Le GIEC retire deux pages importantes de son 5e rapport de synthèse
Submitted by Anonyme (non vérifié)La position dans laquelle se trouve l'humanité par rapport à la biosphère aujourd'hui est tout simplement intenable. On a une accumulation de preuves scientifiques que la situation est catastrophique, on a de multiples « cris d'alarme ». Mais rien ne change pour autant.
La publication par le GIEC (Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat) de son 5e rapport de synthèse le 1er novembre 2014 reflète de manière terrible cette situation. Moins d'une semaine après sa publication, voilà qu'on apprend qu'il a été amputé de deux pages majeures.
Les deux pages en question consistaient en une sorte d'échéancier très précis expliquant comment ne pas dépasser les 2°C d'augmentation du réchauffement climatique d'ici à l’année 2100.
En effet, c'était l'information principale de ce 5e rapport de synthèse que d'expliquer en substance que le réchauffement était acquis, inarrêtable, mais qu'il était encore possible d'en limiter l'expansion à +2°C.
Moins d'une semaine après, cet infime « espoir » de limiter l'ampleur de la catastrophe apparaît déjà comme vain, torpillé par la suppression de ces deux pages.
Que s'est-il passé concrètement avec ce rapport ?
Cet « espoir » d'un réchauffement limité à +2°C d'ici à 2100 reposait sur un calcul prévisionnel assez simple : il ne faudrait pas dépasser les 1000 gigatonnes (mille milliards de tonnes) d'émission de dioxyde de carbone (CO2) avant la fin du siècle.
Seulement, sans changement drastique dans le mode de production, ce seuil sera dépassé bien avant 2100, peut être même avant la moitié du siècle.
Le problème est que le GIEC n'est pas un organisme indépendant. Il est une émanation de l'ONU et il dépend directement des gouvernements. La publication de ses fameux rapports de synthèse font l'objet d'un compromis avec les gouvernements, après des négociations pour le moins opaques.
L'encadré de deux pages ayant été supprimé était intitulé « Informations relevant de l’article 2 de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques ».
Cette convention a été signée en 1992 par la plupart des États (160) et l'article 2 en question stipule la chose suivante :
L'objectif ultime de la présente Convention et de tous instruments juridiques connexes que la Conférence des Parties pourrait adopter est de stabiliser, conformément aux dispositions pertinentes de la Convention, les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique.
Il conviendra d'atteindre ce niveau dans un délai suffisant pour que les Écosystèmes puissent s'adapter naturellement aux changements climatiques, que la production alimentaire ne soit pas menacée et que le développement économique puisse se poursuivre d'une manière durable.
On l'aura compris, les experts du GIEC avaient, en quelque sorte, tenté un « coup de pression » pour espérer faire avancer les choses.
Le raisonnement était simple. Ils expliquent que +2°C est la limite à ne pas dépasser pour éviter un bouleversement trop profond ; ils donnent une estimation d'émission de gaz à effets de serre correspondante ; et ils rappellent cet article 2 de la convention de 1992, ce qui obligerait de fait les États à freiner drastiquement les émissions de CO2.
Le désaveu est terrible pour le GIEC. Les gouvernements ont tout simplement balayé d'un revers de main cette convention de 1992. Ils veulent cantonner le GIEC à un simple rôle de consultation relativement inoffensif.
La signification de cela est évidente : le GIEC, malgré sa dimension scientifique, est totalement prisonnier du mode de production capitaliste. Il n'est qu'un des ultimes instruments idéologiques de la bourgeoisie prouvant chaque jour un peu plus sa décadence, son caractère devenu historiquement réactionnaire, incapable qu'elle est d'assurer la survie même de l'humanité.
Les classes capitalistes des différents États se sont dotées avec le GIEC d'un instrument de mesure, en se focalisant plus ou moins sur la question du réchauffement climatique. Elles espéraient certainement ainsi trouver les bons chiffres, les bons quotas de pollutions « acceptables » pour le mode de production capitaliste.
Mais à mesure que les perturbations écologiques ont lieu et s'accumulent, à mesure que les chiffres et les données se précisent, tout montre que le mode de production capitaliste est absolument antagonique avec le rapport nécessaire à la biosphère.
La question du réchauffement climatique n'est qu'un des aspects du rapport erroné qu'entretient l'humanité avec la biosphère à laquelle elle appartient. L'augmentation de l'acidité des océans, la déforestation, l'asséchement des terres, et particulièrement des zones humides, ainsi que la disparition d'un nombre effroyable d’espèces animales sont autant d'éléments prouvant la nécessité d'amorcer un changement radical et global.
Le GIEC, avec ses « espoirs » à l’horizon 2100 qui sont d'ores et déjà ruinés, n'est pas à la hauteur des enjeux de notre époque. Il montre à quel point il est historiquement dépassé tout comme l'est le mode de production capitaliste.
La situation est intenable. La biosphère a une biomasse, une quantité de matière vivante, déterminée à chaque époque. Plus les humains utilisent de ressources, plus ils augmentent leur biomasse et moins il reste de biomasse pour le reste des êtres vivants. Le mode de production capitaliste, opposant l'humanité au reste de la biosphère, surconsomme la biomasse par rapport aux besoins réels de l'humanité car il surproduit de manière irrationnelle.
La biosphère réclame une nouvelle synthèse afin d'accroitre sa biomasse. Elle réclame le dépassement du mode de production capitaliste. Pour cela, l'humanité doit s'assumer comme membre de la biosphère et non plus s'opposer à elle. L'humanité, en changeant son rapport à la nature et son mode de production, jettera ainsi les bases matérielles permettant de relancer son expansion tout en respectant la vie, par le biais de la conquête spatiale et donc de l'expansion de la vie à travers toute la Galaxie.