Charu Mazumdar - Faire progresser la lutte paysanne en combattant le révisionnisme (1966)
Submitted by Anonyme (non vérifié)Dans la période post-électorale, nos inquiétudes se révèlent justes par les actions de la direction du Parti elle-même. Le Politburo nous a ordonné de « poursuivre la lutte pour défendre les ministères non-congressistes contre la réaction ». Ceci laisse entendre que la tâche principale des marxistes n’est pas d’intensifier la lutte de classe, mais de plaider en faveur du cabinet.
Par conséquent, une convention de membres du parti fut réunie pour établir fermement l’économisme au sein de la classe ouvrière. Immédiatement après, un accord pour une trêve dans l’industrie fut signé à l’initiative du cabinet. Il fut demandé aux ouvriers de ne pas recourir aux gheraos. Qu’est-ce qui pourrait être une manifestation plus flagrante de collaboration de classe ? Après avoir donné aux employeurs les pleins droits pour exploiter, on demande aux ouvriers de ne mener aucune lutte.
Immédiatement après que le Parti Communiste ait rejoint le gouvernement qui fut installé des suites d’un formidable mouvement de masse, la voie de la collaboration de classe fut choisie. Les dirigeants chinois ont prédit il y a longtemps que ceux qui étaient restés neutres dans le débat international prendraient très rapidement la voie de l’opportunisme. Maintenant, les dirigeants chinois disent que ces avocats de la position neutre sont en fait révisionnistes et qu’ils devraient rapidement passer au camp réactionnaire.
Dans notre pays, nous faisons l’expérience de combien cette prédiction est exacte. Nous avons été témoins de la trahison de la classe ouvrière. A ceci, il faut ajouter l’annonce du dirigeant du Parti Communiste, Harekrishna Konar.
Au début, il a promis que toutes les terres acquises seraient distribuées parmi les paysans sans terre. Puis, la quantité de terre qui devait être distribuée fut radicalement réduite. En fin de compte, il a averti que l’arrangement existant ne serait pas appliqué cette année.
La remise du revenu foncier fut laissée à la merci des Junior Land Reforms Officers (JLRO). On a montré aux paysans comment soumettre des requêtes. De plus, on leur a dit que la prise de la terre par la force ne serait pas autorisée. Harekrishna Babu n’est pas seulement membre du Comité central du Parti Communiste, il est également le secrétaire du Krishak Sabha au Bengale occidental.
C’est en réponse à l’appel du Krishak Sabha dont il est à la tête que les paysans avaient mené une lutte pour la récupération des terres acquises et benami en 1959. [Terre benami : terres cultivées en prête-nom, occupée illégalement par son propriétaire en violation des lois des états établissant un plafond sur la superficie maximale autorisée par personne, ndlr] Dans l’intérêt des propriétaires terriens, le gouvernement a recouru à la répression et a statué en faveur de l’expulsion, cependant, dans de nombreux cas, les paysans n’ont pas renoncé à la jouissance de la terre et sont restés sur la terre grâce à l’unité villageoise.
Le dirigeant du Krishak Sabha a-t-il soutenu leur mouvement après être devenu ministre ? Non. La signification de ce qu’il avait dit est que la terre acquise serait redistribuée. Qui la recevra ? Sur ce point, les JLRO devaient demander l’avis du Krishak Sabha. Mais un tel avis serait-il accepté ? Aucune assurance de cette sorte n’a été donnée par Harekrishna Babu. Mais si les JLRO rejettent l’avis du Krishak Sabha, les paysans ne seraient en aucun cas autorisés à occuper la terre de force.
Harekrishna Babu n’a pas perdu de temps pour bien se faire comprendre sur ce point. Qu’est-ce ? N’est-ce pas se comporter comme un agent de recouvrement du gouvernement et des jotedars ? [Le jotedar est un riche paysan qui loue ses terres à des métayers. Il s’agit d’un personnage qui incarne parfaitement le féodalisme. C’est donc un propriétaire terrien qui loue − principalement oralement et sans preuve écrite − la terre à un paysan qui la cultive sur base d’une répartition des récoltes. En plus d’une part des récoltes (souvent plus de 50%), les jotedars extorquaient d’autres paiements aux métayers, tels que notamment des intérêts exorbitants sur leur prêt qui était soumis à continuelle révision, ndlr].
Même les membres du Congrès n’auraient pas osé plaider en faveur des classes féodales si ouvertement. Par conséquent, obéir aux instructions des dirigeants du parti signifierait admettre aveuglément l’exploitation et l’autorité des classes féodales. Donc, il est de la responsabilité des communistes de révéler le rôle anti-classe et réactionnaire de ces dirigeants aux membres du parti et au peuple, de se raccrocher au principe d’intensification de la lutte de classe et d’aller de l’avant.
Supposons que les paysans sans terre et les paysans pauvres acceptent la proposition de Harekrishna Babu et soumettent des requêtes. Que se passera-t-il ensuite ?
Certaines des terres acquises sont sans doute en jachère, mais la majeure partie sont des terres cultivables. Il y a des paysans qui sont en possession d’une telle terre. Aujourd’hui, ils jouissent de la terre en vertu de permis. Ou ils donnent une quote-part aux jotedars. Lorsque cette terre sera redistribuée, cela occasionnera inévitablement des frictions parmi les paysans pauvres et les paysans sans terre.
Profitant de ceci, les paysans riches assoiront leur leadership sur le mouvement paysan tout entier parce qu’alors que le paysan riche a des possibilités de prospection, il est également partenaire de l’influence féodale.
Par conséquent, Harekrishna Babu ne tente pas seulement de renoncer à la voie de la lutte aujourd’hui, mais il prend également des mesures afin que la lutte paysanne ne puisse pas non plus devenir militante à l’avenir.
Toutefois, nous avons adopté le programme d’une révolution démocratique populaire et la tâche de cette révolution est de mettre en œuvre des réformes agraires dans l’intérêt des paysans. La réforme agraire dans l’intérêt des paysans ne sera possible que quand nous serons en mesure de mettre un terme à l’emprise des classes féodales sur les régions rurales. Pour faire ceci, nous devons saisir la terre des classes féodales et la distribuer parmi les paysans sans terre et les paysans pauvres. Nous ne serons jamais capables de faire ceci si notre mouvement est enfermé dans les limites de l’économisme.
Dans toutes les régions où il y a eu un mouvement pour la terre acquise, d’après notre expérience, le paysan qui a obtenu une terre acquise et garanti le permis n’est plus actif dans le mouvement paysan. Quelle en est la raison ? C’est parce que la classe du paysan pauvre a changé en moins d’un an - il est devenu un paysan moyen.
Par conséquent, les revendications économiques des paysans pauvres et des paysans sans terre ne sont plus ses revendications. Donc, l’économisme occasionne une brèche dans l’unité des paysans combattants et rend les paysans pauvres et les paysans sans terre frustrés. Les défenseurs de l’économisme jugent chaque mouvement par la quantité de riz non décortiqué dans les maunds ou de terre dans les bighas qu’obtient le paysan. [maunds : nom anglicisé d’une unité de masse datant de la domination britannique. Bighas : unité de mesure de la terre et standardisée par les Britanniques, correspondant à 5/8ème d’acre, c’est à dire 0,13 hectare. Principalement utilisée au Bengale occidental, ou du moins à ces valeurs, ndlr].
Que la conscience combative du paysan se soit renforcée ou pas n’est jamais leur critère de jugement. Donc, ils ne font aucun effort pour élever la conscience de classe du paysan. Pourtant, nous savons qu’aucune lutte ne peut être menée sans faire de sacrifices. Le président Mao nous a enseigné que là où il y a lutte, il y a sacrifice.
Au stade initial de la lutte, la force de la réaction doit être plus grande que la force des masses. Par conséquent, la lutte sera prolongée. Puisque les masses sont la force progressiste, leur force augmentera jour après jour, mais étant donné que les forces réactionnaires sont moribondes, leur force déclinera sans interruption. Donc, aucune lutte révolutionnaire ne peut être victorieuse sans que les masses ne soient incitées à faire des sacrifices. D’après cette conception révolutionnaire fondamentale, l’économisme amène à l’impasse de la conception bourgeoise.
C’est ce que les dirigeants tentent d’accomplir par leurs activités. Un examen de toutes nos luttes paysannes passées indiquera que les dirigeants du parti ont imposé des compromis venus d’en haut aux paysans. Pourtant, il était de la responsabilité des dirigeants du parti d’asseoir le leadership combattant de la classe ouvrière sur le mouvement paysan. Ils ne l’ont pas fait avant, ils ne font pas même maintenant.
Maintenant, ils suggèrent d’avoir confiance en les lois et la bureaucratie. Lénine a dit que même si une loi progressiste est promulguée mais que la bureaucratie reçoit la responsabilité de l’appliquer, les paysans n’obtiendront rien. Par conséquent, nos dirigeants se sont très fort éloignés de la voie révolutionnaire.
La révolution agraire est la tâche du moment ; on ne peut pas ne pas accomplir cette tâche, et sans faire ceci, rien de bon ne peut être fait pour les paysans. Mais avant de procéder à la révolution agraire, la destruction du pouvoir d’état est requise.
Se battre pour la révolution agraire sans la destruction du pouvoir d’état équivaut à du pur révisionnisme. Donc, la destruction du pouvoir d’état est aujourd’hui la première et principale obligation du mouvement paysan. Si ceci ne peut pas être effectué à l’échelon du pays, à l’échelon de l’état, les paysans attendront-ils en silence ? Non, le marxisme-léninisme pensée Mao Zedong nous a enseigné que si, dans une quelconque région, les paysans peuvent être stimulés d’un point de vue politique, alors il faut que nous mettions à exécution la tâche de la destruction du pouvoir d’état dans cette région.
C’est cela que l’on appelle une zone paysanne libérée. La lutte pour créer cette zone libérée est la tâche la plus urgente du mouvement paysan aujourd’hui, une tâche de l’instant présent.
Que devons-nous appeler zone libérée ?
Nous devons qualifier de zone libérée une zone de laquelle nous avons pu renverser les ennemis de classe. Pour créer cette zone libérée, nous avons besoin de la force armée des paysans. Lorsque nous parlons de cette force armée, nous avons en tête les armes fabriquées par les paysans. Donc, nous voulons aussi des fusils. Que les paysans se soient présentés pour rassembler des armes ou pas est la base sur laquelle nous jugerons s’ils ont été soulevés politiquement. D’où les paysans obtiendront-ils des fusils ? Les ennemis de classe ont des fusils et ils vivent dans le village. Les fusils doivent leur être retirés de force. Ils ne nous cèderont pas leurs fusils volontairement. C’est pour cette raison que nous devrons nous emparer de leurs fusils par la force.
Pour ceci, il faudra apprendre toutes les tactiques aux paysans militants depuis la mise à feu des maisons des ennemis de classe. En outre, nous obtiendrons les fusils des forces armées du gouvernement en les attaquant subitement. La région dans laquelle nous serons en mesure d’organiser cette campagne de collecte de fusils se transformera rapidement en zone libérée. Donc, pour s’acquitter de cette tâche, il est nécessaire de propager abondamment parmi les paysans la politique d’édification de la lutte armée. De plus, il est nécessaire d’organiser de petits groupes militants secrets pour diriger la campagne de collecte de fusils.
En même temps que la propagation de la politique de la lutte armée, les membres de ces groupes tenteront de mettre en place avec succès un programme spécifique de collecte de fusils. La simple collecte de fusils ne transforme pas la nature de la lutte - les fusils rassemblés doivent être utilisés. Ce n’est qu’alors que la capacité créative des paysans se développera et que la lutte subira un changement qualitatif.
Ceci ne peut être effectué que par les paysans pauvres et les paysans sans terre, les grands alliés de la classe ouvrière. Le paysan moyen est aussi un allié, mais sa conscience combative n’est pas aussi intense que celle des paysans pauvres et des paysans sans terre. Par conséquent, il ne peut pas prendre part à la lutte dès le début - il a besoin d’un certain temps. C’est la raison pour laquelle l’analyse de classe est une tâche fondamentale pour le Parti Communiste. C’est pour cette raison que le grand dirigeant de la Chine, le président Mao Zedong, s’était occupé de cette tâche d’abord et fut à même d’indiquer infailliblement la voie de la lutte révolutionnaire.
Donc, le premier but de notre travail organisationnel est d’instaurer le leadership des paysans pauvres et des paysans sans terre dans les mouvements paysans. Le leadership des paysans pauvres et des paysans sans terre s’établira au cours de l’organisation du mouvement paysan sur base de la politique de la lutte armée. Parce que des classes paysannes, ce sont les plus révolutionnaires. Une organisation distincte des ouvriers agricoles ne servira pas cette tâche. Une organisation distincte des ouvriers agricoles encourage plutôt la tendance au mouvement syndical fondé sur l’économisme et intensifie les conflits entre les paysans.
L’unité des classes alliées n’est pas renforcée parce que, dans notre système agricole, l’exploitation des classes féodales est au premier plan. Une autre question qui se pose dans ce contexte est celle du compromis avec les petits propriétaires.
Quelle devra être l’attitude des communistes à cet égard ?
Pour ce qui concerne les compromis, nous devrons réfléchir à qui nous soutenons. Et dès lors, nous ne pourrons soutenir aucune autre classe contre eux. Dans le mouvement paysan (en Inde), les communistes ont toujours été contraints à renoncer aux intérêts des paysans pauvres et des paysans sans terre dans l’intérêt de la petite-bourgeoisie. Ceci mine la détermination combative des paysans pauvres et des paysans sans terre. Quant aux paysans riches et aux paysans moyens, nous devrions aussi avoir une position différente. Si nous considérons les paysans riches de la même manière que les paysans moyens, les paysans pauvres et les paysans sans terre seront contrariés.
Là encore, si nous considérons les paysans moyens de la même manière que les paysans riches, l’enthousiasme combatif des paysans moyens diminuera. Par conséquent, il faut que les communistes apprennent à faire une analyse de classe des paysans dans chaque région suivant les enseignements du président Mao.
Maintes et maintes fois, l’agitation parmi les paysans de l’Inde a surgi. Ils ont à plusieurs reprises demandé conseil au Parti Communiste. Nous ne leur avons pas dit que la politique de la lutte armée et la compagne de collecte de fusils constituent la seule voie. Cette voie est la voie de la classe ouvrière, la voie de la libération, la voie pour la création d’une société sans exploitation. Dans tous les états à travers l’Inde, les paysans sont aujourd’hui en état de troubles, il faut que les communistes leur montre la voie. Cette voie est celle de la politique de la lutte armée et de la campagne de collecte d’armes. Nous devons maintenir avec fermeté cette seule et unique voie vers la libération.
La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne de la Chine a déclaré la guerre à tous les types d’égoïsme, de mentalité de groupe, de révisionnisme, de suivisme de la bourgeoisie, d’éloge de l’idéologie bourgeoise − l’impact flamboyant de cette révolution a aussi atteint l’Inde. L’appel de cette révolution est – « Préparez-vous à résolument faire toutes sortes de sacrifices, à écarter un par un les obstacles le long de la voie, la victoire sera nôtre ». Si atroce soit l’aspect de l’impérialisme, si vilain soit le piège posé par le révisionnisme, les jours des forces réactionnaires sont comptés, les rayons de soleil éclatants du marxisme-léninisme pensée Mao Zedong effaceront toute l’absurdité.
Donc naturellement, la question se pose : A cette époque, la lutte de masse paysanne sur base de revendications partielles est-elle inutile ? Le besoin existe assurément et existera également à l’avenir.
C’est parce que l’Inde est un vaste pays et aussi que les paysans sont divisés en un grand nombre de classes que la conscience politique ne peut pas être au même niveau dans toutes les régions et parmi toutes les classes. Par conséquent, il y aura toujours la perspective et la possibilité d’un mouvement de masse paysan basé sur des revendications partielles et les communistes devront toujours tirer pleinement parti de cette possibilité.
Quelle tactique devrons-nous adopter pour mener les mouvements basés sur des revendications partielles et quel devra être son objectif ?
L’objet de base de notre tactique dépend de si oui ou non la large classe paysanne s’est ralliée et notre objectif fondamental devra être la conscientisation de classe des paysans − qu’ils aient progressé le long de la voie de la lutte armée globale.
Les mouvements basés sur des revendications partielles intensifieront la lutte de classe. La conscience politique des larges masses devra être élevée. Les larges masses paysannes devront être incitées à faire des sacrifices, la lutte se propagera vers d’autres régions. Les mouvements basés sur des revendications partielles pourraient prendre n’importe quelle forme mais les communistes devront toujours propager parmi les masses paysannes la nécessité de formes supérieures de lutte.
Les communistes ne devront en aucun cas admettre le type de lutte acceptable pour les paysans comme étant le meilleur type de lutte. En réalité, les communistes devront toujours poursuivre parmi les paysans la propagande en faveur des politiques révolutionnaires, c’est-à-dire la politique de la lutte armée et de la campagne de collecte de fusils.
En dépit de cette propagande, il est possible que les paysans décident de continuer les délégations de masse et nous devrons conduire ce mouvement. En des temps de terreur blanche, il ne faut vraiment pas sous-estimer l’efficacité d’une telle délégation de masse, parce que ces délégations de masse attireront de plus en plus les paysans dans la lutte. Il ne faut jamais condamner les mouvements basés sur des revendications partielles, mais c’est un crime de diriger ces mouvements à la manière de l’économisme.
En outre, c’est un crime de proclamer que les mouvements basés sur des revendications économiques prendront automatiquement la forme de la lutte armée car cela correspond à avoir le culte de la spontanéité.
De tels mouvements peuvent indiquer la voie aux masses, aider à développer la clarté de la position, motiver à faire des sacrifices. A chaque stade de la lutte, il n’y a qu’une seule tâche. A moins que cette tâche ne soit effectuée, la lutte n’atteindra pas le stade supérieur. En cette période, cette tâche particulière est la politique de la lutte armée et de la campagne de collecte de fusils. Quoi que nous fassions, sans effectuer cette tâche, la lutte ne sera pas élevée au stade supérieur. La lutte s’effondrera, l’organisation s’écroulera, l’organisation ne s’agrandira pas. De la même façon, il n’y a qu’une seule voie de la révolution en Inde, la voie indiquée par Lénine - bâtir les forces armées populaires et la république.
Lénine, en 1905, a dit que ces deux tâches devaient être exécutées partout où cela était possible, même si ceci n’était pas faisable pour la Russie entière. Le président Mao a enrichi cette voie indiquée par Lénine. Il a enseigné la tactique de la guerre populaire et, en suivant cette voie, la Chine est parvenue à la libération. Aujourd’hui, cette voie est suivie au Vietnam, en Thaïlande, en Malaisie, aux Philippines, en Birmanie, en Indonésie, au Yemen, à Léopoldville au Congo, dans différents pays d’Afrique et d’Amérique Latine. Cette voie a également été adoptée en Inde, la voie de la création des forces armées populaires et l’autorité du front de libération qui est suivi dans les régions Naga, Mizo et au Cachemire. Donc il faudra prier la classe ouvrière et lui dire qu’elle doit diriger la révolution démocratique de l’Inde. Et la classe ouvrière devra s’acquitter de cette tâche en procurant un leadership à la lutte de son plus ferme allié, la paysannerie.
Par conséquent, il est de la responsabilité de la classe ouvrière d’organiser le mouvement paysan et de l’élever au stade de la lutte armée. Il faudra que l’avant-garde de la classe ouvrière aille dans les villages pour prendre part à la lutte armée. C’est la tâche principale de la classe ouvrière. « Amasser des armes et créer des bases de lutte armée dans les régions rurales » − cela s’appelle la politique de la classe ouvrière, la politique de la prise du pouvoir. Nous devrons stimuler la classe ouvrière sur base de cette politique.
Organiser tous les ouvriers dans des syndicats − ce slogan n’élève pas la conscience politique de la classe ouvrière. Ceci ne veut assurément pas dire que nous ne devrons plus organiser de syndicats. Cela signifie que nous ne devrons pas laisser les ouvriers révolutionnaires du parti s’embourber dans des activités syndicales − leur tâche serait de diriger la propagande politique parmi la classe ouvrière, c’est-à-dire de propager la politique de la lutte armée et de la campagne de collecte des fusils et de bâtir l’organisation du parti. Parmi la petite-bourgeoisie aussi, notre tâche principale est la propagande politique et la propagande de l’importance de la lutte armée.
C’est-à-dire que sur chaque front, la responsabilité du parti est d’exposer l’importance de la lutte paysanne et d’appeler à la participation dans cette lutte.
Dans la mesure où nous exécutons cette tâche, nous atteindrons le stade de leadership conscient dans la révolution démocratique. L’opposition à cette voie marxiste-léniniste fondamentale du parti ne vient pas seulement des révisionnistes. Les révisionnistes prennent la voie de la collaboration de classe sur le champ, donc il est facile de les démasquer. Mais il y a, à l’intérieur du parti, un autre type d’opposition : ils reconnaissent que la révolution ne peut qu’être effectuée par la lutte armée.
Mais ils imaginent que la voie de la lutte armée ne peut être prise qu’en propageant le mouvement de masse démocratique partout en Inde. Avant cela, de petits ou même de gros affrontements ont lieu mais la prise du pouvoir n’est pas possible. Ils espèrent qu’en ce qui concerne la prise du pouvoir, l’Inde passera par une variante de la révolution d’octobre.
Pour l’Inde, ils appliquent mécaniquement leur savoir livresque sur la manière par laquelle la révolution d’octobre a réussi. Ils oublient qu’avant la révolution d’octobre, il y a eu la révolution de février ; les partis bourgeois avaient accédé au pouvoir et les soviets d’ouvriers, de paysans et de soldats avaient aussi du pouvoir entre les mains. En raison de l’existence de cette double autorité, le leadership de la classe ouvrière est devenu effectif et ce n’est que quand les soviets des partis petits bourgeois ont cédé le pouvoir à la bourgeoisie qu’il est devenu possible pour la classe ouvrière d’accomplir la révolution d’octobre.
Ils ne font pas l’analyse des conditions objectives de l’Inde. Ils ne tirent pas de leçons des luttes qui sont menées en Inde. La raison principale du succès de la révolution russe fut l’application correcte de la tactique de front uni. La question du front uni est tout aussi importante en Inde.
Mais dans la forme, la tactique de la révolution démocratique de l’Inde sera différente. En Inde aussi, au Naga, au Mizo, au Cachemire et dans d’autres régions, les luttes sont menées sous une direction petite-bourgeoise. C’est pour cette raison que dans la révolution démocratique, la classe ouvrière devra aller de l’avant en formant un front uni avec elle. Des luttes éclateront dans un grand nombre de nouvelles autres régions sous le leadership de partis bourgeois ou petits-bourgeois. La classe ouvrière s’alliera avec eux et la base principale de cette alliance sera la lutte anti-impérialiste et le droit à l’autodétermination. La classe ouvrière reconnait forcément ce droit, en même temps que le droit de sécession.
Bien que ceux qui rêvent de révolution en Inde le long de la voie de la révolution d’octobre soient des révolutionnaires, ils ne sont pas capables d’assurer un leadership vigoureux en raison de leur conception doctrinaire. Ils ne se rendent pas compte de l’importance des luttes paysannes et deviennent ainsi inconsciemment des propagandistes de l’économisme au sein de la classe ouvrière. Ils sont incapables d’assimiler les expériences des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine.
Une partie d’entre eux devient des disciples de Che Guevara et échoue à souligner l’obligation d’organiser les paysans, force principale de la révolution démocratique de l’Inde. C’est pourquoi ils deviennent inévitablement victimes de déviation de gauche.
Nous devrons donc leur prêter une attention toute particulière et les aider à s’instruire eux-mêmes. Il ne faut en aucun cas que nous soyons intolérants à leur égard. En outre, il y a parmi nous un groupe de camarades révolutionnaires qui acceptent le parti chinois et la pensée du grand Mao Zedong et qui accepte également cela comme l’unique voie. Mais ils considèrent le livre « Pour être un bon communiste » [publié par Liu Shaoqi, ndlr] comme l’unique chemin vers la culture de soi et sont par conséquent amenés à une grave déviation.
Le seul chemin marxiste vers la culture de soi enseigné par Lénine et le président Mao est la voie de la lutte armée. Ce n’est qu’en trempant dans le feu de la lutte de classe qu’un communiste peut devenir de l’or pur. La lutte de classe est la véritable école des communistes et la pratique de la lutte de classe doit être contrôlée à la lumière du marxisme-léninisme-pensée Mao Zedong et des leçons doivent être tirées.
Par conséquent, l’objet principal de l’éducation du parti est d’appliquer des enseignements du marxisme-léninisme dans la lutte de classe, d’atteindre des principes généraux sur base de cette expérience et de rapporter au peuple les principes résumés à partir de l’expérience. C’est cela qu’on appelle « à partir du peuple vers le peuple ». Ceci est l’objet fondamental de l’éducation du parti. Ces camarades révolutionnaires sont incapables de comprendre cette vérité essentielle de l’éducation du parti.
En conséquence, ils commettent des déviations idéalistes en ce qui concerne l’éducation du parti. Le président Mao Zedong nous a enseigné qu’il ne peut y avoir aucune éducation en dehors de la pratique. Selon ses mots, « faire est apprendre ». La culture de soi n’est possible que dans le processus de changement des conditions existantes grâce à la pratique révolutionnaire.
Révolutionnaires du monde, unissez-vous !
Vive l’unité révolutionnaire des ouvriers et des paysans !
Vive le président Mao Zedong !