4 sep 2017

Une braderie de Lille sans bradeux

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 Braderie de Lille 2017, plots en bétonLa braderie de Lille de cette année 2017 était un événement populaire très attendu, après l’annulation de l’année dernière en raison des risques sur le plan de la sécurité dans un contexte marqué par des attentats islamistes meurtriers.

C’est en effet une indéniable fête portée par une véritable mobilisation à la base du peuple lui-même.

L’événement a toutefois été marqué par une profonde déception devant le caractère dénaturé de la braderie de Lille, caractérisée tant par une significative restriction du périmètre, que du nombre de stands (passant de 10000 pour l'année 2015 à 3000 cette année), d’un tarif de 250 euros pour la réservation d’un emplacement pour les personnes non résidentes de Lille.

Braderie de Lille 2017, rue du Molinel

La conséquence de cela a été l'absence massive des bradeux (les personnes vendant des objets) avec de larges pans de rues vides allant de paire avec un public clairsemé. Il y règnait donc une ambiance de simple balade dans une ville devenue piétonne, avec des brocanteurs professionnels et quelques simples bradeux.

Tout le caractère vivant de l’événement, toute son ambiance de rencontre et de curiosité, de vente d’objets ayant servi et pouvant servir, tout aspect fusionnel ville de Lille – aire urbaine lilloise, tout cela a littéralement disparu.

Alors que traditionnellement, les masses venaient de toute l'aire urbaine lilloise ainsi que du bassin minier pour tenir des stands. D'une manière générale, la braderie de Lille est considérée par les masses de la région lilloise au sens large comme l'évènement actant la rentrée.

Braderie de Lille 2017, sécuritéIl était par exemple classique que les gens s'y rendent non seulement en famille, mais aussi s'y retrouvent à un moment entre collègues pour un moment convivial. Cela est par exemple flagrant pour le marathon, qui a cette année était déplacé à Villeneuve d'Ascq alors qu'il était le moment lançant la braderie le samedi matin depuis des années, où l'on peut y voir un grand nombre d'équipes regroupant les gens travaillant dans la même entreprise.

Ce que la mairie et la Préfécture n'ont pas compris, c'est que Lille en tant que ville, et donc sa braderie, n'appartient pas seulement aux gens y habitant mais surtout aux gens y travaillant et la faisant vivre. Ce qui était d'ailleurs initialiement reconnu puisqu'il était de tradition (jusqu'il y a une dizaine d'années) que dans les entreprises de Lille et d'un certain nombre de villes alentour le lundi suivant la braderie soit un jour férié connu sous le nom « Lundi de braderie », car la braderie durait 48h donc jusqu'au lundi midi.

Et bien que cette désaffection et ce manque d'esprit de la ville aient été frappant, la Voix du Nord s’est bien sûr faite l’écho de Martine Aubry, pour qui s’il est vrai que c’était « très fluide dans les rues », cela reste un succès.

Braderie de Lille 2017, boulevard de la LibertéPourquoi ? Parce que la bourgeoisie ne peut pas reconnaître son échec et l’absence de continuité de ce qu’il y a de bien dans la société.

Martine Aubry et le préfet ont pensé résoudre le problème avec 1800 tonnes de blocs de béton bloquant les voies, des snipers sur les toits et des milliers de policiers, y compris belges et allemands, une brigade équestre (quatre cavaliers français et deux cavaliers belges), un hélicoptère et un avion survolant en permanence la zone, avec une réduction des droits de venir et de brader.

Mais un tel dispositif militaire signifie infantiliser les masses, réduire leur capacité d’action et de mobilisation, empêche les masses de l’aire urbaine de Lille de participer à la vie de Lille en tant que ville.

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