Emmanuel Kant

23 aoû 2016

Lénine soulève ensuite un point important. Critiquant le principe selon laquelle la pensée formerait elle-même une « économie », avec donc la logique du « moindre effort », il rejette bien entendu cela au nom de la théorie du reflet qu'est la pensée.

Ce n'est pas la pensée qui détermine la réalité, sa qualité, sa substance. Il prend un exemple concret : « Est‑il plus « économique » de « penser » que l'atome est indivisible ou qu'il est composé d'électrons positifs et négatifs ? »...

12 aoû 2016

Lénine écrit au début du XXe siècle en Russie, dans un pays où la monarchie absolue tente de développer le pays, soutenant le capitalisme, alors que la féodalité est encore massive, portée par une aristocratie profondément réactionnaire. La religion, le christianisme orthodoxe, est ici la clef de voûte du dispositif idéologique.

Le matérialisme et le marxisme ont alors eu une influence notable sur les couches éclairées et surtout sur la classe ouvrière, au point que les représentants intellectuels des couches dominantes devaient y faire face...

16 juil 2015

Si Emmanuel Kant fait l'éloge de la science laïcisée, il est obligé de maintenir la fiction d'un Dieu omnipotent afin de justifier l'existence du monde. Mais ce n'est pas l'aspect principal du problème ici posé, car en séparant l'être humain du reste de la matière au moyen de l'entendement « indépendant », il façonne une logique totalement anthropocentrique. Dieu n'est plus qu'un très lointain prétexte.

Ainsi, Emmanuel Kant termine la démarche de Galilée et Isaac Newton consistant à remplacer Dieu par les mathématiques comme « explication » du monde. En fait, on pourrait pratiquement qualifier le matérialisme bourgeois de matérialisme mathématique, par opposition au matérialisme dialectique...

15 juil 2015

Il y a une conséquence gigantesque à la position de Emmanuel Kant sur la science. A partir du moment où il dit qu'on ne peut pas connaître en tant que telle une chose, mais seulement notre rapport avec elle, il y a une part de relativisme qui est aujourd'hui franchement réactionnaire avec le néo-kantisme.

Toutefois, à l'époque, Emmanuel Kant joue un rôle progressiste, dans la mesure où il laïcise la science. En effet, aujourd'hui on peut considérer le kantisme comme un idéalisme, car il reconnaît la « chose en soi », le caractère inaccessible en elle-même de la « vraie » réalité d'une chose...

13 juil 2015

Emmanuel Kant, en tant qu'auteur des Lumières, a donc théorisé la toute-puissance de l'entendement. Dans un texte fameux de 1784, il appelle ainsi à l'autonomie de la pensée, dans un grand élan anti-féodal :

« Les lumières, c’est pour l’homme sortir d’une minorité qui n’est imputable qu’à lui. La minorité, c’est l’incapacité de se servir de son entendement sans la tutelle d’un autre. C’est à lui seul qu’est imputable cette minorité dès lors qu’elle ne procède pas du manque d’entendement, mais du manque de résolution et de courage nécessaires pour se servir de son entendement sans la tutelle d’autrui...»

12 juil 2015

Malgré les prétentions et la récupération faite par le néo-kantisme, Emmanuel Kant est bien un matérialiste : à ses yeux, c'est de la réalité que vient les informations correctes. Comme il le dit :

« Ce que j’ai appelé idéalisme ne concernait pas l’existence des choses (or l’idéalisme proprement dit, au sens communément reçu, consiste à la mettre en doute), car il ne m’est jamais venu à l’esprit d’en douter. »...

11 juil 2015

Emmanuel Kant reconnaît l'espace-temps, et toute son œuvre consiste à tenter d'évaluer de quelle manière la vie humaine doit s'organiser dans cet espace-temps. Il est clairement sur une position matérialiste, cependant il ne fait qu'entrevoir la dialectique, et butte par conséquent sur le rapport entre le corps et l'esprit.

Dans la Critique de la faculté de juger, il dit ainsi qu'Epicure a raison, à ceci près qu'il a tort de ne pas séparer les plaisirs du corps et ceux de l'esprit. Pour Emmanuel Kant, en effet, l'esprit est un prolongement structurel du corps...

10 juil 2015

La grande limitation de Emmanuel Kant est d'attribuer au temps un mouvement qu'il ne donne pas à l'espace. S'il l'avait fait, il aurait reconnu l'espace-temps est tant que tel, et aurait pu saisir le mouvement comme inhérent à l'espace-temps, et donc à la matière qui est sa réalité. C'est le principe du matérialisme dialectique, l'auto-mouvement de la matière, obéissant à la dialectique.

Pour Emmanuel Kant, l'espace-temps n'est au sens strict qu'un moyen pour comprendre les phénomènes auxquels on fait face. Pour lui, ni le temps ni l'espace n'ont de réalité universelle en tant que telle : ils sont liées à une vision que l'on aurait pour ainsi dire automatiquement (et il ne dit pas pourquoi, la seule réponse étant que nous sommes nous-mêmes un élément matériel, une composante de l'espace-temps)...

9 juil 2015

Que nous dit Emmanuel Kant au sujet du temps ? En apparence, il dit la même chose qu'au sujet de l'espace : de la même manière qu'on pense que les choses extérieures à nous se meuvent dans l'espace, on sait qu'il y a une succession de moments.

On ne fait pas l'expérience du temps, on sait à la base qu'il existe, sinon on ne pourrait pas le concevoir, on vivrait dans l'immédiat tout le temps, sans conscience d'un passé ou d'un futur...

5 juil 2015

Comment Emmanuel Kant a-t-il pu reconnaître la nature, et considérer qu'elle se transformait ? Pour comprendre cela, il faut étudier ce qu'il dit d'un côté au sujet de l'espace, de l'autre au sujet du temps. Son point de vue a été expliqué dans son œuvre « classique » : la Critique de la raison pure.

Que nous dit Emmanuel Kant au sujet de l'espace ? Pour lui, on est obligé de reconnaître que l'espace existe. On sait que l'espace existe : on sait que des objets existent par exemple à côté de nous. Ce ne sont pas les objets qui nous le diraient, dans un langage qu'on comprendrait au moyen des sensations, car on sait à la base qu'il y a des choses en plus de nous...

3 juil 2015

Selon les termes de Friedrich Engels, la théorie du ralentissement de la rotation de la terre par la marée énoncée par Emmanuel Kant est l'une de ses « deux hypothèses géniales ». La théorie est issue d'un essai d'à peine neuf pages dont l'objectif initial était de répondre à un problème posé par l'Académie Royale des Sciences, à savoir si la rotation de la Terre avait connu des altérations depuis qu'elle existe.

Rejetant l'idée de se baser les connaissances du passé qu'il juge « obscures » et « peu fiables », il s'en remet à l'étude de la nature...

2 juil 2015

Emmanuel Kant est le premier penseur permettant à la science de rompre avec le déisme, justifiant enfin le monde sans besoin d'une « pichenette » divine à l'origine. Citons ici de nouveau Friedrich Engels, cette fois dans l'Anti-Dühring, soulignant l'importance d'Emmanuel Kant :

« La théorie kantienne qui place l'origine de tous les corps célestes actuels dans des masses nébuleuses en rotation, a été le plus grand progrès que l'astronomie eût fait depuis Copernic.

Pour la première fois s'est trouvée ébranlée l'idée que la nature n'a pas d'histoire dans le temps. Jusque-là, les corps célestes passaient pour être demeurés dès l'origine dans des orbites et des états toujours identiques ; et même si, sur les divers corps célestes, les êtres organiques individuels mouraient, les genres et les espèces passaient cependant pour immuables...

30 juin 2015

Emmanuel Kant (1724-1804) est un « philosophe » extrêmement connu, et pour cause : nul autre penseur n'a systématisé autant la démarche bourgeoise dans la théorie et dans la pratique. Il n'est pas d'idéalisme aujourd'hui qui ne s'appuie sur Emmanuel Kant pour s'opposer au matérialisme dialectique ; le kantisme est une étude incontournable pour tout penseur bourgeois authentique.

Toutefois, Emmanuel Kant ne représente pas la pensée idéaliste la plus développée – représentant de la bourgeoisie, il a également porté des aspects matérialistes s'opposant à la féodalité, ce qui fait que comprendre Emmanuel Kant, et le kantisme, exige de ne pas avoir en seule perspective le néo-kantisme...

16 juin 2015

La féodalité possédait une conception précise de ce qu'elle appelait la « création » : le monde était statique, fourni tel quel par Dieu, et la société devait se reproduire fidèlement, tout comme la nature se reproduisait à chaque cycle.

Au départ, cette conception n'était pas élaborée véritablement ; ce n'est qu'avec l'irruption du matérialisme en Europe, sous la forme de l'averroïsme, au XIIIe siècle, que la panique devint générale dans la féodalité et qu'une véritable théorie fut construite à ce sujet, notamment par Thomas d'Aquin...

14 mar 2015

D'où vient la sensation ? Une telle question est une erreur typique, le produit des approches féodale et bourgeoise, qui séparent le cerveau et le corps. La conception féodale les sépare totalement, tandis que la voie bourgeoise les relie d'une manière tourmentée.

Les deux considèrent que la question de la sensation est relié au corps, à l'interprétation du corps par le cerveau. Un sentiment, une sensation, ne peut pas exister en soi ; cela n'a une existence que dans le cas d'une interprétation par un individu.

La raison de cet anthropocentrisme réside dans la métaphysique. Pour la conception féodale, l'esprit doit quitter le corps et rejoindre l'origine du monde, Dieu, qui est immatériel. Pour la conception bourgeoise, nous ne pouvons pas expliquer l'origine du monde, de sorte que nous devrions nous limiter à l'élaboration d'une théorie sur les relations que nous faisons avec la réalité...

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