15 juillet 1971 : la mort de Petra Schelm
Submitted by Anonyme (non vérifié)Il y a 45 ans, Petra Schelm était tuée par la police ouest-allemande. C'était le 15 juillet 1971, un mois avant l'anniversaire de ses 21 ans.
Après des études de coiffeuse, elle qui venait de milieux modestes avait choisi la rupture. Elle participait aux milieux hippies politisés, surnommé le « blues » et composé de cent colocations rassemblant plusieurs centaines de gens vivant de manière « alternative », dans un mélange de rock et de haschich (tout en refusant l'alcool, dans l'esprit hippie de l'époque).
C'est du « blues » dont seront largement issus des organisations de lutte armée comme « les rebelles du hasch », « le mouvement du 2 juin », « les Tupamaros de Berlin-Ouest ».
Petra Schelm participa à la genèse de cette émergence de la guérilla urbaine ouest-allemande, mais rompit avec l'esprit du « blues », devenant une membre du noyau dur de la première génération de la Fraction Armée Rouge.
Cela l'amena à passer dans la clandestinité, car la RAF se posait comme une organisation stricte de cadres agissant depuis l'illégalité, à l'opposé de la mouvance du « blues » s'appuyant sur des structures informelles et un maintien tant que possible au sein des structures légales tant que la police n'avait pas découvert les auteurs des actions illégales.
Dans ce cadre, Petra Schelm fut celle qui écouta les émissions de la police lors de l'opération de libération d'Andreas Baader, en 1970. Dans la foulée, elle participa à un stage de lutte armée en Jordanie, avant de revenir en Allemagne de l'Ouest, à Hambourg.
Elle participait à la construction d'une base dans cette ville, en particulier le vol et le maquillage de voitures puissantes servant aux braquages de banque pour financer la guérilla urbaine.
La police menait pour cette raison des opérations de surveillance de ce type de voiture. Ce qui fut le cas le 15 juillet 1971, 3 000 policiers ayant dréssé des barrages dans le nord de l'Allemagne de l'Ouest, dans la plus grande opération policière depuis l'interdiction du Parti Communiste d'Allemagne au milieu des années 1950.
Petra Schelm força ce jour-là l'un d'entre eux, avant de tenter de s'enfuir à pied avec un autre membre de la RAF.
Interceptée dans la rue, elle fut immédiatement prise sous le feu du commando policier, ce qui l'amena à répliquer et à se faire tuer, devenant la première personne membre de la RAF à tomber dans le cadre de la guérilla urbaine s'élançant alors en Allemagne de l'Ouest.
Après qu'elle fut neutralisée par la police, son corps resta dix minutes sans aucune aide ; au cimetière de Berlin-Spandau où elle fut enterrée, elle n'a pas de pierre tombale.
Le responsable berlinois de la police justifia le fait de tirer sans sommation au nom de conditions relevant de la guerre, alors que l'extrême-gauche mena une grande campagne contre cette mise en place de vastes opérations policières.
Le compagnon de Petra Schelm, également membre de la RAF, voulait incendier une voiture de police devant le commissariat et tirer à la mitraillette sur les policiers sortant de celui-ci, ce qui fut critiqué par Andreas Baader en ces termes : « Arrête tes conneries, nous combattons l'impérialisme, pas les flics ».
En avril 1972, la RAF expliquera dans le document Guérilla urbaine et lutte de classes :
« Petra [Schelm], Georg [von Rauch] et Thomas [Weisbecker] sont morts dans la lutte contre la mort au service des exploiteurs.
Ils ont été assassinés, afin que le capital puisse continuer d'assassiner sans être dérangé en cela, et afin que les gens soient amenés à devoir continuer de penser, qu'on ne peut rien faire contre cela.
Mais la lutte n'a fait que commencer ! »
Un peu moins d'une année plus tard, le 11 mai 1972, le commando Petra Schelm de la RAF attaquait avec 80 kilos de TNT le quartier général du cinquième corps de l'Armée américaine à Francfort, à l'occasion du début du bombardement du nord-Vietnam.
Trois jours après, une action similaire avait lieu à Heidelberg, avec 200 kilos de TNT, contre le quartier général européen de l'Armée américaine, détruisant l'ordinateur central coordonnant des bombardements au nord-Vietnam.