Les cent ans de la fontaine de Marcel Duchamp
Submitted by Anonyme (non vérifié)Il y a cent ans, Marcel Duchamp a ouvert symboliquement toute une nouvelle époque. C'était la fin, du côté de la bourgeoisie, de toute prétention de rationalisme, d'objectivité, d'objectivisme dans le sens de la représentation des objets.
Parallèlement au développement impétueux des forces productives, la bourgeoisie a définitivement abandonné tout sens du réalisme, d'universalisme, de collectivisme, étant donné que ces valeurs relevaient maintenant de la substance d'une forte classe ouvrière.
Toute prétention esthétique a été abandonnée, avec également la capacité de produire une quelconque avant-garde ouvrant de nouvelles voies. L'art moderne cessa d'exister, l'art contemporain s'affirmant comme le culte de l'esprit individuel et la négation de la représentation de la réalité.
Le Français Marcel Duchamp, en présentant le 10 avril 1917, il y a cent ans, un urinoir en porcelaine comme « fontaine » lors d'une exposition de la société des artistes indépendants au Grand Central Palace à New York, a symboliquement levé le drapeau du subjectivisme.
Une année plus tard, Kasimir Malevitch salue cette tendance de négation de la réalité, par sa Composition suprématiste : blanc sur blanc, dépassant le travail déjà commencé par des peintres comme Claude Monet, Paul Cézanne, Vincent Van Gogh, Amadeo Modigliani ou Pablo Picasso.
Une fois ouverte, la porte du subjectivisme ne fut jamais fermé.
John Cage, en 1952, produisit une œuvre « musicale » appelée 4 minutes 33 secondes, avec aucun son à part celui des personnes dans la salle lors du concert. Samuel Beckett, en 1953, publia En attendant Godot, où des gens ont des comportements et des paroles absurdes, comme « preuve » du vide de la vie, de l'absence de tout sens de la vie.
Cette tendance appartient à la nature même de la bourgeoisie décadente et existe à tous les niveaux : la sculpture, l'architecture, les mathématiques, l'économie, la musique, etc.
Dans le domaine des sciences, ce n'est que l'utilisation massive des statistiques et des probabilités qui a permis de ne pas tomber totalement dans la croyance superstitieuse en le chaos, le hasard, les changements dus uniquement au hasard, des choix purement individuels.
La bourgeoisie est allée si loin que dans cette expression de nihilisme, elle a produit l'idéologie de la « déconstruction », levant le drapeau de l'ultra-subjectivisme.
C'est l'idéologie des prostituées présentées comme « travailleuses du sexe », la théorie du genre du type « LGBTQI+ » avec son inifinité de définitions (pansexuel, polysexuel, queer, aromantique, transsexuel, intersexe, bigenre, etc.).
C'est la volonté de nier l'existence de l'homme et de la femme comme réalité naturelle, du couple comme forme normale de relation, de l'identité comme choix « spirituel », développant des thèmes ethno-différentialistes, rejetant le principe de l'exploitation capitaliste et des luttes de classe, en faveur de l'affirmation individuelle contre des « oppressions ».
Et nous pouvons voir que la plupart de la gauche historique a été piégée par cette idéologie ultra-capitaliste.
Le manque de connaissance du matérialisme dialectique, un style de travail cosmopolite, la soumission aux courants radicaux petits-bourgeois, tout cela a amené le succès massif des thèses post-modernes.
C'est notamment le cas dans l'aire des organisations trotskystes, marxistes-léninistes, faussement « maoïstes » de par le monde, qui a entièrement rompu avec la tradition historique de la classe ouvrière, du mouvement communiste.
Ici, nous pouvons voir que les tendance ultra-gauchistes sont en convergence avec la modernisation du capitalisme.
Au contraire, les communistes authentiques défendent le réalisme socialiste, l'héritage démocratique national, le principe du mode de production, refusant la séparation du corps et de l'esprit.
Et il est nécessaire de comprendre ici qu'une partie significative des masses est piégée par l'apparence du post-modernisme : sans outils corrects sur les plans idéologique et culturel, les masses croient que le post-modernisme correspond à ce qu'est « être de gauche », étant soit en faveur de cela soit tombant dans la réponse réactionnaire du conservatisme et du fascisme.
En France, nous pouvons voir cela dans la campagne des élections présidentielles, avec les candidats post-modernes (Emmanuel Macron, Benoît Hamon, Philippe Poutou, et aussi de plus en plus Nathalie Arthaud) et les candidats nationalistes du « bon » capitalisme (Marine Le Pen, Nicolas, Dupont-Aignan, Jean Lassalle, François Asselineau, François Fillon, Jacques Cheminade), Jean-Luc Mélenchon étant à la croisée des deux.
Cela explique la situation politique vraiment difficile en France, mais montre aussi qu'il y a une voie : celle de la démocratie populaire, dans le refus à la fois du post-modernisme et de l'ultra-conservatisme, qui sont deux faces de la même pièce.