La coupe du monde de football et le slogan "impossible n'est pas français"
Submitted by Anonyme (non vérifié)Hier soir, le 12 juin 2014 a débuté la coupe du monde de football au Brésil, pour une durée d'un mois.
Elle est un évènement très rentable pour les sponsors et les promoteurs ayant construit ou agrandi des stades et des installations au Brésil – au mépris de la mort d'un certains nombres d'ouvriers sur les chantiers et dans un contexte de corruption mafieuse et de détournement de fond massifs. Elle l'est aussi pour les marchands de pizzas de mauvaise qualité ou encore les industriels de la bière. Ces derniers ont d'ailleurs réussi, par le biais de la FIFA, à imposer au parlement brésilien le fait que la bière soit vendue dans les stades pendant la compétition, alors que l'alcool y est normalement interdit.
La coupe du monde de football est aussi l'occasion d'une importante mobilisation nationaliste dans les pays qui y participent. C'est dans ce cadre que la FIFA a organisé, avec le constructeur automobile Hyundai, un vote en ligne auprès des supporters entre plusieurs propositions pour choisir un slogan à chaque sélection nationale engagée dans la compétition. Celui-ci figure en grosses lettres sur les bus de chacune d'entre-elles.
Pour la France, le slogan qui a été choisi est « Impossible n'est pas français ». Cette phrase n'est pas anodine et exprime un fort contenu idéologique.
On la trouve en fait dans les Maximes et pensées de Napoléon, recueil attribué à Honoré de Balzac. « Impossible n'est pas français » est attribuée à Napoléon Ier dans un cadre de mobilisation guerrière. La version la plus répandue fait état d'une missive destinée à un général exposant ses difficultés dans le contexte de la campagne d’Allemagne (ou campagne de Saxe) durant l'été 1913 dans laquelle Napoléon répond : « Ce n’est pas possible, m’écrivez-vous; cela n’est pas français. »
Il s'agit donc avec ce slogan de la mise en avant d'un esprit conquérant et expansionniste dans le but d'écraser ses adversaires, malgré les difficultés annoncées.
Ce slogan fait appel à l’irrationnel pour célébrer la nation. Ce qui est d'autant plus flagrant lorsque l'on regarde la version anglaise du slogan peinte aussi sur les bus : « impossible is not a french word » (« impossible n'est pas un mot français »). Et pourtant, « impossible » est bien un mot français issu du latin !
Ce slogan correspond parfaitement à la mobilisation nationaliste nécessaire pour le capitalisme. Du point de vue strict du football, le psychodrame français de 2010 en Afrique du Sud doit être oublié, tout comme les différentes affaires autours de la Marseillaise et du fait que tel ou tel joueurs ne la chantent pas.
Les personnes dans le peuple qui d'ordinaire ne s'intéressent pas au football, c'est-à-dire souvent les femmes, sont directement visées afin d'exalter « la fierté nationale ». Tout est fait à travers les différents médias français, pour mettre en avant l'Équipe de France. Par exemple avec des reportages futiles où il est question des bancs du vestiaire du stade d’entrainement au Brésil, du fait que Michaël Landreau et Karim Benzema écoutent Céline Dion ou bien encore de la décoration de leur hôtel. Il y a la volonté d'organiser une proximité avec le joueurs, afin que les masses s'identifient à ces jeunes riches et déconnectés de leurs réalités.
Même les médias « sérieux » font des émissions spéciales, des soirées en direct du Brésil, invitent des sociologues, des hommes politiques, des artistes, etc. pour parler du football, de la « nation », etc.
Le but derrière cela est d'organiser une « ferveur » à base nationaliste.
En effet, la coupe du monde de football n'est pas une rassemblement authentiquement populaire des masses mondiales. Elle est une compétition organisée par cette grosse instance bureaucratique, fermée et imprégnée de corruption qu'est la FIFA. Elle est un évènement antidémocratique ayant accompagné le développement capitaliste au XXe siècle et qui est imposé aux masses. Elle est un évènement d'essence fasciste.
C'est précisément la raison pour laquelle le secrétaire général de la FIFA, le français Jérôme Valcke, a pu expliquer à propos de l'organisation de la coupe du monde de football au Brésil :
« Je vais dire quelque chose de fou, mais un moindre niveau de démocratie est parfois préférable pour organiser une Coupe du monde. Quand on a un homme fort à la tête d'un Etat qui peut décider, comme pourra peut-être le faire Poutine en 2018, c'est plus facile pour nous les organisateurs qu'avec un pays comme l'Allemagne où il faut négocier à plusieurs niveaux »
On retrouve cette même logique fasciste dans l'organisation de la coupe du monde de football par l'Etat brésilien. En effet, les masses populaires brésiliennes se révoltent depuis des mois contre l'organisation de cette coupe du monde de football du fait des conditions de travail catastrophiques sur les chantiers de construction et des coûts, dopés par la corruption, absolument gigantesques de la construction de nouvelles infrastructures absurdes ; coûts qui ont été compensé par des hausses d'impôts, des coupes budgétaires énormes, l'abandon de projets socialement plus utiles. Face à cette révolte des masses, l'Etat fasciste brésilien a répondu par une répression extrêmement brutale et le nettoyage social des quartiers pauvres des grandes villes.
Cette révolte des masses populaires brésiliennes a été commenté ainsi par le français Michel Platini, président de l'UEFA et candidat à la présidence de la FIFA (et ex-figure du football français des années 1970-1980) :
« Il faut absolument dire aux brésiliens qu’ils ont la coupe du monde et qu’ils sont là pour montrer les beautés de leur pays, leur passion pour le football et que s’ils peuvent attendre un mois avant de faire des éclats un peu sociaux, ce serait bien pour le Brésil et pour la planète football. »
Cette phrase révèle tout le mépris fasciste pour les masses des dirigeants du « football mondial » en fait tous liés aux puissances impérialistes européennes.
Ce matraquage nationaliste ne concerne pas que la France et l'utilisation de la coupe du monde de football comme support à la mobilisation nationaliste est visible dans les slogans d'autres équipes nationales.
Par exemple le slogan de l'Allemagne « Ein Land, eine Mannschaft, ein Traum » (« un pays, une équipe, un rêve ») est une référence implicite au slogan nazi « Ein Volk ein Reich ein Führer ! » (« un peuple, un empire, un chef »), les slogans du Japon et de la Grèce et du Japon - respectivement « ΟΙ ΗΡΩΕΣ ΠΑΙΖΟΥΝ ΟΠΩΣ ΟΙ ΕΛΛΗΝΕΣ » (« les Héros jouent comme les Grecs ») et « サムライよ!! 戦いの時はきた!! » « Samourai !! Le temps du combat est venu !! » - sont des références a un passé glorieux et des appels à la guerre.
Dans le cadre de la France de notre époque, la coupe du monde de football est une étape de plus dans la mobilisation nationaliste des masses derrière la marche au pouvoir du fascisme. Comme le sera dans deux ans, en 2016, l'organisation de la coupe d'Europe des Nations en France.