Meurtre d'Agnès : la réaction de son grand-père
Submitted by Anonyme (non vérifié)Après la mort terrifiante d'Agnès, son grand-père s'est exprimé dans la presse. Ses paroles sont celles d'une personne dévastée par cette tragédie et en colère contre un crime atroce qui n'aurait pas dû arriver. Mais ses propos traduisent également la vision terriblement erronée de sa classe sociale, la bourgeoisie, dans une version humaniste censée l'immuniser du climat ambiant.
Le grand-père d'Agnès rappelle que c'est lui qui a incité les parents de la jeune fille à l'inscrire au collège-lycée international de Cévénol pour lui garantir un meilleur parcours scolaire. Il souligne également la dimension humaniste de Cévenol et du village Chambon-sur-Lignon, connu pour avoir sauvé des enfants juifs de la barbarie nazie.
Cet arrière-plan historique a convaincu ce bourgeois humaniste que Cévenol était le bon choix pour Agnès. Il qualifie même le meurtrier d'Agnès de "petit nazi", montrant une juste perception du caractère fasciste de ce meurtre, comme nous le soulignions nous-mêmes dans notre précédent article.
Mais justement, le grand-père et les parents d'Agnès ont considéré qu'il était possible de vivre à l'abri de la fureur du capitalisme. Une frange de la bourgeoisie, dans son aspect humaniste hérité des Lumières, a les moyens de se fabriquer des tours d'ivoire où elle se croit à l'abri de la barbarie capitaliste. Le collège-lycée Cévénol était une de ses tours d'ivoire, isolée dans la campagne d'un département lui-même très rural, présentant le double avantage de sa réputation et de sa discrétion, sans grilles pour le protéger d'une horreur qui, s'imaginaient les bourgeois humanistes, ne viendrait jamais s'y loger...
Mais tout cela est pure illusion. Personne ne peut vivre "à l'abri" dans le capitalisme. Au contraire, tout le monde vit "à merci de...", et chaque marche blanche célébrant la mémoire de chaque victime de crimes barbares vient rappeler que "cela pourrait arriver à tout le monde", qu' "il suffit de se trouver au mauvais endroit", de faire "la mauvaise rencontre"...
Le grand-père d'Agnès colporte uniquement la vision de sa classe sociale, dans une version humaniste, quand il dit "Que personne ne me dise que dans toute vie en société il y a un risque", puis ajoutant "Ce qui me frappe beaucoup, c'est que ce soit un jeune homme de 17 ans, fils d'un professeur et d'une comptable. C'est inimaginable".
Dans sa vision bourgeoise, un tel drame n'aurait pas dû arriver à sa petite-fille appartenant à ce milieu privilégié dans un endroit aussi reculé, aussi préservé des crimes commis par des prolétaires dont les parents ne sont pas professeurs et comptable et qui ne frappent pas "les gens comme eux"...
Certes, le meurtre d'Agnès fait suite à toute une série de négligences inacceptables de l'administration de l'Etat bourgeois au sujet de la réinsertion dans un internat mixte d'un élève ayant déja commis un viol. Mais il faut bien comprendre que notre époque est celle de la crise générale du capitalisme et de l'explosion du fascisme, une déferlante qui fait vaciller l'Etat bourgeois et la bourgeoisie dans ses fondements, allant même jusqu'à s'infiltrer dans des lieux conçus pour rester "purs", comme Cévénol.
Il est impossible de rester "à l'abri" à l'époque de la déferlante fasciste qui se nourrit de la décomposition capitaliste. Dans la vie courante, alors que la misère a explosé en raison de la crise, il est d'ailleurs très fréquent de rencontrer des attitudes cherchant à "désamorcer" la réalité terrible du capitalisme. Quand on voit des personnes mendier dans les transports en commun ou dans la rue, il est commun de voir parmi les personnes aux alentours des petits sourires gênés, des sourires de circonstance parfois accompagnés de phrases cherchant la distanciation du style "ils ont bien dormi là, ils sont pas dérangés à cet endroit...", "dis donc, il avait la voix qui portait celui-là, ça va encore ses cordes vocales...".
C'est une attitude tout à fait compréhensible humainement qui vise à "décompresser" pour mieux supporter l'insupportable, mais en vérité la pression du capitalisme ne baisse pas pour autant et nous, communistes, voulons maintenir la pression de la réalité terrible du capitalisme jusqu'à la révolution socialiste.
Et à notre époque marquée par la progression du fascisme, il est facile de voir que le nationalisme essaye de tirer la couverture à lui pour se proposer comme solution en temps de crise. C'est ainsi qu'un site (non institutionnel) de l'armée française a l'aplomb de publier un texte pour s'indigner de la réinsertion de Mathieu, le meurtrier d'Agnès, après son premier viol.
L'armée impérialiste française ne manque vraiment pas d'air, elle qui tolère dans ses rangs les bizutages humiliants à caractère sexuel, les viols sur les terrains "d'action", les habitudes des soldats en poste à l'étranger de fréquenter les bordels. Pour rappel, aucune vérité officielle n'a encore éclairé les agissements de l'armée française au Rwanda qui a pourtant participé au génocide et s'est adonnée à des viols collectifs, y compris sur mineures.
Tout comme les policiers masculins pendant les gardes à vue, les militaires sont adeptes des remarques et insultes, salaces, grivoises, sexistes envers les femmes qui ont le malheur de se retrouver isolées parmi eux.
C'est cette armée qui se permet de donner des leçons alors qu'elle fait indéniablement partie du problème et non de la solution. Elle fait partie du problème car elle appartient à l'idéologie dominante du patriarcat inextricablement lié au capitalisme.
Le meurtrier d'Agnès est un individu mais aussi un produit de cette idéologie dominante qui continuera à faire des victimes innocentes tant que perdurera le capitalisme.
Dans sa vision humaniste mais bornée, le grand-père d'Agnès veut encore plus cloisonner la société pour se mettre à l'abri de la folie ambiante : "Il faut oser. La droite au pouvoir avait proposé des centres d'éducation fermés. Si ce gamin avait été dans un centre fermé, Agnès ne serait pas morte. Mais il faut oser, sinon on traîne dans une société des gens malades, déviants, assassins".
Non, le capitalisme nous met à la merci de la barbarie et aucun cloisonnement ne parviendra à résorber cette réalité. La solution réside dans la révolution socialiste qui abat le patriarcat et détruit la matière à la base de ces crimes barbares. Le peuple a le droit à la vie facile et heureuse mais seule la révolution socialiste peut le libérer du joug capitaliste où les crimes atroces menacent l'aspiration au bonheur tranquille.