La sanglante attaque islamiste menée hier à la gare Saint-Charles de Marseille est, encore une fois, la preuve de l'autonomie de cette idéologie fondamentaliste. Il faut vraiment une pression psychologique très grande pour en arriver à se dire qu'on va tuer à l'arme blanche deux jeunes femmes inconnues dans une gare.

Cela demande un sang-froid d'assassin, couplé à une folie furieuse : le criminel s'est ensuite précipité sur des militaires de l’opération Sentinelle, qui l'ont alors tué.

Comment ne pas ressentir un écœurement, un malaise particulièrement profond, un sentiment d'angoisse et de colère ?

Surout que l'on sait que le mal est profond, que le capitalisme produit des monstres et que rien n'y fait, cette production semble ininterrompue.

Car la question est idéologique et culturelle ; cette idéologie islamiste s'appuie sur un terreau puissant, alimenté pendant des décennies par des pays semi-féodaux comme l'Arabie Saoudite, le Qatar, l'Algérie, la Turquie, etc.

Il ne s'agit pas que de l’État islamique, il s'agit d'une tendance idéologique présente dans de très nombreux pays dans le monde, formant une réaction romantique pro-féodale à l'impérialisme, mêlé à un capitalisme bureaucratique ignoble.

Pendant des décennies, les pétro-monarchies ou des pays comme l'Algérie ont diffusé une idéologie mortifère, paranoïaque et superstitieuse, avec une vision du monde complotiste fantasmagorique.

Tout cela est même de notoriété publique, et tout à fait accepté, comme en témoigne le soutien ouvert d'une large partie de l'État français ou de la mairie de Paris au Paris Saint-Germain qatari.

Cela va avec une hypocrisie générale également. Le footballeur catalan Xavi, qui joue au Qatar, a ainsi expliqué au sujet de l'interdiction du référendum d'auto-détermination par l’État espagnol :

« Ce qu’il se passe aujourd’hui en Catalogne est une honte. C’est inadmissible que dans un pays démocratique les gens ne puissent pas voter. J’exprime tout mon soutien à ceux qui, pacifiquement, essaient d’exercer leur droit de vote. »

Il ne lui viendrait naturellement pas à l'idée de dénoncer l'absence d'élections au Qatar, pays dont la majeure partie de la population est immigrée et privée de droits, voire connaissant des conditions de travail d'une précarité terrifiante.

Car la tolérance envers les folies religieuses va de pair avec la quête perpétuelle du capitalisme de pacifier ou d'envoyer dans des voies de garage. La diffusion du salafisme a permis une pacification sociale tout à fait appréciée des municipalités, que ce soit à Lille en France ou Molenbeek en Belgique.

L’État israélien, dans son opposition à la gauche palestinienne, a historiquement pareillement habilement permis le renforcement des islamistes : il vaut mieux un ennemi irrationnel attirant peu de sympathies que des progressistes.

Au crime s'ajoute l'ignominie ; au meurtre s'ajoute le refus de régler les problèmes et leur source. Et de fait, tant que la classe ouvrière restera emprisonnée dans une vie quotidienne bornée, tant qu'elle ne se mobilise pas, rien n'est possible.

Tant que la classe ouvrière ne saura pas dépasser la souffrance, l'ignorance, l'abrutissement, la dégradation morale imposée par le capitalisme, elle ne pourra pas prendre en mains les commandes de la société, et extirper la barbarie.