Les pays capitalistes – impérialistes et l’agriculture dans les pays semi-coloniaux d’Amérique latine
Submitted by Anonyme (non vérifié)Aujourd’hui, la vie quotidienne dans les pays capitalistes est façonnée par le mode de production capitaliste (MPC). Cela est logique : les capitalistes décident de la production, et imposent ainsi un certain type de consommation, un style de vie qui va avec, etc.
Voilà pourquoi à côté des grandes structures capitalistes existent des structures culturelles visant à asseoir la domination idéologique en rapport avec la consommation souhaitée par les capitalistes.
Le but étant pour les capitalistes de faire en sorte que leur modèle de société apparaisse comme logique, cohérent, naturel, sain, souhaitable et mieux encore : souhaité.
Les capitalistes visent à empêcher une compréhension matérialiste de la production, en mettant en avant un certain type de consommation.
En France, le nucléaire est très important : les institutions culturelles souligneront que la France s’est très vite investie naturellement dans le nucléaire, grâce à de nombreux scientifiques et ce dans la grande tradition industrieuse du 19ème siècle, que le nucléaire ne contribue pas au réchauffement climatique et que s’opposer au nucléaire est un préjugé digne du Moyen-Âge, etc.
De la même manière, l’industrie du sucre est très importante. Les capitalistes nient donc qu’ils imposent la consommation de sucre, surtout que le sucre (raffiné, à l’opposé du vrai sucre de canne) se retrouve principalement dans les produits de l’industrie agro-alimentaire.
En 1826, la consommation de sucre en France était de 2 kilos par habitant ; en 2007 elle est de 35 kilos ; les résultats sur la santé sont très importants : caries, obésité, problèmes cardio-vasculaires, diabète. Une étude de la Harvard School of Public Health (États-Unis) publiée en novembre 2006 dans la revue scientifique britannique The Lancet a conclu que l’excès de glucose dans le sang est la cause de plus de trois millions de décès par an dans le monde.
De la même manière, l’industrie agro-alimentaire s’est depuis 1945 précipitée dans l’utilisation des animaux, dont toutes les composantes sont utilisées, du lait à la viande, de la gélatine au cuir, des farines animales aux graisses pour les machines, etc.
Les capitalistes ont profité des énormes gains de productivité : les énormes fermes-usines permettent l’augmentation de l’intensité, mais également de la productivité grâce à la reproduction des animaux.
Aujourd’hui, on sait à quel point l’utilisation tout à fait récente et massive de viandes et du lait ont des effets très importants sur la santé, donnant naissance à toute une série de nouvelles maladies.
Mais en fait l’impact est également terrible sur toute la planète, car les capitalistes comptent bien généraliser cette consommation qui les arrange, tentant par exemple d’imposer le lait en Chine, ou de généraliser les fast foods.
Si la production de viande dans le monde était de 75 millions de tonnes en 1961, elle est de 271 millions de tonnes aujourd’hui, et en 2050 elle sera de 465 millions de tonnes.
Quelle est la conséquence ? Eh bien les capitalistes ont besoin d’énormes espaces pour leur production ; en fait, si toutes les personnes habitant sur la planète consommaient autant d’animaux que les gens des USA et d’Europe de l’Ouest, il faudrait plusieurs planètes.
En pratique aujourd’hui, la production des aliments concentrés pour l’élevage et l’élevage lui-même monopolisent aujourd’hui 78% des terres agricoles mondiales.
Et c’est un principe connu : 56% de la production mondiale des protéines végétales est utilisée pour le « bétail », et il faut 15 kilos de protéines végétales pour obtenir 1 kilo de protéines de boeuf, 7 kilos de protéines végétales, pour obtenir 1 kilo de protéines de porc.
Il faut 30 000 à 60 000 litres d’eau pour faire 1kg de viande de bœuf et 800 litres d’eau pour produire 1 kg de blé.
Ainsi, de par sa définition même, la consommation massive des animaux correspond à une logique économique fondée sur l’exploitation, le profit, et n’allant dans le sens que d’une petite minorité de la population mondiale seulement.
Mais quelle est la situation des masses mondiales justement, par rapport à ces choix capitalistes, en plus des problèmes d’alimentation ? Eh bien elles souffrent elles-mêmes terriblement.
Il est bien connu que dans les pays capitalistes, les fermes-usines provoquent des dégâts considérables, en raison des produits chimiques, de la destruction des sols conduisant à l’érosion.
Cette réalité gagne certains pays victimes de l’impérialisme, pays formant l’écrasante majorité de la population mondiale.
Ces pays ont vu leur économie modifiée dans les campagnes, de manière autoritaire. En fait, l’impérialisme a eu comme politique traditionnelle dans les pays semi-coloniaux de s’appuyer sur de grands propriétaires terriens dans les campagnes, constituant une sorte de féodalité moderne.
Mais dans certains de ces pays semi-coloniaux, l’impérialisme a investi massivement, transformant les paysans travaillant le sol de manière peu évoluée, les métayers, les journaliers, etc. en véritables ouvriers agricoles organisés dans des grandes structures modernes, comme au Brésil où les ouvriers agricoles employés à la journée sont appelés boia fria (mange froid, de par l’impossibilité de réchauffer leur nourriture).
Ce phénomène concerne en fait principalement l’Amérique latine, où ces dernières années sont apparues parallèlement de très nombreuses universités d’agronomie, publiques et privées.
L’entreprise française Doux fait désormais de plus en plus produire ses volailles au Brésil au lieu d’en France, fermant ses fermes-usines en France (et est l’un des principaux fournisseurs des Buffalo Grill, Pizza Hut, McDonald’s, Quick, Kentucky Fried Chicken).
De la même manière, en France, la grande majorité des jus d’orange sont fait à partir d’oranges du Brésil (on peut d’ailleurs noter que 90% des 550 millions de litres de jus d’orange bus chaque jour sur terre le sont en Amérique du nord et en Europe de l’Ouest).
Si la Chine est devenue « l’usine du monde », l’Amérique latine, notamment le Brésil et l’Argentine, est en passe de devenir la ferme-usine du monde. Au Brésil vient d’ailleurs de naître en mai Brasil Foods, plus grand producteur de volailles (1.7 milliards).
En pratique en Amérique latine, l’agriculture est ainsi à deux vitesses : d’un côté des petites productions ne possédant qu’une toute petite partie de la terre, de l’autre des grands entrepreneurs, petite minorité possédant l’écrasante majorité des surfaces agricoles et liée à l’impérialisme, produisant pour lui.
Cela est vrai pour l’Argentine, l’Uruguay, le Brésil, la Colombie, etc. A ce titre, l’Union Ouvrière Communiste (Marxiste Léniniste Maoïste) de Colombie a été la seule à comprendre la nature de ce phénomène dans son pays.
Elle a compris que le féodalisme était dépassé, qu’était né un capitalisme par en haut, sur le modèle des junkers allemands, ces grands propriétaires terriens qui sont su se maintenir en raison de l’échec de la révolution de 1848, modernisant leur exploitation sur le mode capitaliste (ce qui a particulièrement joué sur le caractère autoritaire – militariste du nazisme).
Ce qui ne veut pas dire que d’autres en Amérique latine n’aient pas « vu » et « ressenti » ce phénomène, bien entendu, et cela explique la vague culturelle en Amérique latine exprimant un refus de l’exploitation animale, associée malheureusement à un idéalisme le plus souvent utopique voire carrément anarchiste.
Mais l’UOC (MLM) de Colombie a constaté le phénomène de manière scientifique.
Les utopistes, eux, voient la consommation uniquement ; ils ne comprennent pas que la question est celle de la production, et que c’est une question ouvrière.
Ce sont en effet les possesseurs des moyens de production qui décident de la production, et à ce titre il faut bien voir que l’impérialisme maîtrise le processus en cours : il a la maîtrise des tracteurs et des machines agricoles, des semences, des engrais, des produits phyto-sanitaires et vétérinaires, etc., sans parler que les exportations sont à son service.
En conséquence, on peut résumer les choses ainsi :
a) l’impérialisme a décidé de l’alimentation massive de produits d’origine animale au cours des années 1950-1960 ;
b) la consommation massive de ces produits, étroitement associés à la chimie, a amené toute une série de problèmes de santé nouveaux, ainsi que de profonds dégâts écologiques et des questions morales ;
c) dans certains pays opprimés par l’impérialisme, l’agriculture a été modifiée par l’impérialisme et est devenue capitaliste bureaucratique, formant une sorte d’équivalent destructeur de l’agriculture capitaliste des pays impérialistes ;
d) de manière mécanique, des oppositions se sont développées contre ce mode de consommation, allant jusqu’à une volonté révolutionnaire (Front de Libération Animale, Front de Libération de la Terre), tout d’abord où est né l’agro-business (les USA), puis finalement en Amérique latine où l’agro-business s’est développé le plus tardivement ;
e) la question essentielle à ce niveau est la résolution des contradictions entre villes et campagnes, fondement nécessaire pour que l’agriculture serve les masses mondiales et non pas l’impérialisme, et ici la commune populaire chinoise est l’expérience la plus avancée pour nous communistes.