Promouvoir l’hygiène de vie contre le surpoids et l'obésité dans les masses
Submitted by Anonyme (non vérifié)Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire a publié mardi 25 octobre 2016 les résultats d'une large enquête épidémiologique concernant le surpoids et l'obésité en France. Il en ressort que :
« l’excès de poids concerne près de la moitié de la population »
« [confirmant] l’importance de cette pathologie nutritionnelle en termes de santé publique »
L'étude présente l'obésité comme :
« une maladie chronique d’évolution pandémique (...) définie par un excès de masse grasse et a pour conséquence une augmentation du risque de nombreuses pathologies, dont les pathologies cardio-métaboliques (dyslipidémies, diabète de type 2, hypertension artérielle) et articulaires, la dépression et de nombreux cancers. »
Il s'agit d'un problème majeur de santé publique, qui concerne particulièrement les masses populaires.
L'intérêt de l'enquête consiste en ce qu'elle ne résulte pas simplement de déclarations mais plutôt de mesures précises (tour de taille, tension artérielle, analyses sanguines, etc.) sur un échantillon important de la population française (près de 30 000 personnes issues de 16 départements).
Le détail des résultats et de la méthode sont présentés de manière très claire et concise dans le Bulletin de l'agence Santé publique France (accessible ici). Le résultat résumé de l'étude est le suivant :
« La prévalence du surpoids était de 41,0% et 25,3%, respectivement, chez les hommes et les femmes. La prévalence de l’obésité globale était de 15,8% pour les hommes et de 15,6% pour les femmes, celle de l’obésité abdominale était de 41,6% et 48,5% respectivement chez les hommes et les femmes. »
Ces chiffres ne sont nullement étonnants et viennent bien sûr confirmer ce qui est constaté depuis la fin du XXe siècle. Il est d'ailleurs rappelé que les différentes enquêtes ont montré un bon rapide de l'obésité, augmentant de 76,4% entre 1997 et 2012. Cette évolution s'est depuis stabilisée, mais ne diminue pas.
De manière intéressante, l'étude s'est penchée particulièrement sur les conséquences sanitaires de l'obésité et non pas sur le poids en tant que tel. Il a été recherché un phénotype d’obésité métaboliquement saine (MHO), c'est-à-dire des personnes considérées comme obèses mais ne présentant pas ou peu de risques sur le plan sanitaire.
Sont concernées les personnes avec :
« IMC ≥30 kg/m² et aucun ou un seul des facteurs de risque suivants : triglycérides ≥1,7 mmol/l, pression artérielle systolique (PAS) ≥130 mm Hg, pression artérielle diastolique (PAD) ≥85 mm Hg, glycémie à jeun ≥5,6 mmol/l, cholestérol-HDL <1,04 mmol/l pour les hommes et <1,29 mmol/l pour les femmes. »
Le problème de cette définition est qu'elle considère comme étant « saines » des personnes pouvant présenter un de ces facteurs de risque. L'autre faille est que cette définition, dans l'étude, ne prend pas en compte le fait que certaines personnes puissent prendre un médicament contre l'un de ces facteurs, ce qui ne le rend plus visible alors qu'il existe à la base (d'autant plus que certains médicaments ont tendance à gommer les symptômes plutôt que d'éviter réellement les risques).
Les résultats montrent en tout cas qu'il y a bien sûr un rapport majeur entre l'obésité en tant qu'excès de masse grasse et l'accumulation des facteurs de risque sanitaire (74,2 % des cas). Mais cela n'est pas systématique et 25,7 % des personnes obèses sont considérées comme métaboliquement saines.
Il est tout à fait juste et nécessaire de s’intéresser aux risques sanitaires en tant que tels et à leur origine plutôt qu'à la seule apparence physique. L'étude considère que l'IMC (indice de masse corporelle), un rapport statistique entre le poids et la taille (le poids divisé par la taille au carré), n'est pas une donnée suffisante pour qualifier le surpoids. Par exemple certains sportifs présentent un IMC très important alors qu'ils ont surtout une masse musculaire importante.
De manière inverse, il a été considéré que :
« [l'IMC] pris isolément comme indicateur de santé conduit souvent à une sous-estimation de la présence de facteurs de risque cardio-métaboliques associés. »
Autrement dit, il ne suffit pas de présenter un poids correct par rapport à sa taille pour se préserver des risques associés au surpoids (les pathologies cardio-métaboliques).
Ces données sont très intéressantes et soulèvent en fait la question suivante : qu'elle est la nature de l'obésité et du surpoids dans la population ?
Jusque que récemment dans la société capitaliste, l'embonpoint était un marqueur extérieur de richesse, le « gros ventre bourgeois », une identité de classe. Il y a une différence de nature entre cet embonpoint « de riche » et l'obésité et le surpoids qui concerne aujourd'hui surtout les masses populaires.
La différence est que le premier cas relève plutôt de l’opulence, d'une nourriture abondement consommée, mais normalement de bonne qualité. Les risques sanitaires associés étaient bien sûr présents (c'est d'ailleurs pour cela qu’aujourd’hui la bourgeoisie a rejeté en grande partie ce signe de richesse), mais pas de la même manière que ce qui prévaut aujourd'hui en France.
Plusieurs études, dont celle dont il est question ici, ont bien sûr remarqué le lien évident entre le niveau de richesse et la prévalence du surpoids et de l'obésité. Cela est bien représenté par le graphique suivant :
De la même manière cela apparaît clairement sur cette carte avec une forte prévalence de l'obésité dans le Nord où les difficultés sociales sont importantes, contrairement à Paris où il existe surtout une population plus dynamique et souvent aisée et cultivée :
Les commentateurs bourgeois, s'ils peuvent constater cela – et ce fut le cas ces derniers jours dans de nombreux articles de presse ou sujets radio et télévision – sont incapables de l'analyser et de l'expliquer de manière juste.
Un journal comme Le Monde, dans une condescendance tout à fait catholique envers les pauvres, a pu affirmer par exemple :
« Les causes en sont bien connues. Il s’agit, d’abord, de la difficulté d’accès des plus pauvres à une alimentation saine et diversifiée – donc généralement plus coûteuse –, ainsi qu’à des équipements sportifs favorisant l’activité physique. »
Le journal, lui aussi très catholique, Ouest-France tenait à peu près le même propos :
« Les familles les plus démunies ont moins accès à l’information. Elles ne disposent pas de revenus leur permettant d’avoir une alimentation diversifiée et de bonne qualité, qui coûte généralement plus cher. Elles sont aussi pénalisées sur le plan de l’activité physique: elles n’ont pas les moyens de s’inscrire à un club sportif, par exemple, ou elles vivent dans des régions qui manquent de piscines, de gymnases, etc. »
Tout cela est bien évidement faux, honteusement décalé par rapport à la réalité. Ces propos ne visent qu'à maintenir les classes populaires dans leur condition, les maintenir soumises et inférieures, plutôt que de mettre en avant l'hygiène de vie.
Non seulement il ne coûte pas nécessairement cher, en France, de se nourrir correctement, mais en plus ce sont justement les produits industriels de mauvaises qualités qui sont consommés largement par les masses touchées par le surpoids et l'obésité, qui coûtent cher.
S'il est vrai que les légumes frais (voir bio) et de qualité sur les marchés peuvent être onéreux, il est aussi vrai qu'il existe des légumes surgelés (non préparés) à des prix largement abordables. Ils sont sur le plan nutritifs de meilleure qualité que ceux des boites de conserves ou ce qui existe dans les plats préparés ou transformés.
S'il est vrai que les fruits peuvent souvent sembler trop chers, il n'est pas plus onéreux de manger une pomme au goûter qu'une barre chocolatée sucrée ou de la pâte à tartiner à base d'huile de palme.
S'il est vrai que la viande coûte chère, tel n'est pas le cas des légumineuses (haricots, lentilles, pois, soja, etc.) et des céréales complètes qui permettent de couvrir les besoins nutritifs, y compris en protéines.
De la même manière, le maillage territorial en terme d'infrastructures sportives est important en France, même en zones rurales. Et il est tout à fait possible de pratiquer en club un grand nombre de sports même avec de faibles revenus (athlétisme, football, judo, etc.). D'autre part, les jeunes et particulièrement les enfants n'ont pas systématiquement besoin d'infrastructures sportives pour s'adonner à des jeux et activités physiques de plein-air, il est insensé de prétendre l'inverse.
Le surpoids et l'obésité dans les masses populaires ne relèvent pas de la pauvreté en tant que telle (qui concerne de toutes façon bien moins qu'un français sur deux), mais d'une hygiène de vie insuffisante et dénaturée, car soumise aux intérêts de la bourgeoisie, et particulièrement des monopoles de l'agro-industrie.
Le surpoids et l'obésité sont produits par une nourriture de mauvaise qualité (à base de sucre et de céréales raffinées), consommée de manière excessive, et souvent associée à une activité physique insuffisante. Encore que ce dernier point est bien relatif tant sont nombreuses les personnes en surpoids pratiquant un activité physique ou sportive – il suffit de se rendre à un match de football de niveau local ou bien de regarder des gens courir dans un parc le dimanche matin pour le constater.
Bien que relativement complexes et multifactoriels, les origines métaboliques de la prise excessive de masse grasse sont connues et c'est un phénomène largement documenté scientifiquement depuis les années 1980. Pourtant, en pratique cela est nié, ou du moins largement relativisé par les autorités sanitaires. Le point de vue officiel et diffusé en ce qui concerne le surpoids, qui est enseigné aux diététiciens encore aujourd'hui, est la théorie de la balance énergétique.
Il est prétendu qu'il faudrait un équilibre entre les apports caloriques d'un côté (alimentation) et les dépenses énergétiques (activité physique) de l'autre, et que le problème viendrait du déséquilibre de cette « balance ». Ce point de vue mécanique et simpliste est entièrement faux et contribue même à entretenir le problème.
Il nie d'une part que la sensation de faim soit un phénomène naturel qu'il faut non pas réprimer (par le biais des régimes), mais satisfaire convenablement. D'autre part, parler de « calories » ne signifie ici rien du tout puisqu'il ne s'agit que d'une unité de mesure d'un potentiel énergétique des aliments. Cela ne renseigne ni sur la qualité des aliments, ni sur la façon dont ils seront effectivement utilisés énergétiquement par l'organisme.
De manière simple et résumée, mais néanmoins vraie, on peut dire que l'accumulation excessive de masse grasse provient du fait que des sources énergétiques alimentaires de mauvaises qualités sont stockées abondement dans l'organisme plutôt que métabolisées comme source d'énergie immédiate.
Notons que la masse grasse est indispensable à une bonne hygiène de vie, mais qu'elle est régulée naturellement par des aliments sains, dans des proportions légerement variables selon les individus, avec une différence entre les hommes et les femmes.
Notons également que lorsqu'on parle ici de « mauvaise qualité », il ne s'agit aucunement d'une question de prix : les aliments industriels transformés coûtent souvent très cher aux masses populaires, en plus des les empoisonner.
Ces aliments de mauvaise qualités sont justement très importants pour les profits capitalistes : ils permettent de vendre des calories (en tant qu'unités énergétiques alimentaires) qui sont inutiles, qui ne pourraient être consommées aussi abondamment si elles étaient « consommées » réellement plutôt que stockées en graisse.
Le problème de santé publique constitué par le surpoids et l'obésité avec leurs risques associés, s'il relève évidement d'un problème de classe, n'est pas d'ordre budgétaire pour les familles.
Le surpoids et l'obésité avec leurs risques associés doivent être combattue sur les plans idéologiques et culturels, par la mise en avant et la valorisation de l'hygiène de vie.
Cela signifie adopter un rapport naturel à son organisme, satisfaire ses besoins en se fiant à ses sensations naturelles, de manière épanouissante et organisée, rationnelle.
Cela signifie refuser la mutilation qu'est la consommation boulimique de sucreries et autres produits industriels transformés typiques de la « malbouffe », dont l'obésité est une conséquence pathologique grave.
Cela signifie aussi refuser la mutilation que sont les régimes et restrictions alimentaires contre-nature, dont l’anorexie est une conséquence pathologique grave.
La culture française, la gastronomie française, est riche de plats de bonne qualité et particulièrement goûteux, de potages délicieux l'hiver, de salades nourrissantes et rafraîchissantes l'été, de milliers des façons de préparer les légumes et les légumineuses. Notre climat nous donne aussi accès toute l'année à des fruits délicieux.
Les masses doivent se saisir de cela et mettre en avant l'hygiène de vie, pour une vie plus heureuse et harmonieuse, sans surpoids ni obésité.
Elle doivent refuser tout autant la malbouffe industrielle que la culture petite-bourgeoise du « gueuleton », du plat lourd, gras et mal-nutritif, tels que ceux servis typiquement dans les brasseries françaises ou les restaurations d'entreprise.