec leur conception du « Mouvement Populaire de Résistance », ou bien les Brigades Rouges en Italie avec leur conception de « l'aire de l'autonomie » ou ensuite du « Front anti-impérialiste ».

Actuellement, le (nouveau) Parti Communiste italien suit précisément cette ligne de soutenir un « bloc populaire », jusqu'au « Mouvement des Cinq Etoiles », pourtant ultra-populiste et lié à l'extrême-droite (ses députés européens siègent dans le groupe parlementaire Europe de la Liberté et de la Démocratie Directe regroupant plusieurs partis d'extrême-droite).

On a là une très grande difficulté idéologique. D'un côté, il faut en effet voir les luttes des classes et dans quelle mesure il existe une aire relevant de l'avant-garde. Mais le guévarisme fait une « fixette » dessus et considère que la clef est de gagner cette avant-garde au moyen d'un « foyer » initiant une lutte « correcte ».

En ce sens, les « maoïstes » français du type OCML-VP, « Futur rouge », « Drapeau rouge », etc. n'ont jamais été rien d'autres que des guévaristes. Leur idéologie n'est jamais expliquée, toutes les « révoltes » sont soutenues, on retrouve toujours des incantations sur les « fronts de lutte », etc.

S'ils n'étaient pas guévaristes, ils regarderaient les choses par en haut et non par en bas, il partiraient du point de vue qu'il faut l'analyse la plus exigeante, la plus sérieuse, la plus scientifique, digne du nouvel Etat socialiste à fonder, et ils ne se cantonneraient pas une activité militante de type associatif et syndical.

L'absence de systématisation idéologique révèle leur fond. Pour cacher cela, ces gens attaquent bien sûr tout processus de systématisation en affirmant que cela serait forcément une négation de la pratique.

C'est très parlant sur la contradiction travail manuel / travail intellectuel qui règne chez ces gens. Mais voyons ce qu'il en est de leurs appels à « déclencher » des luttes.

Car il y a bien entendu un aspect positif à vouloir initier des luttes radicales. Cependant, on ne peut pas s'arrêter là. En Amérique latine, le guévarisme n'est qu'une idéologie petite-bourgeoise, prétexte au « panaméricanisme » et aux « pressions » de factions capitalistes bureaucratiques opposées à la faction capitaliste bureaucratique.

En Europe, le guévarisme est apparu comme le drapeau des gens voulant lancer le processus révolutionnaire. En réalité, seul le maoïsme peut le faire, et il y a eu ici toute une série d'incompréhensions, de déviations, d'erreurs et de fautes.

Tout s'explique ici par la question de la Pensée-guide : dans chaque pays, il faut une analyse précisé du pays en question, de son histoire, de sa culture, de son économie, pour trouver les leviers qui déclenchent les mouvements de fond.

Le guévarisme - le « maoïsme » de certains - ne reste lui qu'à la surface, il est « radical » dans les apparences, mais il est coupé de l'histoire du pays, de ses valeurs. Et il y a là une dimension subjectiviste propre au « guévarisme ».

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Quand on voit l'histoire des Tupamaros, on ne peut qu'être frappé de la ressemblance de leur parcours en Uruguay avec celui d'autres organisations de par le monde...