Florange, une nationalisation au service de l'impérialisme français
Submitted by Anonyme (non vérifié)Arnaud Montebourg a officiellement annoncé ce qu'il laissait sous-entendre depuis un certain temps : il propose une « nationalisation » de l'aciérie de Florange. Ce qui est en jeu à Florange est, comme nous l'évoquons régulièrement, au cœur de l'actualité ouvrière en France et est d'une importance particulière.
La proposition « radicale » du ministre du redressement productif est censée apparaître comme un coup de force social, dans l’intérêt des masses. Pourtant, c'est plus que tout au service des monopoles et de l'impérialisme français que se ferait cette « nationalisation » choc vantée par le proto-fasciste Arnaud Montebourg.
En mettant en avant une « nationalisation », Arnaud Montebourg veut en fait obliger le groupe ArcelorMittal, un monopole basé au Luxembourg et détenu par un indien, à se soumettre à l'impérialisme français. Comme il ne plie pas (ArcelorMittal maintient la fermeture des hauts-fourneaux), l'idée est de le dégager tout simplement. Le ministre propose donc d'obliger ArcelorMittal à céder l'acierie de Florange en entier, c'est-à-dire les hauts fourneaux donc (ainsi que la cokerie), dont le groupe ne veut plus, mais aussi le reste du site qui est encore exploité.
Les hauts fourneaux servent à produire la matière nécessaire à l'exploitation des autres parties de l’aciérie. Le groupe ArcelorMittal préfère importer de l'acier plutôt que de le produire sur place – cela n'est pas conforme aux intérêts impérialistes français.
Par la voix d'Arnaud Montebourg, les intérêts de l'impérialisme français s'expriment dans une forme très agressive et brutale : « Nous ne voulons plus de Mittal en France parce qu'ils n'ont pas respecté la France ». Ses propositions ont largement « choqué » les partisans d'un capitalisme traditionnel de « libre » concurrence. Typiquement, Dominique Seux, le rédacteur en chef des "Echos" le journal économique dans lequel le ministre a publié ses propositions, parle d'une idée « stupéfiante » et se prononce sans détour contre la nationalisation.
Aujourd'hui avec l'intensification de la crise capitaliste, le vieux rêve libéral bourgeois d'un capitalisme de concurrence « libre et non faussée » s'effondre totalement devant la marche des monopoles pour conquérir totalement le pouvoir.
Arnaud Montebourg n'a pas simplement parlé de nationalisation de l'aciérie de Florange dans son interview aux Échos. Il a en fait étalé tout un discours populiste et nationaliste contre le groupe Mittal. C'est le sens justement du fameux : « nous ne voulons plus de Mittal en France » car il « ne respecte pas la France », etc.
Ces propos tiennent certainement en partie de la démagogie politicienne et de la provocation populiste fascisante, mais en tout cas le fond est là. Et justement Marine Le Pen n'a pas critiqué ces propos, mais publié un communiqué pour expliquer qu'il faudrait passer des mots aux actes et accélérer le processus!
Elle a même candidement expliqué: « Il y a fort à parier que la toute récente conversion du ministre [du Redressement productif] Montebourg à cette solution ne dépassera pas, une nouvelle fois, le stade des mots et des promesses. »
Ce que cela signifie, c'est le renforcement du capitalisme monopoliste d’État. C'est-à-dire la soumission directe et totale de l’État bourgeois aux intérêts des monopoles impérialistes. C'est une tendance inévitable qui se renforce avec la crise du capitalisme et la concurrence inter-impérialiste.
Et c'est une option qui obtient le soutien d'une partie de plus en plus importante des cadres de l'impérialisme français, tel Thierry Breton (Ministre sous un gouvernement de droite) qui se dit favorable à la nationalisation. Il a été successivement à la tête de Thomson puis de France Télecom, deux monopoles piliers du capitalisme monopoliste d’État français: son soutien ne signifie pas rien!
La proposition de nationalisation obtient également le soutien du néo-gaulliste Henri Guaino, pour qui « Montebourg a tort sur la forme et raison sur le fond », ainsi que d'autres personalités classées à droite.
L'hostilité de toute une partie des représentants de l'impérialisme français à l'encontre du monopole ArcelorMittal ne peut être saisie que dans le cadre de la concurrence inter-impérialiste.
Le groupe ArcelorMittal est né de la mainmise sur le groupe Arcelor par Mittal Steel Company, basée aux Pays Bas et historiquement lié à l'impérialisme américain (Steel Group étant initialement une des plus grosses entreprises américaines). Arcelor par contre, était un groupe européen lié à l'impérialisme français par le monopole Usinor à l'origine de sa création.
En 2006, la Mittal Steel Company avait acquis Arcelor par la force, malgré les tentatives de coopération entre Arcelor et le groupe Severstal, monopole lié directement à l'impérialisme russe. Le groupe russe Severstal pourrait d'ailleurs être le repreneur du site de Florange, dans le cadre d'une alliance impérialiste constituante du bloc Paris/Berlin/Moscou.
Car justement, en fait de nationalisation véritable, la proposition de Montebourg consiste surtout en une éventuelle manœuvre pour arracher l'usine à ArcelorMittal et la mettre dans les mains d'un autre monopole – la nationalisation ne doit être que temporaire. Mais quand bien même, de toute façon les nationalisations ne signifient pas une perspective socialiste pour les masses populaires. Une nationalisation, c'est un moyen pour l'impérialisme de moderniser et renforcer sa structure capitaliste, mais cela ne constitue pas une socialisation de la production. D’ailleurs, lorsqu'il y a nationalisation, y compris si cela devait être le cas à Florange, le monopole est largement « indemnisé. »
Pour faire face à la crise, la classe ouvrière doit prendre son destin en main et mener l'offensive contre les monopoles. Comme nous l’expliquions à propos du terme de « génocide industriel » à Florange, la question du contenu de la production doit être posée, afin de s’armer contre la bourgeoisie et sa vision du monde réactionnaire.
Pour cela, il faut savoir faire face à la démagogie pseudo sociale et de plus en plus nationaliste des sociaux-démocrates, qui ressemble de plus en plus à la démagogie pseudo sociale et nationaliste du fascisme. Social-démocratie et fascisme sont des frères jumeaux. Ils sont les deux faces d'une même pièce impérialiste qui veut soumettre et entraîner les masses derrière la marche des monopoles français pour la conquête totale du pouvoir.
L'impérialisme est l’ennemi mortelle des masses populaires. Pour avancer dans le chemin de leur libération, les masses devront détruire la propagande impérialiste qui se pare du masque du socialisme... Il est très clair que l'impérialisme veut amener dans le sens du nationalisme, de la mobilisation des masses pour la nation, pour la production nationale, pour la modernisation, pour réimpulser le capitalisme, etc.!
Face à ce plan, la seule perspective est la reconstruction du Parti Communiste armé du matérialisme dialectique, seul capable de guider les masses face aux multiples pièges et manoeuvres impérialistes!