Nous sommes au seuil des années 1930
Submitted by Anonyme (non vérifié)Les récents débats qui traversent une bonne partie de l’extrême-gauche au sujet de la librairie Résistance attaquée par la Ligue de Défense « Juive » méritent qu’on s’attarde sur un point important d’économie politique.
Il y a en effet deux écoles qui s’affrontent, et il y a lieu de les distinguer.
La première école, c’est celle à laquelle nous appartenons, comme de fait toutes les personnes révolutionnaires qui ont un tant soit peu avancé dans la connaissance de l’économie politique.
Pour cette école, l’antisémitisme grandit inévitablement parallèlement à la crise générale du capitalisme. L’antisémitisme repose sur un fond irrationnel, à la fois chrétien et moyen-âgeux (la figure du Juif usurier « ayant tué le Christ »), et complotiste et racial (dans la ligne des fameux faux « Protocoles des Sages de Sion »).
L’antisémitisme est utilisé comme paratonnerre social, et sert de vision du monde à la petite-bourgeoisie, tout comme à la bourgeoisie impérialiste pour ses plans de fascisation. L’antisémitisme est porté par des couches sociales anti-ouvrières, il est ainsi inévitablement lié à l’anticommunisme.
L’un ne va pas sans l’autre, jusqu’à la folie obsessionnelle, jusqu’au délire complet.
L’autre école rejette cette position, qu’elle aime critiquer comme étant une simple reproduction de ce qui s’est passé dans les années 1930. Elle considère qu’il n’y a plus vraiment d’antisémitisme, que les idéologies révolutionnaires sont passéistes.
Pour elle, l’ennemi c’est la droite conservatrice attaquant les « islamo-gauchistes », une droite représentée par Sarkozy, dont la personnalité témoignerait d’un « fascisme moderne. »
Selon cette école, il y a lieu d’être pragmatique, de reconnaître une valeur certaine aux forces islamistes, à toutes les variétés d’altermondialistes sans distinction, etc.
Ce qui compterait, c’est donc que des « individus » courageux (cette école met énormément en avant tel ou tel individu) fassent des campagnes sur de grands thèmes, arrivant tels des sauveurs grâce à une recette miracle (dont le pseudo antisionisme est le nec plus ultra).
En fait, cette école correspond exactement à ce que le PCMLM avait analysé en 2005, suite au référendum sur la Constitution européenne: « La victoire du « non » à la constitution marque l’apogée de l’altermondialisme petit-bourgeois et le début de sa décadence complète. »
C’est simple: dans les années 1990, l’altermondialisme pouvait encore prétendre à être de gauche, ou d’extrême-gauche, ou tout au moins contestataire, voire révolutionnaire.
Aujourd’hui on a tout une clique de gens dont on ne sait pas ce qu’ils sont. Et qui eux-mêmes ne le savent pas, et ne veulent pas le savoir. Une position libérale typiquement petite-bourgeoise.
D’où la place énorme pour le populisme, le complotisme, l’anti-impérialisme en fait carrément chauvin et favorable au bloc impérialiste Paris – Berlin – Moscou, etc.
Et bien entendu, de par la base sociale: l’anticommunisme, l’antisémitisme, le pessimisme, l’esprit mesquin, la perception aigrie des choses, une vision aristocratique du monde, le mépris de la culture populaire et du peuple, en général, etc.
La mini crise autour de la librairie Résistance n’est ainsi qu’une première petite tempête, comme on va en compter beaucoup dans les mois, les années qui viennent.
Nous ne pouvons qu’engager nos lecteurs et lectrices à se mettre très sérieusement à l’économie politique. Dans les prochaines batailles, il y a besoin de gens se fiant non pas à leur idéalisme comme quoi « tout ira bien », mais bien de personnes sérieuses, disciplinées, capable d’orienter la lutte de classes des masses populaires, faisant face aux tentatives réactionnaires de les briser, de les dévier.
En clair: ça va faire mal, il faut apprendre à être prêt!