Jean Ferrat, rien d’autre qu’un triste La Fontaine
Submitted by Anonyme (non vérifié)Jean Ferrat est mort. Avec lui meurt symboliquement toute une idéologie: celle du Parti « Communiste » français des années 1970.
Une idéologie extrêmement puissante, allant de la CGT au Secours Populaire (l’ex Secours Rouge), des municipalités à l’union de la gauche. Une idéologie réformiste et pragmatique, cachée derrière une façade « populaire et démocratique », et prétendant avoir comme objectif le socialisme, voire le communisme!
Il suffit pourtant de voir la réaction de Nicolas Sarkozy à la mort de Jean Ferrat pour voir à quel point l’idéologie du Parti « Communiste » français des années 1970-1980 était profitable à la bourgeoisie. Le président de la république dit ainsi au sujet du décès de Ferrat:
« Chacun a en mémoire les mélodies inoubliables et les textes exigeants de ses chansons, qui continueront encore longtemps, par leur générosité, leur humanisme et leur poésie à transporter les âmes et les coeurs, à accompagner aussi les joies et les peines du quotidien (…).
Farouchement attaché à sa liberté et à son indépendance, il a toute sa vie pensé et vécu son art comme un artisanat, privilégiant constamment l’authenticité et l’excellence à la facilité consumériste des standards commerciaux. »
Tout y est bien résumé: Jean Ferrat était un populiste, un de ces agents de la mélancolie et de la nostalgie au sein du peuple, prônant une sorte d’anticapitalisme romantique, comme en témoigne par exemple cette vidéo.
On y voit une scène d’une modernité formidable. Bernard Pivot joue son bourgeois et dit qu’il ne veut pas de politique dans le vin, ou le saucisson.
Jean Ferrat fait alors son « humaniste » et explique que les campagnes se dépeuplent, mais il le fait de manière très conservatrice (sur le même mode que sa chanson très connue La montagne), avec une approche très « pays réel » par rapport à la ville où tout ne pourrait être que factice, faux.
Mais Pivot le ramène à une simple réalité, on ne peut plus matérialiste: pour le cochon, ça ne change rien la politique, il termine toujours en saucisson.
Et « l’humaniste » Ferrat, gêné et tentant de s’en sortir, ne peut rien faire d’autre que… rappeler à Pivot qu’il en a mangé aussi et qu’il est « particulièrement bon. »
C’est un excellent symbole de la collusion culturelle entre la bourgeoisie et le révisionnisme. La vie quotidienne, Jean Ferrat ne voulait pas la révolutionner; il n’entendait pas changer les êtres humains dans ce qu’ils ont de plus profond.
Il voulait juste éviter, de manière romantique, l’alternative qui selon lui s’offrait à l’humanité: la « jungle » (le retour à la barbarie) ou le « zoo » (un monde fade, où règne le « poulet aux hormones » critiqué dans la chanson « La montagne » par opposition au saucisson local célébré face à Pivot dans la vidéo).
Ce programme là, la bourgeoisie est tout prêt à l’accepter, au nom des « vraies valeurs » tel un bon gueuleton et un bon pinard, comme celui partagé par Pivot et Ferrat !
Jean Ferrat, c’est ainsi véritablement le symbole de l’idéalisme béat de la social-démocratie, qui n’y « croit plus » en raison de « l’horreur du stalinisme » mais qui agit tout de même, de manière « opiniâtre », par humanisme… C’est très exactement l’idéologie du NPA et tout est résumé dans la chanson de Ferrat intitulée Le bilan.
Jean Ferrat c’était en apparence l’idée de la révolte, et dans le contenu la considération que les masses ne peuvent qu’échouer, que la révolution est une utopie, que le communisme tend à devenir « meurtrier. »
Jean Ferrat est ainsi quelqu’un qui avait la même position par rapport au peuple que La Fontaine: une sorte de bon conseiller expliquant qu’il faut être prudent, rester dans son coin, car la vie est dure, la révolution n’étant qu’un piège, les bourgeois manipulant tout, etc.
Sauf que La Fontaine vivait à l’époque de la monarchie absolue, alors que Jean Ferrat lui a connu les années 1960-1970, période d’intense effervescence révolutionnaire.
Jean Ferrat n’a pas participé à tout cela; alors qu’avec le maoïsme en France naissait le cinéma de Jean-Luc Godard, avec une portée mondiale, les révisionnistes du P « C » F avait Ferrat et ses vieilles chansons de type traditionnelle, lancinantes et tristes, qui n’ont été rien d’autre qu’une variété tout à fait apte à passer dans les années 1980 dans une émission de Michel Drucker.
Jean Ferrat n’était donc qu’un triste La Fontaine, une caricature de La Fontaine, et un produit de cette France des années 1950-1960 à laquelle le mouvement de mai-juin 1968 est venu se heurter de plein fouet.
Son oeuvre ne peut qu’être réfuté, car le PCMLM rappelle les enseignements de Mao Zedong: chaque classe a son idéologie, et la bataille pour la culture, pour la civilisation, est au coeur du projet révolutionnaire.
Et sur le plan du mode de vie, de la morale, des mentalités, les révisionnistes du Parti « Communiste » français étaient (et sont pour ce qu’il en reste) totalement inféodés à l’hégémonie idéologique bourgeoise.
Attachée au culte de l’individu de type bourgeois (appelé « citoyen »), les sociaux-démocrates et les révisionnistes refusent toute orientation culturelle révolutionnaire, car ils en savent la signification.
Cela est particulièrement vrai si l’on regarde une structure comme le site internet Bellaciao, qui diffuse tous les préjugés de cette vision réformiste de type « laïque », « républicaine » et ultra populiste.
Prisonnières des traditions bourgeoises, les personnes qui font partie de ce courant politique n’ont pas d’autres choix que de chercher une radicalité de type romantique: fantasme sur le complot du « 11 septembre 2001 », utilisation de la question (arabe) palestinienne pour se donner une image « anti-impérialiste », fascination pour Chavez, l’Iran, Cuba, etc.
Et elles considèrent que leur vie privée est « sacrée » et qu’il n’y a aucun droit de la critiquer; pour ces gens, il suffit de s’imaginer « révolutionnaire » pour l’être.
Jean Ferrat ne peut qu’être salué et regretté par cette frange politique: l’apogée de Jean Ferrat a eu lieu justement au moment où l’idéologie révisionniste avait un impact énorme sur la société française.
Générosité, révolte, idéal, humanisme associé au refus absolu de la violence révolutionnaire… et refus d’organiser la rupture avec les mentalités, les manières, les attitudes, les valeurs de la bourgeoisie… le tout étant permis par l’existence d’un fort Parti « Communiste » français faisant miroiter l’illusion d’une éventuelle victoire électorale.
Les textes faussement sociaux et contestataires de Jean-Jacques Goldman se situent très exactement dans le prolongement de cette forme « radicale » de social-démocratie, tout comme le « changer la vie » de Mitterrand.
Tout comme évidemment le discours du Front de Gauche (voir notre document Marie-Georges Buffet: des thèses sur la « démocratie et « l’autogestion » en droite ligne de Marchais, de Thorez et du révisionnisme moderne).
Pour ces gens, tout changement culturel aura lieu… demain, après la révolution, après la victoire électorale, demain, demain, demain.
Pour nous communistes, au contraire, le nouveau affronte l’ancien dès le début de la lutte révolutionnaire. La stratégie révolutionnaire doit se fonder une morale authentiquement communiste, dans un processus d’autocritique ininterrompu.
Les contradictions ne se résolvent pas abstraitement et demain, elles se résolvent concrètement et aujourd’hui!
Le PCMLM assume la dialectique de la nature, le nouveau contre l’ancien, la révolution culturelle!