Jean de La Fontaine

27 mar 2017

Les Fables ont un double caractère : d'un côté, elles sont individuellement chacune un portrait, de l'autre elles forment un ensemble posant une certaine réflexion philosophique sur la vie.

Quel est l'aspect principal ? Il y a ici deux approches possibles.

Soit on les prend isolément, en les considérant une par une, ce qui a été la norme jusqu'à présent, en raison de l'esprit étroit propre à la bourgeoisie, qui a cherché à diviser l'oeuvre pour trouver, de manière pragmatique, une utilité particulière à chacune d'elle...

23 mar 2017

Jean de La Fontaine a tenté de formuler sa conception de la dignité des animaux, dans un texte en vers placé dans les Fables, sous le couvert d'un discours à Madame de la Sablière.

Celle-ci l'a hébergé de 1673 à 1693, et en plus de saluer sa protectrice, il développe toute la philosophie matérialiste concernant les animaux.

Voici l'extrait concerné, relativement ardu de par sa forme ornementale typique du XVIIe siècle et convenant bien plus aux fables qu'à la littératures d'idées...

20 mar 2017

Jean de La Fontaine avait conscience de la limite de sa démarche et il a tout de même tenté d'y faire face, en promouvant la dignité du réel.

Dans ses Fables, les animaux ne sont pas que des masques des hommes ; ils ont leur dignité, un animal peut tout à fait être une « mère éplorée », les sentiments eux-mêmes sont présents, comme dans la fameuse fable des deux pigeons.

Celui qui s'ennuie regrette amèrement d'être parti et d'avoir abandonné son amour par folie des grandeurs ; c'est là une des plus belles si ce n'est la plus belle fable de Jean de La Fontaine, qui dépasse en fait d'ailleurs l'approche propre à une fable (des sauts de ligne sont ajoutés pour faciliter la lecture)...

18 mar 2017

Quand on regarde une fable de Jean de La Fontaine et qu'on veut en saisir le sens, il faut discerner de laquelle des trois approches possibles elle relève.

Jean de La Fontaine ne parvient pas à choisir entre un néo-stoïcisme austère appelant au repli sur soi, une philosophie de l'attitude raisonnée dans quoi qu'on fasse et enfin une dénonciation pratiquement matérialiste de l'émergence du capitalisme.

D'où provient l'existence de ces trois approches, qui n'en sont en fait que deux comme on va le voir ?...

17 mar 2017

Ce qui est frappant chez Jean de La Fontaine, c'est ainsi un certain pessimisme, fondé sur un regard critique des mœurs de son époque.

En fait, les rapports marchands sont particulièrement présents dans les Fables, la raison en est simple : tout comme chez Jean de La Bruyère et François de La Rochefoucauld, on a la constatation de la prégnance toujours plus forte de la tendance capitaliste...

15 mar 2017

Ce qui caractérise l'idéologie de la monarchie absolue, c'est le néo-stoïcisme. Il faut savoir accepter son sort, lié à un ordre inné décidé par une puissance supérieure ; cette acceptation va de pair avec le fait de voir le bon côté des choses, tout en acceptant passivement un aspect négatif.

Cette idéologie bien spécifique traverse toutes les Fables et est propre à leur approche, ce qui fait d'ailleurs qu'elles ne parviennent pas à un enseignement d'ordre général, se contenant de faire passer un message par fable, avec la morale à la fin qui vise à atténuer les comportements du lecteur, en le menaçant d'une catastrophe s'il agit de manière démesurée...

12 mar 2017

Le XVIIe siècle est le « grand siècle » de l'histoire de France ; il est le moment-clef où la nation se forme après qu'ait été établi ses fondements au XVIe siècle, avec François Ier. Ce dernier a en effet constitué une entité étatique solide, fixant les frontières de manière strictement organisée et posant une langue comme dénominateur national.

La vie économique se développe de manière générale en s'appuyant sur la capitale maintenant une centralisation de l'ensemble de la culture, aboutissant à formation psychique française se développant par la culture...

2 fév 2015

Le culte des saints était dans l'intérêt des monarchies, puisque cela renforçait la religion et le statut du « roi de droit divin ». Cependant, les rois, lorsqu'ils parvenaient à élaborer les bases de la monarchie absolue, tendaient à rejeter l'influence par trop massive de l’Église, et on retrouve la même opposition dans l'aristocratie.

On a ainsi un style artistique royal qui existe, qui « évite » le contenu du baroque. Si l'on regarde le château de Versailles, l'hôtel des Invalides, l’église Saint-Sulpice, la chapelle de la Sorbonne, le château de Vaux-le-Vicomte, le palais du Luxembourg, le château de Maisons-Laffitte ou encore la place des Vosges, on n'y voit ainsi rien de baroque...

12 déc 2013

Jean de La Fontaine a écrit ses Fables dans l'esprit de l'averroïsme politique. Comprenons cela.

Au moyen-âge, face à la religion et au clergé, les matérialistes se trouvaient isolés, car la nouvelle classe révolutionnaire, la bourgeoisie, était encore faible, voire inexistante. Pour cette raison, le matérialisme européen, nommé « averroïsme », s'est transformé en averroïsme politique...

14 mar 2010

Jean Ferrat est mort. Avec lui meurt symboliquement toute une idéologie: celle du Parti « Communiste » français des années 1970.

Une idéologie extrêmement puissante, allant de la CGT au Secours Populaire (l’ex Secours Rouge), des municipalités à l’union de la gauche. Une idéologie réformiste et pragmatique, cachée derrière une façade « populaire et démocratique », et prétendant avoir comme objectif le socialisme, voire le communisme!

11 mar 1902

À Monseigneur le duc de Bourgogne

Je ne puis employer, pour mes fables, de protection qui me soit plus glorieuse que la vôtre.

Ce goût exquis et ce jugement si solide que vous faites paraître dans toutes choses au-delà d'un âge où à peine les autres princes sont-ils touchés de ce qui les environne avec le plus d'éclat; tout cela joint au devoir de vous obéir et à la passion de vous plaire, m'a obligé de vous présenter un ouvrage dont l'original a été l'admiration de tous les siècles ainsi que celle de tous les sages.

11 mar 1902

Monseigneur,
 
S’il y a quelque chose d’ingénieux dans la République des Lettres, on peut dire que c’est la manière dont Esope a débité sa Morale.

Il serait véritablement à souhaiter que d’autres mains que les miennes y eussent ajouté les ornements de la Poésie ; puisque le plus sage des Anciens a jugé qu’ils n’y étaient pas inutiles.

11 mar 1902

AVERTISSEMENT

Voici un second recueil de fables que je présente au public; j'ai jugé à propos de donner à la plupart de celles-ci un air et un tour un peu différent de celui que j'ai donné aux premières, tant à cause de la différence des sujets, que pour remplir de plus de variété mon ouvrage. Les traits familiers que j'ai semés avec assez d'abondance dans ]es deux autres parties convenaient bien mieux aux inventions d'Esope, qu'à ces dernières, où j'en use plus sobrement, pour ne pas tomber en des répétitions: car le nombre de ces traits n'est pas infini. Il a donc fallu que j'aie cherché d'autres enrichissements, et étendu davantage les circonstances de ces récits, qui d'ailleurs me semblaient le demander de la sorte. Pour peu que le lecteur y prenne garde, il le reconnaîtra lui-même; ainsi je ne tiens pas qu'il soit nécessaire d'en étaler ici les raisons: non plus que de dire où j'ai puisé ces derniers sujets...

11 Jan 1902

Avertissement

Voici un second recueil de Fables que je présente au public ; j’ai jugé à propos de donner à la plupart de celles-ci un air et un tour un peu différent de celui que j’ai donné aux premières, tant à cause de la différence des sujets, que pour remplir de plus de variété mon Ouvrage.

Les traits familiers que j’ai semés avec assez d’abondance dans les deux autres Parties convenaient bien mieux aux inventions d’Ésope qu’à ces dernières, où j’en use plus sobrement pour ne pas tomber en des répétitions : car le nombre de ces traits n’est pas infini...

S'abonner à Jean de La Fontaine