22 déc 2009

A propos de l’Inde: ne pas fantasmer, mais bien saisir la réalité pour bien servir la révolution indienne

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Le vieil Etat indien vient de réaliser un coup tactique très fort; c’est un cas d’école, comme bien souvent malheureusement dans le sous-continent indien.

Dans l’Etat de l’Andhra Pradesh, les régions non côtières sont plus pauvres et culturellement ont toujours été proches de l’idée d’indépendance.

Cette région s’appelle le Telangana et est historiquement un grand bastion communiste, puis naxalite.

Ces dernières années, le vieil Etat indien a réussi à chasser la guérilla naxalite de l’Andhra Pradesh (et donc également du Telangana). L’influence naxalite restait évidemment forte. Alors l’Etat indien a mis en place un coup tactique très réussi, en ce décembre 2009.

Il a en effet « cédé » devant la grève de la faim, en ce mois de décembre 2009, du politicien Chandrasekhar Rao demandant l’indépendance du Telangana…

Histoire de montrer que la grève de la faim à la Gandhi amène des résultats, à l’opposé de la guérilla des naxalites. Et dans le but de bien neutraliser les masses populaires, ce processus de formation du nouvel Etat de l’Union indienne prendra… plusieurs années!

Voilà une des réalités de l’Inde aujourd’hui. L’Inde est un pays complexe, très complexe.

D’ailleurs, de nombreux lecteurs et de nombreuses lectrices auront marqué que si Contre-Informations avait été le premier média révolutionnaire à parler de l’Inde, depuis quelques temps la question révolutionnaire dans ce pays n’est plus vraiment abordé.

Et cela alors que d’autres médias de l’extrême-gauche commencent à en parler.

Voici une petite explication, qui a une certaine importance.

Ce qu’il faut voir, c’est que le fait que de nombreux médias d’extrême-gauche commencent à parler de l’Inde ne repose nullement sur la situation là-bas. C’est ce qu’il faut bien comprendre.

Ce qui se passe, c’est que les médias indiens et internationaux ont lancé une vaste campagne anti-naxalite, et diffusent un énorme nombre d’informations.

Dans ce cadre, les médias indiens surestiment la force des Naxalites afin de justifier la campagne militaire contre la guérilla: l’opération « Green Hunt. » L’opération « Green Hunt » est une énorme actualité en Inde et il s’agit de faire passer la pilule de la mobilisation militaire massive d’entre 60.000 et 100.000 soldats.

Les médias d’extrême-gauche qui en France parlent des Naxalites reprennent ces informations des dominants, les prenant pour argent comptant. Faisons ici une mois au point au sujet de ce que disent ces médias d’extrême-gauche:

1. Ils mettent ainsi en avant une révolution indienne en plein essor, en train de vaincre, en train de prendre le pouvoir sur de nouvelles zones. Est-ce vrai?

Non. Il est vrai que la révolution avance. Il est vrai que les Naxalites mènent des activités dans 14 des 28 États indiens.

Mais il est faux de transformer cela en… fantasme comme quoi les Naxalites contrôlent quasiment 200 districts sur 600.

2. Ils mettent également en avant l’information comme quoi la révolution indienne est en train de passer des campagnes aux villes. Est-ce vrai?

Non. Plus on monte dans le nord du pays, moins est forte l’influence naxalite, à l’opposé des tendances nationalistes. Les Naxalites n’ont pas réussi à avoir une ligne de masse urbaine. L’activité naxalite est de fait surtout forte dans le sud, la zone la plus arriérée de l’Inde.

On peut même dire que les Naxalites se retrouvent le plus souvent bloquéEs dans les forêts, ayant même perdu leur bastion historique dans l’Andhra Pradesh.

3. Ils mettent ainsi en avant l’information comme quoi les naxalites sont passés de la guerre de guérillas à la guerre de mouvement. Est-ce vrai?

Absolument pas. Il n’y aucunement une « guerre de mouvement » c’est-à-dire une armée régulière menant de vastes opérations.

En réalité, le principe des opérations menées par de larges groupes armés (soit une ou deux centaines de personnes) est un type d’actions utilisé depuis le départ par le MCC (Centre Communiste Maoïste) fondé dans les années 1960, aux côtés du Parti Communiste d’Inde (Marxiste-Léniniste).

Le Parti Communiste d’Inde (Maoïste), fusion du MCC et des différentes factions du PCI (ML), a adopté ce type d’actions. Il n’y a donc pas un saut qualitatif et une généralisation de la guérilla jusqu’à l’armée régulière, mais simplement un emploi plus courant d’une certaine tactique.

Il y a comme on le voit un décalage extrême entre la réalité et l’interprétation. Et il faut être clair: ce qui est affirmé dans les médias ne correspond nullement à la réalité; ce n’est pas non plus le point de vue naxalite sur la situation actuelle; enfin, cela ne sert en rien la révolution indienne.

D’autant plus que les informations reprises vont jusqu’au délire: une annonce médiatique a ainsi été reprise par des médias d’extrême-gauche, comme quoi aurait été formée une « Armée Populaire de Libération du Peuple Tamoul » au Sri Lanka, sous la supervision des Naxalites et avec l’aide… de l’OLP et de Cuba.

C’est totalement ridicule, et ne sert que la propagande du Sri Lanka et de l’Inde. Reprendre de fait en tant que tel les informations des médias indiens, c’est se transformer en écho de la contre-révolution, c’est une lourde erreur.

Voilà pourquoi Contre-Informations n’a pas diffusé ces informations erronées; l’aspect principal en ce moment en Inde est la formation d’un bloc démocratique pour bloquer la contre-révolution.

Voilà pourquoi nous avons parlé de l’opération « Green Hunt » mais aussi de l’Union des Etudiants Démocratiques de Delhi, des mega food parks en Inde, de la catastrophe de Bhopal.

Voilà pourquoi nous avons publié des documents essentiels expliquant la situation en Inde, dès 2006: Du Naxalbari aux Naxalites – saluons la guerre populaire en Inde !, Naxalbari Zindabad! Des naxalites au Naxalbari, La campagne de contre-guérilla « Salwa Judum » en Inde, expression de la contre-révolution mondial, Arcelor – Mittal Steel, alliance entre impérialisme et oligarchie et que nous avons contribué à la diffusion de la brochure explicative Lal Salaam – les Naxalites en Inde.

Il ne s’agit pas de fantasmer, mais de comprendre de manière réaliste la révolution indienne. Ce qui est une activité partisane – et c’est donc l’une des tâches du PCMLM!       

Publié sur notre ancien média: 
Mots clés: 
Rubriques: