Pourquoi il faut préparer le régime soviétique, Comment on crée un soviet (FCS-1920)
Submitted by Anonyme (non vérifié)Le Soviet, n°1, 21 Mars 1920
Prolétaires de l’usine, des transports, des grandes administrations civiles ou publiques, Paysans !
Camarades,
Vous constatez que le régime capitaliste, après vous avoir imposé la guerre, est incapable de nous donner la paix.
Les armées de la prétendue République tuent pour le profit des capitalistes. Elles combattent partout le Communisme : ouvertement en Russie, en Sibérie, en Bulgarie ; hypocritement en Hongrie, en Pologne, en Finlande, en Allemagne, en Autriche. Elles conquièrent l’Asie Mineure pour les congrégations et les financiers. Elles maintiennent en France la dictature et l’esprit de guerre.
Les dépenses militaires écrasent le budget. Les arrérages des emprunts et des dettes de guerre appellent l’inévitable banqueroute. Les matières premières sont absorbées par les industries de guerre et de tuerie. La baisse du change supprime nos achats à l’étranger. La vie chère s’aggrave. Le prix du pain et de la viande va monter rapidement. Les impôts de consommation vont tripler et quadrupler. Les pauvres vont démesurément s’appauvrir, et les riches, s’enrichir. Et les pays soi-disant vainqueurs seront bientôt aussi misérables, aussi affamés que les pays vaincus.
La situation peut se résumer ainsi : guerre, esprit de guerre, dictature de guerre.
Pour la classe capitaliste accroissement monstrueux de puissance et de richesse.
Pour la classe prolétarienne : servitude, misère, famine, humiliation et quinze millions de morts !
Nous allons droit au seizième millions !
Camarades,
C’est la Révolution en perspective !
Cette révolution, il faut bien que le prolétariat la gagne !
Le Socialisme s’est irrémédiablement embourgeoisé.
Il faut donc que le Prolétariat s’organise sans tarder, afin d’être capable de remplir son rôle historique et de remplacer le régime capitaliste par le régime communiste.
Le parlementarisme, la démocratie bourgeoise, la démocratie sociale ( c’est-à-dire la Deuxième Internationale et les vieux partis socialistes ), tous ces anciens organismes sont morts ou mourants.
Seule, l’organisation de la dictature politique et économique du prolétariat, c’est-à-dire du régime direct prolétarien, libérera les travailleurs en leur donnant la propriété communiste des richesses qu’ils créent, et la force d’abattre à tout jamais les gouvernements de guerre, de tyrannie et d’exploitation.
Cette organisation, c’est le Communisme Soviétique de nos frères les Bolchéviks russes.
Cette organisation a fait ses preuves : elle a libéré et fait vivre cent cinquante millions de travailleurs. Elle a résisté aux généraux-bourreaux, entretenus par la France et l’Angleterre, à leurs tanks, à leurs mitrailleuses, à leur cruauté froide et bestiale.
Camarades !
Créons partout des Soviets !
Dans chaque atelier, les ouvriers élisent, pour trois mois des délégués, révocables à chaque instant : c’est le Conseil d’atelier. Les conseils d’atelier de la même usine forment par leur réunion, le Conseil d’usine. Il est évident que ces conseils d’usine ( qu’on peut très bien appeler soviets d’usine ) doivent grouper intercorporativement tous les travailleurs d’une même usine, quels que soient leur emploi ou leur spécialité.
Partout les travailleurs prolétariens élisent de la même façon des conseils de délégués : dans les grands magasins, les grandes imprimeries, les grandes firmes journalistiques, les banques, les coopératives, les gares, les dépôts de chemins de fer, les ports, les navires, les mines, les grands services publics, les ministères, les préfectures, les communes rurales, etc, etc, etc.
Dans les campagnes, il ne peut être question de conseils d’atelier, ni de conseils d’usine ; là, dans chaque bourg ou dans chaque agglomération, les prolétaires constituent directement un soviet communal.
Tous ces conseils, ce sont déjà des soviets.
Mais il vaut mieux réserver le nom de Soviet pour les conseils de délégués élus par les électeurs des conseils susnommés pour REPRESENTER INTERCORPORATIVEMENT l’ensemble, la totalité des travailleurs prolétariens, non plus dans leur centre ou dans leur groupement de travail, mais dans la commune, la ville ou l’arrondissement urbain, le département, la région, la nation, et enfin l’Internationale.
Ce système de Soviets, élus pour trois mois par tous les travailleurs prolétariens des deux sexes et sans distinction de nationalité ) à l’exclusion de tous les capitalistes, de tous les oisifs, et de tous leurs valets ( depuis le Président de la République jusqu’au juge ou au sergent de ville ) remplacera tous les pouvoirs politiques, économiques, judiciaires et administratifs actuels.
Il mettra toutes les richesses à la disposition commune des prolétaires.
Ce sera la révolution communiste soviétique, la seule qui soit désirable, pratique, radicale et durable.
Camarade
En formant un Soviet, même rudimentaire, même de trois ou quatre membres, tu prépares pour bientôt ( car, bien que les journaux te le cachent, le soviétisme communiste germe aujourd’hui partout, chez tous les peuples ) tu rends possible la Révolution communiste.
Tu prépares la grande révolution prolétarienne qui renversera définitivement la clique capitaliste, ainsi que le gouvernement tyrannique et sanguinaire de ses valets, et tous les états-majors de l’immonde boucherie bourgeoise, qui ose s’intituler " guerre du droit ".
Donc, dans ton groupe prolétarien, quel qu’il soit, forme ton Soviet, même rudimentaire.
Ne compte plus sur le socialisme : il est fini. Il ne peut plus que servir de couverture à la réaction bourgeoise. Il est de lui-même devenu profondément réactionnaire.
Ne compte que sur toi, sur le soviétisme. Le soviétisme, c’est le régime direct prolétarien, c’est notre République, à nous !
Camarade,
Prends pour devises :
Toutes les richesses aux travailleurs !
Tous les Pouvoirs aux Soviets !
Tous les Soviets ligués dans la République soviétique internationale !
Paris, le Soviet ouvrier du 20° arrondissement
P.S. - Si tu as besoin de directives pratiques, adresse-toi à la Fédération Communiste des Soviets, secrét. Marius HANOT ; trésorier Emile GIRAUD. - Crée d’abord un Soviet. Puis, pour approfondir la doctrine, pour étudier
le mécanisme des Congrès Soviétiques, achète (prix : 30 centimes) la Constitution de la République Fédérative des Soviets (Bolchéviks), du 10 juillet 1918. C’est elle qui a tiré la Russie des griffes du capitalisme anglo-francoaméricain. C’est le contre-poison du capitalisme.
En attendant, camarade, pour nous aider à la propagande communiste et soviétique, adhère à la Fédération et à nos Soviets de propagande, par le moyen des bulletins contenus dans ce journal.