La contradiction entre les villes et les campagnes - 7e partie
Submitted by Anonyme (non vérifié)La contradiction entre les villes et les campagnes a clairement atteint une maturité certaine en ce début de XXIe siècle. Cela signifie deux choses : la première, c’est que la perspective communiste peut être définie, au moins dans ses traits généraux.
La seconde, c’est que la révolution socialiste se déroulera conformément au cadre établi par la contradiction entre les villes et les campagnes, prolongement de la contradiction entre la bourgeoisie et la classe ouvrière (et les masses populaires en général).
Cela n’a rien d’étonnant : la stratégie bolchevik tout comme la stratégie des communistes de Chine sous la direction de Mao Zedong ont été déterminées par les conditions concrètes de la prise du pouvoir.
En Russie, la révolution a ainsi commencé dans les villes, pour se prolonger dans les campagnes. En Chine, la révolution a commencé dans les campagnes, pour se prolonger dans les villes.
On peut sans nul doute affirmer qu’en France, où les villes ont d’une certaine manière « absorbé » les campagnes, campagnes de fait devenues capitalistes avec un haut niveau de productivité, la révolution socialiste se déroulera dans les villes et dans les campagnes, simultanément.
Il faut considérer qu’en France, villes et campagnes ne forment plus qu’un gigantesque réseau capitaliste ; il n’y a pas de zone « arriérée » sur le plan capitaliste.
Par contre, il est évident qu’à l’inverse le capitalisme profite d’une hégémonie culturelle énorme dans « l’arrière-pays », hégémonie ayant déjà causé la défaite de la révolution de 1871, de la révolte de mai – juin 1968.
Cet arrière-pays grandit, formant une zone rurbaine : une fausse ville, s’étalant dans les campagnes devenues capitalistes. La révolution socialiste doit donc disposer d’une stratégie alliant dans un même élan les villes et les campagnes, c’est-à-dire les centres urbains et les zones rurbaines.
Cela ne peut évidemment être fait qu’en établissant de solides fondements idéologiques et culturels, c’est-à-dire par l’affirmation du programme communiste de dépassement de la contradiction entre les villes et les campagnes.
La révolution socialiste affirme la nécessité de totalement remodeler le découpage urbain et celui des campagnes ; elle affirme la nécessité de faire reculer les villes pour permettre à la nature d’exister de nouveau de manière sauvage, et la nécessité de construire de nouvelles zones humaines, profitant des avantages des villes mais sans avoir leur identité opposée à la nature en raison du capital.
Il y a donc une véritable révolution culturelle à mener en France, dans le cadre de la crise générale du capitalisme.
Car le rurbanisme s’accélère, et est l’expression de l’invasion de la nature par la ville, sous la forme d’habitations le plus souvent individuelles, impliquant un coût écologique énorme et une vie désocialisée et ennuyeuse, centrée simplement sur la vie familiale.
Selon le recensement de l’Insee, 23,3 millions de personnes vivent dans les campagnes, contre moins de 20 millions dans les années 1960, et le mouvement s’amplifie.
Symbole de cette tendance : Paris devient au niveau national le centre de la bourgeoisie et de l’administration, avec également des emplois « peu qualifiés » s’appuyant sur une immigration conséquente, tandis que les habitants de l’Île-de-France partent ailleurs dès qu’ils peuvent, ne tenant plus face à la pression qui s’exprime.
Le même phénomène se retrouve, à différentes échelles, dans tout le pays.
C’est le chaos capitaliste, avec des infrastructures tellement en retard que 5 millions de personnes en France résident aujourd’hui en zone inondable ; la vétusté des infrastructures et l’imperméabilisation des sols (pour les bâtiments, les voies, les routes…) amènent de grands risques.
Cette conséquence du capitalisme est présentée comme une bonne chose par la petite-bourgeoisie ; selon Hélène Lipietz, une importante responsable des Verts, « le besoin de nature et d’authenticité manifesté par nombre de rurbains est une chance pour donner un second souffle à nos villages et à nos bourgs périphériques, alors que ceux-ci risquaient de se transformer en villages-musées ».
En réalité c’est tout le contraire. Le mouvement rurbain est l’apothéose du non-sens donné à la vie par le capitalisme. Il n’est pas une expression populaire, mais une conséquence de la gigantesque pression économique, tout comme le sont les grands ensembles.
Et de par sa nature, le phénomène rurbain empêche la lutte contre la catastrophe écologique en cours, parce que sa définition même repose sur l’individualisme le plus absolu.
Loin de résoudre la contradiction entre villes et campagnes, les rurbains ne sont plus ni de la ville ni de la campagne, ils n’ont plus d’identité et, de par leur statut de victimes de la crise en tant que classes sociales « coincées » entre la bourgeoisie (qui peut rester dans les villes) et le prolétariat (qui vit là où il peut et comme il peut, notamment dans les grands ensembles), ils forment une base sensible au fascisme.
Le sort de la révolution socialiste se joue ici. Soit la bourgeoisie arrive à entraîner avec elle les rurbains, en s’appuyant sur l’individualisme et le culte de la petite propriété. Le paysage de la France continuera alors d’être clairsemé de zones rurbaines, les derniers espaces naturels étant définitivement intégrés dans ce paysage.
Soit au contraire la classe ouvrière prouve qu’il vaut mieux vivre dans des zones collectives, où la vie dans des immeubles à taille humaine permet une démarche écologique, une solidarité générale, un meilleur développement culturel, une vie véritablement épanouie.
C’est le projet des communes populaires, qui s’intègrent harmonieusement à la nature, s’appuyant sur des zones agricoles reliées aux communes populaires, et protégeant de très larges espaces à la nature sauvage.
L’alternative pour les 30 prochaines années en France est la suivante : soit la continuation du capitalisme avec généralisation de centres-villes riches et ayant tendance à former une oligarchie, et étalement toujours plus grand des zones rurbaines, jusqu’à l’absorption complète de la nature.
Et finalement la généralisation de la barbarie pour une longue période, en raison du caractère dénaturé de l’humanité et de l’effondrement de toutes les valeurs de civilisation.
Soit la révolution socialiste, signifiant l’arrêt de la destruction de la nature, par le recul des villes et la construction de communes populaires conjuguant de manière harmonieuse nature et culture.
Tel est le sens du slogan du PCMLM : Socialisme ou retombée dans la barbarie !