L'Espagne, l'OCBR, Reconstruccion Comunista...
Submitted by Anonyme (non vérifié)En Espagne, l'Organisation Communiste Drapeau Rouge – Organización Comunista Bandera Roja – a procédé à sa dissolution, publiant un petit communiqué pour refléter au moins en grande partie les raisons qui l'ont amené à cela.
C'est évidemment dommage, vu que le marxisme-léninisme-maoïsme perd en Espagne un de ses représentants.
Il est vrai bien sûr que construire une organisation révolutionnaire est extrêmement difficile ; ce n'est pas une question de mois, ni même d'années, en pratique il faut des décennies. Et surtout, il faut une pensée, une compréhension de la culture de son pays, c'est-à-dire de son histoire, de son économique, de son psychisme.
L'OCBR a buté, les camarades en conviendront aisément, sur la question du cosmopolitisme, cet écueil difficile, qui fait que quand on affirme le communisme, par définition internationaliste et à l'objectif mondial, on doit pour autant l'exprimer à partir des contradictions sociales de son propres pays, car le cadre national existe encore.
Ainsi si l'OCBR a échoué, c'est aussi finalement pour en pas avoir expliqué de manière matérialiste dialectique ce qu'il faut retenir du Don Quichotte de Miguel de Cervantes ou de La vie est un songe de Calderón. Est difficile la compréhension de la réalité nationale, et qui plus est l'Espagne est composée de plusieurs nations, d'où l'utilisation régulière de l'expression « État espagnol » par les révolutionnaires de ce pays.
A cela s'ajoute aussi le fait que le mouvement communiste en Espagne, pour des raisons historiques, reste culturellement bloqué en 1936, dans une vision économiste et romantique.
Cela donne par exemple un « rock prolétarien » joué par des groupes redskins, et même si cela peut être une contribution, le principe même va à l'encontre des enseignements du communisme pour qui il n'y a qu'une seule culture. Le principe d'une culture « prolétarienne » est une aberration ; la culture prolétarienne, c'est la culture en général repris par le prolétariat en particulier.
Dans cette même veine économiste, d'ailleurs finalement d'esprit social-démocrate et strict équivalent syndicaliste-révolutionnaire du trotskysme anglais et de ses « redskins » historiques, il y a donc un mouvement hoxhaiste jouant sur l'iconographie de l'URSS des années 1930 : Reconstruccion Comunista.
Ce que cela masque est facile à comprendre : c'est simplement le programme démocratique du Front Populaire de 1936. Malgré les références idéologiques, on chercherait en vain une théorisation quelconque des acquis de l'URSS, à part en des termes économistes, syndicalistes durs, etc.
Le fait de valoriser unilatéralement le style « skinhead » en lieu et place de l'héritage culturel national en général est une preuve édifiante. Cette démarche hoxhaiste est au mieux une ligne social-démocrate historique dans les conditions espagnoles, au pire une sorte de syndicalisme révolutionnaire.
Son orientation idéologique étant ainsi particulièrement élastique, Reconstruccion Comunista travaille également démocratiquement avec d'autres organisations révolutionnaires, y compris maoïste, comme Odio de Clase, ce qui a valu justement des reproches de la part du Parti Communiste d’Équateur – Comité de Reconstruction.
Reconstruccion Comunista en a profité bien entendu en réponse pour lancer une salve anti-maoïste, critiquent fortement l'OCBR, voire le maoïsme en général.
En fait, l'arrière-plan est bien entendu la question du Front Populaire antifasciste, de l'évaluation de l'expérience des années 1930, et si les maoïstes d'Espagne ont bien saisi les limites de tout cela, ils n'ont historiquement jamais été en mesure de synthétiser une proposition stratégique. C'est très exactement là que l'OCBR a échoué.
D'où inversement le succès du Parti Communiste d'Espagne (reconstitué) et des GRAPO, sur une ligne antifasciste armé dans le prolongement des années 1930 (farouchement opposé au maoïsme), puis désormais de Reconstruccion Comunista.
C'est dans cette question que réside la faiblesse des maoïstes, qui ont toujours vu la dimension profondément social-démocrate de cette culture « républicaine » – car affirmant comme stratégie la lutte pour la 3ème République espagnole – mais ne sachant pas comment avancer de leur manière.
Faut-il considérer cette expression social-démocrate comme réformiste radical ? Révisionniste ? Social-démocrate historique ? Révolutionnaire se trompant ?
De toutes manières, cette question concerne les communistes d'Espagne, de l’État espagnol, car cela demande un travail de synthèse historique énorme.
Même si, et très certainement les maoïstes d'Equateur, du PCE-CR, ont raison de souligner que quand par contre se pose la question des relations internationales, alors avoir des liens avec les hoxhaistes dans un pays a un impact international.
Et évidemment les hoxhaistes ont toujours eu intérêt à endormir les maoïstes pour s'affirmer parallèlement comme plus sérieux, plus posés, les maoïstes étant d'un côté « acceptés » comme des petits frères turbulents, et de l'autre massacrés idéologiquement comme des gauchistes délirants.
Il faut se rappeler avec quelle violence Enver Hoxha a insulté Mao Zedong comme un contre-révolutionnaire, un anti-communiste, etc.
Mais surtout, il faut se rappeler que les hoxhaïstes considèrent les pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine comme capitalistes, et non comme capitalistes bureaucratiques. Alors que pour les maoïstes, ces pays subissent des régimes fascistes, pour les hoxhaïstes, il s'agirait de démocraties autoritaires, avec une « gauche » qui serait « réformiste » et qu'il faudrait déborder.
En pratique, le hoxhaïsme est la branche « radicale » de la modernisation bureaucratique des Etats fascistes d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine. C'est la thèse maoïste, admirablement synthétisée par Gonzalo.
A ce titre, s'il peut y avoir des rapports cordiaux et antifascistes dans des pays d'Europe entre hoxhaistes et maoïstes, ceux-ci ne peuvent qu'être extrêmement limités de par la signification historique de la contradiction entre hoxhaisme et maoïsme. A moins bien sûr d'avoir une interprétation « démocratique », libérale de la révolution, et de s'imaginer que plusieurs partis vont se concurrencer, qu'il faut accepter les divergences, etc. - une conception strictement opposée à la compréhension du principe de la lutte des deux lignes.