18 déc 2011

Houria Bouteldja: une logique ethniste pour soutenir un plan de carrière

Submitted by Anonyme (non vérifié)

«Il ne suffit pas de dire que c'est la lutte des classes, ça c'est clair et net. Il y a autre chose que la lutte des classes, il y a la race.» (Houria Bouteldja)

Le racisme anti-blanc existe-t-il ? Si l'on dit non, on nie une forme sociale qui existe parfois ; si l'on dit oui, est-ce que cela veut dire qu'il est à mettre sur le même plan que le racisme de personnes blanches contre des personnes « de couleur » ?

Mais surtout, est-ce que l’État français est « blanc » ? Y a-t-il des « races sociales » ?

En tant que communistes, nous pensons que la classe est tout et que la couleur n'est rien. La bourgeoisie française est en majorité « blanche », elle pourrait demain être métissée que cela n'y changerait rien.

Bien entendu, elle ne se métissera pas, mais pas parce qu'elle veut rester blanche : tout simplement parce qu'elle entend se reproduire tel quel, ses membres restent entre eux, ce qui est surtout le cas de ses couches supérieures (c'est notamment le phénomène des « rallys », soirées pour jeunes afin que ceux-ci ne fréquentent et ne se marient vite qu'avec des gens du même « standing »).

Voilà pourquoi le jeu de de Houria Bouteldja, porte-parole des Indigènes de la République, est pernicieux, et pourquoi il n'est nullement étonnant qu'elle soit poursuivie pour injure raciale par l'association toulousaine d'extrême droite « Agrif » (Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne).

Il y a ici une surenchère de racisme, d'analyse petite-bourgeoise comme quoi il y aurait des « races sociales », comme quoi la division sociale serait « ethnique. » Il y a un prétendu jeu de « concurrence » au sein d'un pays « démocratique » mais injuste.

Il n'y aurait pas de classes sociales, mais des couches sociales en concurrence pour une place au soleil (voir notre article Le racisme est-il le produit du « colonialisme » passé ou des rapports impérialistes présents? Au sujet de l'indigénisme, de l'ethno-différentialisme et du communautarisme, février 2007)

Selon Bouteldja, il y aurait ainsi un antagonisme complet entre les « blancs » et le reste de la société (résumée aux quartiers populaires!), les blancs étant forcément selon elle des personnes privilégiées.

C'est le même point de vue que les fachos, pour qui les personnes immigrées seraient privilégiées, mais inversé ; et ces personnes « blanches » sont appelées par elle des « souchiens » (pour « Français de souche »).

Au lieu de dénoncer le racisme comme une expression des rapports actuels de néo-colonialisme, elle les dénonce comme un reste du colonialisme du « passé » ; elle entend par conséquent « éduquer » les « blancs. »

C'est ce qu'elle disait par exemple dans l'émission de FR3 « Ce soir (ou jamais ! ) » de Frédéric Taddeï du 21 juin 2007, avec l'utilisation d'une expression qui lui vaut la plainte de l'association d'extrême-droite :

« Ce que nous, on appelle les “Souchiens”, puisqu'il faut bien leur donner un nom : les Blancs. »

Y a-t-il un jeu de mot avec « sous-chiens » ? Est-ce du racisme ? Peu importe, ce n'est pas à l'extrême-droite d'en juger.

Car d'ailleurs et surtout, le caractère scandaleux de tels propos tient au caractère racialiste de l'affirmation ; Bouteldja a une logique de « national-révolutionnaire » mais en version immigrée.

Elle raisonne en « blocs » ethniques, ce serait cela qui ferait l'organisation sociale !

Ainsi, Français de souche, on peut imaginer ce qu'elle veut dire par là, mais est-ce à dire que toutes les personnes « blanches » en France seraient un seul et même bloc ethnique ? C'est bien ce qu'elle dit, de fait.

C'est là une vision qui est la même que l'extrême-droite, mais vue du point de vue ethnique d'une minorité « raciale » tout aussi inventée.

Comment s'étonner que l'extrême-droite ethniste est contente des Indigènes, et inversement ? On a la même logique ethniste, opposée à la lutte des classes.

Les « Indigènes de la république » inventent d'ailleurs un mythe de la « libération nationale » des pays d'Afrique (qui en fait son restés semi-coloniaux) et le transposent en France, tout cela simplement afin simplement de soutenir un plan de carrière dans l'économie d'une couche petite-bourgeoise d'origine immigrée.

Cela, Bouteldja ne le cache même pas, voici ce qu'elle dit le 3 décembre 2011 :

« J’insiste sur le caractère politique de mon intervention car ces 3ème rencontres ont pour objectif de créer un Front Uni des Quartiers Populaires et des Immigrations et que « politique » signifie pour moi créer un rapport de force capable de défendre les intérêts des habitants des quartiers mais également aller à la conquête de notre part d’un pouvoir dont nous sommes exclus. »

On a ici une négation classique des luttes de classe : le pouvoir n'appartiendrait pas à la bourgeoisie, la société serait démocratique, etc.

Plus loin dans son discours le même jour, elle explique dans la même logique petite-bourgeoise que les « révolutions arabes » auraient été « historiques », que les pays africains seraient devenus réellement « indépendants » il y a 50 ans, etc.

Houria Bouteldja imagine de la même manière que l'Algérie serait réellement devenue indépendante il y a presque 50 ans ! Alors qu'il est évident pour toute personne sérieuse que la France a maintenu sa main-mise, la rendant simplement indirecte !

Comment ne pas comprendre que le NPA et toute une partie des anarchistes soutiennent une telle logique petite-bourgeoise ?

Une logique petite-bourgeoise qui accepte pour argent comptant la république dans ce qu'elle imagine être, au lieu de la considérer comme une dictature de la bourgeoisie !

Les « indigènes » sont ici bien les alliés des trotskystes dans leur entreprise de division des masses, de négation du patrimoine communiste.

Il n'y a qu'un drapeau, le drapeau rouge ; c'est ce drapeau qui abolit le racisme, tous les racismes, car il unifie les masses populaires et change réellement la société et le monde.

Les « Indigènes de la république » sèment la division, nient le racisme à l'encontre des personnes « blanches » au nom d'un mythe, celui de la liquidation du passé colonial...

Alors que les faits montrent clairement que la « décolonisation » n'a rien changé à la domination impérialiste, la modernisant même ! Seule la révolution de nouvelle démocratie puis socialiste libère réellement un pays opprimé... Seule la révolution socialiste liquide le racisme car liquidant l'impérialisme...

Le discours national-révolutionnaire des « indigènes », qui fascine tant des anarchistes toujours prompt à adorer des mythes, est trompeur, diviseur, opposé aux luttes de classe.

 

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