27 Jan 2010

Sarkozy, la taxe Carbone, la bourgeoisie industrielle, et la sortie du MEDEF de l’Ania

Submitted by Anonyme (non vérifié)

L’année 2010 en France, comme toute la décennie elle-même, sera déterminée essentiellement par un fait: la capacité de l’avant-garde à agir conformément à une analyse matérialiste, réaliste de la situation.

L’économie politique est au coeur de la résolution des problèmes; sans économie politique, ce sont les idéalistes bourgeois, et particulièrement ceux de type fasciste, qui l’emporteront.

Mao Zedong a expliqué qu’avec le développement de la classe ouvrière en tant que classe, alors:

« Dès lors, au sein de la bourgeoisie, on a vu apparaître, à côté d’un idéalisme réactionnaire patent, nullement camouflé, un évolutionnisme vulgaire opposé à la dialectique matérialiste.

La métaphysique, ou l’évolutionnisme vulgaire, considère toutes les choses dans le monde comme isolées, en état de repos; elle les considère unilatéralement. Une telle conception du monde fait regarder toutes les choses, tous les phénomènes du monde, leurs formes et leurs catégories comme éternellement isolés les uns des autres, comme éternellement immuables. » 
(De la contradiction)

En ce qui concerne la situation en France, il a été affirmé dans de nombreux documents de Révolution que la situation était caractérisée, au sein notamment de l’appareil d’État, par la concurrence entre la bourgeoisie industrielle et la bourgeoisie financière.

Cette thèse est d’une extrême importance. Elle est matérialiste car elle explique que le capitalisme français évolue, qu’en son sein ce sont les monopoles qui prennent de plus en plus le pouvoir.

Elle amène ainsi une rupture stricte, sur les plans politique comme culturel, avec ceux qui s’imaginent que le capitalisme français est le même depuis 1945, voire depuis 1914.

Et c’est une bonne chose, car cela aide à voir que le fascisme n’est pas un « choix » tactique contre-révolutionnaire (thèse voulant que la bourgeoisie soit capable de « penser » ce qui est on ne peut plus faux), mais bien la domination de la bourgeoisie impérialiste, c’est-à-dire le produit naturel et obligatoire de la crise générale du capitalisme.

La thèse du PCMLM est la seule juste, car elle part d’une compréhension juste des tendances au sein du capitalisme français; la thèse du PCMLM repose sur l’analyse concrète d’une situation concrète: la situation en France.

Voilà pourquoi le PCMLM comprend la situation des animaux dans la société française aujourd’hui, et sait quelle place est la leur au sein de la tentative de la bourgeoisie de sauver le développement de ses profits.

Une telle compréhension serait impossible s’il s’agissait d’en rester à la conception idéaliste comme quoi le capitalisme n’aurait pas évolué de manière monopoliste depuis 1945 !

Ne pas voir que les monopoles se développent en France, c’est ne pas voir les évolutions culturelles réactionnaires qui sont la conséquence des choix productifs des monopoles.

Le PCMLM n’a pas comme programme une sorte de « socialisme » consistant en un même monde nucléarisé, destructeur pour la nature, assassin pour les animaux, patriarcal, mais qu’on aurait « socialisé » – un tel « socialisme » ne verra jamais le jour d’ailleurs, car la révolution socialiste n’aura lieu que si on réalise la révolution culturelle renversant les valeurs capitalistes.

Le PCMLM affirme la nécessité de la révolution culturelle. La révolution culturelle est une composante essentielle de la révolution socialiste – sans révolution culturelle, il n’y aura pas de révolution socialiste!

Comprendre cela est très important alors que le capitalisme français connaît une crise profonde. Prenons ici deux exemples récents et parlant. Constatons par exemple un phénomène très important, révélant la justesse notre analyse concernant les animaux et la course au profit.

A la mi-décembre 2009, l’Association nationale des industries agroalimentaires (Ania) a décidé de sortir du MEDEF, le syndicat patronal.

Cela signifie que l’industrie agroalimentaire (163 milliards de chiffres d’affaires, 412 500 salariés en 2008) s’affirme comme une véritable force au sein du capitalisme, elle ne supporte plus la tutelle d’autres groupes capitalistes.

Cela est très révélateur des contradictions au sein du capitalisme français. Pour cela constatons le second point: si la taxe Carbone de Sarkozy a été rejetée, ce n’est pas pour rien.

La taxe Carbone conçue par Sarkozy excluait en effet de cette taxe la bourgeoisie industrielle. Les 1018 sites industriels les plus polluants évitaient la taxe! 93 % des émissions d’origine industrielle, hors carburant, auraient été exonérées de la taxe Carbone!

Le premier ministre François Fillon avait d’ailleurs expliqué clairement que l’objectif était de protéger des secteurs industriels: « Certaines de ces exemptions avaient été prévues par le gouvernement en raison de la situation particulière de certains secteurs économiques, notamment ceux les plus exposés à la concurrence internationale. »

Mais comme justement il y a des contradictions au sein de la bourgeoisie, le secteur financier a saboté l’initiative de Sarkozy, par l’intermédiaire du Conseil constitutionnel présidé par Jean-Louis Debré.

Ce Conseil constitutionnel est composé de neuf membres: les anciens présidents de la république (donc Jacques Chirac et Valéry Giscard d’Estaing) et des très hauts fonctionnaires (et on remarquera des noms éminemment aristocratiques: Jacqueline de Guillenchmidt, Renaud Denoix de Saint Marc, Olivier Dutheillet de Lamothe…).

Le Conseil constitutionnel s’est expliqué dans un communiqué de quelques pages, où l’on peut notamment lire les choses suivantes:

« Toutefois, les articles 7 et 10 de la loi instituaient des exonérations, réductions, remboursements partiels et taux spécifiques.

Ainsi étaient totalement exonérées de contribution carbone les émissions des centrales thermiques produisant de l’électricité, les émissions des mille dix-huit sites industriels les plus polluants, tels que les raffineries, cimenteries, cokeries et verreries, les émissions des secteurs de l’industrie chimique utilisant de manière intensive de l’énergie, les émissions des produits destinés à un double usage, les émissions des produits énergétiques utilisés en autoconsommation d’électricité, les émissions du transport aérien et celles du transport public routier de voyageurs.

En outre, étaient taxées à taux réduit les émissions dues aux activités agricoles ou de pêche, au transport routier de marchandises et au transport maritime. »

Le Conseil constitutionnel explique donc que puisque les industriels sont exemptés de la taxe Carbone, alors la taxe Carbone n’est pas constitutionnelle. Mais ce discours institutionnel, ou même le prétexte écologique, ne doit pas masquer ce qui saute aux yeux: la loi de la contradiction est universelle et la bourgeoisie connaît en son sein un affrontement intense.

Sarkozy représente le rempart de la bourgeoisie industrielle: pour l’année 2010 la loi vient de faire passer de 65 ans à 80 ans la possibilité de donner 31 395 euros sans impôt à ses petits-enfants, l’impôt sur la fortune baisse également si on investit dans une PME… C’est le capitalisme à la papa que Sarkozy veut sauver.

Et à l’inverse, plus la bourgeoisie financière part à l’assaut de ce rempart, plus les fascistes seront soutenus, financés, armés! C’est cela qu’il faut comprendre!   

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