CMLM[B], PCF(mlm) - 18 octobre 1977 : Andreas Baader, Gudrun Ensslin, Jan-Carl Raspe
Submitted by Anonyme (non vérifié)Les révolutionnaires authentiques ne se suicident pas, ils luttent pour la vie, défendant l'évolution révolutionnaire de la société, le développement dialectique de la matière. Pleins de joie et gaieté, ils portent un esprit combattant, la volonté de se soulever, la pensée révolutionnaire portant une critique systématique des aspects réactionnaires.
C'est également la raison pour laquelle Gonzalo, lorsqu'il a reconstitué le Parti Communiste du Pérou, a rejeté le principe de la grève de la faim. Le prolétariat ne se suicide pas ; il est l'avenir du monde !
Il n'y a jamais aucune raison pour une capitulation – la lutte continue jusqu'à la victoire !
Pour cette raison, nous voulons souligner ici la signification historique des meurtres d'Andreas Baader, Gudrun Ensslin et Jan-Carl Raspe, prisonniers politiques de la Fraction Armée Rouge, dans la nuit du 17 octobre 1977.
Ces meurtres forment un événement politique majeur dans le cadre de la lutte entre révolution et contre-révolution dans les métropoles impérialistes.
Ce fut un coup réactionnaire majeur contre le soulèvement apparu après la lutte anti-révisionniste qui a suivi les mouvements de l'année 1968 en France, en Italie, en Allemagne, aux États-Unis, pour reprendre la voie révolutionnaire, avec comme objectif de renverser la bourgeoisie.
La Fraction Armée Rouge a contribué d'une manière majeure à ce processus, plaçant l'identité révolutionnaire au centre de la lutte. Aucune acceptation de l'ordre impérialiste quotidien ne peut être faite par les communistes ; l'hostilité contre les valeurs du système capitaliste est un devoir.
Même si la Fraction Armée Rouge est allée trop loin dans cette question de l'identité et a basculé dans le subjectivisme, elle a compris le noyau de quelque chose de réellement important lorsqu'elle a dit en 1972 que :
« La situation d'exploitation des masses dans les métropoles n'est plus couvert par seulement le concept de Marx de travailleur salarié, dont on tire la plus-value dans la production.
Le fait est que l'exploitation dans le domaine de la production a pris une forme jamais atteinte de charge physique, un degré jamais atteint de charge psychique, avec l'éparpillement plus avancé du travail s'est produite et développée une terrifiante augmentation de l'intensité du travail.
Le fait est qu'à partir de cela, la mise en place des huit heures de travail quotidiennes – le présupposé pour l'augmentation de l'intensité du travail – le système s'est rendu maître de l'ensemble du temps libre des gens.
À leur exploitation physique dans l'entreprise s'est ajoutée l'exploitation de leurs sentiments et de leurs pensées, de leurs souhaits et de leurs utopies – au despotisme des capitalistes dans l'entreprise s'est ajouté le despotisme des capitalistes dans tous les domaines de la vie, par la consommation de masse et les médias de masse.
Avec la mise en place de la journée de huit heures, les 24 heures journalières de la domination du système sur les travailleurs a commencé sa marche victorieuse – avec l'établissement d'une capacité d'achats de masse et la « pointe des revenus », le système a commencé sa marche victorieuse sur les plans, les besoins, les alternatives, la fantaisie, la spontanéité, bref : de tout l'être humain !
Le système a réussi à faire en sorte que dans les métropoles, les masses sont tellement plongées dans leur propre saleté, qu'elles semblent avoir dans une large mesure perdu le sentiment de leur situation comme exploitées et opprimées.
Cela, de telle manière qu'elles prennent en compte, acceptant cela tacitement, tout crime du système, pour la voiture, quelques fringues, une assurance-vie et un crédit immobilier, qu'elles ne peuvent pratiquement rien se représenter et souhaiter d'autre qu'une voiture, un voyage de vacances, une baignoire carrelée.
Il se conclut de cela cependant que le sujet révolutionnaire est quiconque se libère de ces encadrements et qui refuse de participer aux crimes du système.
Que quiconque trouve son identité dans la lutte de libération des peuples du tiers-monde, quiconque refuse de participer, quiconque ne participe plus, est un sujet révolutionnaire – un camarade. »
Cette vision est unilatérale et la Fraction Armée Rouge s'est orientée dans la direction du tiers-mondisme, au lieu de prendre celle d'une critique générale de la vie quotidienne capitaliste.
La RAF n'a pas compris, par exemple, la contradiction entre les villes et les campagnes, la signification écologique dans le rapport entre l'humanité et la nature, l'importance de la question animale.
Néanmoins, la raison de cela repose bien sûr dans la situation historique alors, comme aspect principal. Qui plus est, les dirigeants de la RAF ont été assassinés de manière vraiment rapide, n'ayant pas le temps de développer leurs réflexions sur l'impérialisme.
En fait, l’État ouest-allemand n'a rien fait d'autre que procéder à la liquidation physique des cadres et dirigeants révolutionnaires. La thèse du suicide était, accompagnée de ces meurtres, une opération de guerre psychologique, dans le but de nier l'identité politique des prisonniers de la RAF, de bloquer la formation d'une ligne révolutionnaire.
Une autre figure révolutionnaire très importante, Ulrike Meinhof, avait déjà été assassinée dans sa cellule le 9 mai 1976, avec l’État ouest-allemand parlant de suicide afin de masquer ses activités contre-révolutionnaires.
Les meurtres du 18 octobre 1977 ont suivi cette ligne de liquidation, dans une tradition qui est celle du national- socialisme contre les démocrates et les révolutionnaires.
Et il faut noter que la prisonnière de la RAF Irmgard Möller fut retrouvée cette nuit-là victime de coups de couteaux ; elle a toujours nié qu'elle ait essayé de se suicider.
Il y a aussi de nombreux faits mettant en exergue le caractère absurde de la thèse ouest-allemande : Andreas Baader a été tué par arme à feu depuis une distance de 30 à 40 centimètres, il n'y avait pas de traces de poudre sur les mains de Jan-Carl Raspe, il n'y avait pas d'empreintes sur les armes d'Andreas Baader et de Jan-Carl Raspe, etc.
Qui plus est, Andreas Baader, Gudrun Ensslin et Jan-Carl Raspe étaient soumis à ce moment-là à un isolement total dans la prison de Stammheim, à côté de la ville de Stuttgart, en Allemagne de l'Ouest.
Cette situation difficile suivait l'enlèvement, début septembre 1977, de Hanns Martin Schleyer, ancien sous-lieutenant SS et principal secrétaire du président pour l'intégration économique du « protectorat de Bohême-Moravie » dans l'Allemagne nazie, puis Président de la Confédération des employeurs allemands et de la Fédération des industries allemandes.
L'enlèvement lui-même fut suivi du détournement du vol 181 de la Lufthansa allant de Palma de Majorque à Francfort, par un groupe armé palestinien, le 13 octobre 1977, ce qui aboutit à un échec militaire ; Andreas Baader, Gudrun Ensslin et Jan-Carl Raspe sont censés s'être suicidés à la suite de cela, malgré qu'ils aient été en isolement complet et placés sous une supervision complète.
Mais comme nous le disions, les révolutionnaires authentiques ne commettent pas de suicide. Ils luttent parce qu'ils savent que le Nouveau devient plus puissant, l'Ancien plus faible. C'est une loi de l'histoire, une loi de la matière elle-même dans son mouvement dialectique.
Et les prisonniers assassinés de la Fraction Armée Rouge menaient à ce moment une stratégie de défense au procès très agressive. C'est précisément ce qui était considéré comme le principal danger par l’État ouest-allemand.
Nous souhaitons préciser ici que cela ne signifie pas que nous approuvions le détournement totalement erroné d'un avion et la mort du pilote Jürgen Schumann. Une telle action n'a rien à voir avec une authentique politique prolétarienne ; c'est une expression d'une vision tiers-mondiste incorrecte, que nous avons déjà critiqué dans un document commun.
Et c'est également un argument contre la thèse contre- révolutionnaire du suicide : la Fraction Armée Rouge a toujours été très fière du soutien apporté par une unité armée palestinienne avec le détournement de l'avion, et cela jusqu'en 1998 ; la RAF comprenait cela comme une convergence de la lutte révolutionnaire mondiale.
En ce sens, même une défaite militaire n'aurait pas été une raison d'être considérée comme un coup significatif de la part d'Andreas Baader, Gudrun Ensslin et Jan-Carl Raspe.
Cela a été indéniablement une erreur subjectiviste ; la RAF a tenté de trouver à un autre niveau ce qui était à rechercher dans le cadre national, passant de l'internationalisme prolétarien au subjectivisme. Mais cette tendance au subjectivisme ne doit pas masquer sa contribution quant à la question de souligner l'identité révolutionnaire dans les métropoles impérialistes !
Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste [Belgique]
Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)
18 octobre 2017