Point de vue matérialiste sur la gestation pour autrui
Submitted by Anonyme (non vérifié)Mercredi 6 avril, la Cour de cassation a refusé l’inscription sur les registres de l’état civil français des enfants nés à l’étranger par GPA (gestation pour autrui), c’est-à-dire de mères porteuses étrangères.
Avant de commenter cette décision de la justice bourgeoise, il est d’abord nécessaire de comprendre en quoi consiste la GPA (gestation pour autrui) et ce qu’elle traduit du point de vue idéologique.
La GPA s’adresse aux femmes voulant un enfant mais souffrant d’une absence ou d’une malformation de l’utérus qui les empêche de donner naissance. La GPA consiste à implanter un embryon fécondé in vitro par le sperme du père et les ovocytes de la mère (ou bien d’une donneuse anonyme) chez une autre femme, communément appelée « mère porteuse ». Cette mère porteuse vit une grossesse jusqu’à l’accouchement de l’enfant qui est remis à ses « parents intentionnels » (qui sont aussi ses géniteurs).
Pour les communistes, un des critères essentiels de la compréhension du monde doit être la reconnaissance de la dignité du réel et de l’importance des sensations qui fondent l’approche scientifique de toute chose.
Quelle est donc la réalité de la GPA ? Alors que la bourgeoisie met l’accent sur des questions techniques, juridiques en conformité avec sa compréhension mécanique, nous devons, en tant que matérialistes, revenir à l’aspect réel et fondamental de la GPA, à savoir la grossesse.
Le fait d’être enceinte n’est pas une construction juridique ni quelque chose d’anodin. Etre enceinte ne se réduit pas à « porter » un enfant. Pendant neuf mois, la femme enceinte tisse un lien particulier avec l’enfant qu’elle porte en elle. L’embryon se développe et vit. Il bouge, donne des coups de pieds. De plus, la grossesse est une période de bouleversement hormonal pour la femme enceinte : HCG, progestérone, prolactine, endorphines, sans compter un taux d’oestrogènes parfois 1000 fois supérieur à ce qu’il était avant de tomber enceinte.
L’afflux d’hormones peut expliquer les nausées qui touchent de nombreuses femmes enceinte. De même, la femme enceinte ressent les effets du brusque changement hormonal dû à la grossesse dans les sensations et sentiments qu’elle éprouve. Et ces hormones établissent une communication avec le bébé qui ressent aussi les différents états d’esprit de la femme enceinte. Il s’agit là d’une réalité sensorielle indéniable.
La grossesse est ainsi une période d’intenses sensations qui connectent deux êtres humains, l’enfant à naître et la femme enceinte (en général sa mère et, dans le cas d’une GPA, la mère dite « porteuse »).
Il faut noter qu’en raison du bouleversement hormonal, la grossesse n’est pas vécue forcément sur un mode positif. Certaines femmes en gardent un mauvais souvenir. Il n’en demeure pas moins que les sensations éprouvées pendant la grossesse sont une réalité qui ne peut être occultée.
Après l’accouchement, la séparation avec le bébé est un déchirement pour la femme enceinte et le bébé. D’ailleurs, il faut remarquer que, dans la réflexion bourgeoise, autour de la GPA, la vie du bébé est souvent négligée. Pourtant, le nouveau né n’est pas à considérer comme une forme humaine « diminuée », manipulable et ne ressentant aucune sensation.
Le bébé, en raison de la grossesse, est ainsi naturellement liée à la femme enceinte qui l’a porté (encore une fois, il serait plus aisé d’écrire tout simplement « la mère », mais ce n’est pas le cas dans le cadre d’une GPA). Le bébé éprouve un attachement naturel à sa mère/mère porteuse qui repose sur les sensations et le lien tissé pendant la gestation.
D’un point de vue matérialiste, il est donc inconcevable de séparer le bébé de la femme qui vient de lui donner naissance. Par voie de causalité, la GPA est donc inconcevable puisqu’elle implique nécessairement la séparation entre un bébé et la femme qui a accouché de lui.
De la même manière, le fait d’arracher les veaux des vaches laitières juste après leur naissance, la gestation étant nécessaire à la production de lait, est un acte d’une cruauté extrême (rappelons ici les paroles de Lucrèce et Al-Maari).
En outre, il faudrait se poser la question de l’état d’esprit d’une femme enceinte qui sait pertinemment qu’elle ne gardera pas l’enfant à l’issu de l’accouchement et ce que le bébé en développement dans son ventre a perçu de cet état d’esprit. C’est ici de la pure barbarie, de l’esclavage. La GPA apparaît donc contraire au mouvement naturel de la vie.
Mais justement, la GPA serait justifiée par l’argument du « naturel ». En effet, le bébé issu d’une GPA est l’enfant naturel (par la génétique) des parents intentionnels. La GPA est donc parfois préférée à une adoption, qui représenterait une solution pour les femmes sans utérus ou dont l’utérus est malformé, mais où la dimension génétique est absente.
Il existe là une dérive de type social-darwiniste où les parents se projetent eux-même dans le futur enfant qui doit être à tout prix issu d’eux. L’enfant est ainsi conçu comme un développement de soi-même, un dérivé – que l’on désire « amélioré » – de soi-même. La prépondérance accordée à l’aspect génétique est donc clairement social-darwiniste et s’inscrit dans le cadre de la compétition entre individus du capitalisme. C’est aussi cet aspect social-darwiniste et la concurrence généralisée entre individus dans le capitalisme qui explique l’angoisse et le stress de couples voulant coûte que coûte un enfant.
Bien entendu, la famille possède une réalité génétique indéniable. Pour autant, il faut se souvenir que l’humain est un produit de la nature mais aussi de son propre travail, car l’humain est le seul animal à agir de manière à la fois consciente et organisée à long terme sur la matière par son travail. L’être humain est donc le seul à saisir le mouvement perpétuel de la matière. Par conséquent, l’humain vit une aliénation à la nature qu’il doit dépasser, l’humain entretient un rapport à la nature qu’il doit assumer.
En accord avec la loi universelle du mouvement de la matière et la place de l’humain dans la biosphère, Contre-Information célèbre la vie, et non la génétique en tant que telle, qui reviendrait à une aliénation à la nature. Ainsi, l’adoption d’enfants par des couples gays et lesbiens est une pratique tout à fait compatible avec la célébration de la vie et le rapport à la nature de l’être humain, bien au-delà des limites social-darwinistes de la génétique.
D’un point de vue idéologique, il est impossible de ne pas voir la GPA comme une forme d’aliénation, de même que le travail salarié, acceptée seulement en échange d’une compensation financière. En Grèce par exemple, les « mères porteuses » touchent deux fois le SMIC pendant un an.
Il s’agit bien d’une compensation financière car il ne faut jamais oublier que la grossesse n’est pas une période anodine. Le fait d’être enceinte peut générer des hémorragies, des nausées, des douleurs, et une éventuelle césarienne au moment de l’accouchement, sans même parler de l’implication émotionnelle que nous avons déjà mentionnée.
Il faut donc bien percevoir à quelles dérives expose la GPA par essence. La GPA offre une opportunité pour les couples bourgeois qui ont une conception utilitariste de l’enfant et ne veulent pas connaître les risques ni les « inconvénients » d’une grossesse. De l’autre côté, les femmes issues de masses populaires peuvent voir dans la GPA une stratégie de survie très accessible dans le capitalisme.
La GPA reproduit donc les principes d’aliénation et d’exploitation du capitalisme. Il est bien évidemment impossible de parler d’ « acte volontaire » de la part des « mères porteuses », mais d’un choix économique dans le contexte du capitalisme.
La grossesse est la base matérialiste de toute réflexion sur la GPA et il est logique que la bourgeoisie, dans son déni du réel, veuille aborder cette question sous un angle immédiatement juridique.
La GPA ne doit tout simplement pas être autorisée et si elle est tout de même pratiquée, alors les enfants doivent être reconnues comme enfants de la mère qui les a portés. C’est une position ferme qu’il faut face à la barbarie!
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