4 mar 2009

La Guadeloupe et la Martinique, victimes de l'oppression semi-coloniale semi-féodale

Submitted by Anonyme (non vérifié)

La révolte populaire, depuis le début de l'année dans les Antilles, démontre que l'analyse marxiste-léniniste-maoïste, selon laquelle la Guadeloupe et la Martinique sont de nature semi-coloniale semi-féodale, est indispensable pour comprendre la situation.

La bourgeoisie et ses relais médiatiques, ainsi que la social-démocratie (du PS au NPA), ont beau jeu de souligner les « particularités» de la Guadeloupe et la Martinique, parlant de situation locale totalement à part, de restes coloniaux, ou même de colonialisme, ou tentant à l'inverse de carrément nier toute différence avec la métropole (Arlette Laguiller: «Et puis, une minorité qui pille et exploite la majorité, c'est la Guadeloupe, c'est la Martinique, certes, mais c'est aussi la France continentale»).

Tout cela vise à cacher l'aspect fondamental de la domination impérialiste française, c'est-à-dire le féodalisme incarné sur place par les békés, les capitalistes compradore agents de l'impérialisme.

En fait, comme dans tous les pays de la zone des tempêtes, la réalité coloniale est indissociable de la réalité féodale, c'est pourquoi on parle de dimension semi-coloniale semi-féodale.

Car le colonialisme du type impérialiste ne consiste pas en un simple pillage commercial, mais en l'organisation moderne du pays opprimé selon les besoins impérialistes.

Et cette organisation moderne, c'est la formation d'une couche capitaliste bureaucratique et de grands propriétaires terriens - une domination de type féodal qui asseoit l'ordre colonial.

Evidemment, cette forme de féodalisme est d'un genre différent du féodalisme qui succède historiquement à la société esclavagiste dans les pays impérialistes.

Il s'agit d'un féodalisme permettant la formation d'une caste dépendante de l'impérialisme, maintenant le colonialisme.

Ainsi, en Guadeloupe et en Martinique, le colonialisme ne s'exprime pas de la même manière que le colonialisme « à l'ancienne », comme le montre d'ailleurs le changement de statut des possessions de l'impérialisme français: l'impérialisme français a intégré formellement la Guadeloupe et la Martinique dans ses structures institutionnelles, allant jusqu'à en faire des départements en 1946.

Mais il s'agit là d'une intégration formelle, d'un colonialisme masqué, relayé sur place par une bourgeoisie compradore, c'est-à-dire une bourgeoisie capitaliste bureaucratique : les békés.

Contrairement à ce que s'imagine la social-démocratie, les békés ne sont pas du tout un reste colonial - ils sont au contraire une caste de type féodale, servant de courroie de transmission à la domination coloniale.

Les békés sont le pendant de l'émigration organisée par l'Etat français pour affaiblir la Guadeloupe et la Martinique, comme par exemple celle, massive, pour intégrer des personnes martiniquaises dans le secteur hospitalier métropolitain.

Les békés sont en fait le fruit moderne (et pourri) de l'histoire coloniale de la Guadeloupe et de la Martinique; l'impérialisme français a toujours préservé cette couche de capitalistes compradore, quitte même à la reconstituer en Guadeloupe après la répression révolutionnaire de 1794.

La richesse des békés provient de l'Etat français, qui leur a fourni un grand capital en échange de l'arrêt de l'esclavagisme, faisant ainsi ds békés la couche compradore-bureaucratique locale.

En clair, la domination coloniale de l'impérialisme français passe impérativement par les békés.

Ainsi, il faut saisir que c'est le colonialisme qui « engendre » les békés et non les békés qui sont à l'origine du colonialisme.

Voilà pourquoi Alain Despointes, membre de l'une des puissantes familles békés de Martinique, peut expliquer fin janvier dans une émission de Canal + «vouloir préserver sa race» - c'est-à-dire sa caste.

Par conséquent, on peut dire que le féodalisme découle du colonialisme imposé par l'impérialisme, ce que la bourgeoisie essaie de nier en déconnectant le colonialisme du féodalisme, dont l'existence est carrément ignorée.

Il est donc juste de parler de dimension semi-coloniale semi-féodale, car l'un ne va pas sans l'autre. De fait, les békés détiennent autant une part importante des terres qu'ils contrôlent le circuit de distribution des marchandises (supermarchés) et de l'essence; ils forment 1% de la population et possèdent l'écrasante majorité des richesses.

Telle est la situation semi-coloniale semi-féodale, et c'est pourquoi la révolution doit obligatoirement être démocratique, ayant par là un aspect national et anti-colonial, et un aspect anti-féodal, l'aspect anti-féodal entraînant l'aspect anti-colonial.

La révolte aux Antilles montre que les masses guadeloupéennes et martiniquaises affrontent la dimension féodale de la domination impérialiste française, tout en considérant pour l'instant encore que cette domination est simplement coloniale, qu'elle est du même type que l'ancien colonialisme.

Voilà pourquoi seule une avant-garde marxiste-léniniste-maoïste dans ces pays peut éclairer le chemin de la libération, en permettent la liquidation de l'aspect féodal, dont l'importance est très grande puisque qu'il permet l'aspect colonial.

De nombreux épisodes historiques, comme l'assassinat d'André Aliker en 1934, la répression meurtrière des émeutes de mai 1967 ou l'empoisonnement délibéré des terres arables au chlordécone jusque dans les années 90, ont maintes fois rappelé le visage criminel des békés, caste compradore.

Pour les masses, le féodalisme est une réalité indéniable inscrite profondément dans l'histoire des Antilles. Les masses voient les békés tels qu'ils sont véritablement : une clique de seigneurs féodaux, au service de l'impérialisme, qui méprise ouvertement le peuple.

La rébellion que vit les Antilles est un pas en avant vers la guerre populaire, et l'analyse MLM du caractère semi-colonial semi-féodal des possessions de l'impérialisme français permet de rendre compte de la situation réelle; c'est le seul point de vue authentiquement matérialiste.

Hier comme aujourd'hui, c'est ce vieil ordre semi-colonial semi-féodal qui est en train de vaciller sous l'effet du soulèvement populaire qui pave la voie à la guerre populaire; en enclenchant le processus de guerre populaire prolongée, la révolution mènera inéluctablement les masses sur la voie de la révolution démocratique, anti-coloniale et anti-féodale, dans la longue marche vers le communisme.

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