Pour la première fois dans l'Histoire de la Ve République, un nouveau président de la République a remonté les Champs-Élysées, pour rejoindre la flamme du Soldat inconnu, dans un 4x4 militaire, un VLRA (Véhicule de Liaison, de Reconnaissance et d'Appui).

Il s'agit d'un véhicule léger employé par le commandement, normalement employé par les présidents de la République uniquement à l'occasion du défilé du 14 juillet.

Par la suite, en début d'après-midi, Emmanuel Macron est allé rendre visite aux soldats blessés en opération à l'hôpital militaire Percy, en banlieue parisienne.

C'est un signe militariste très fort et il faut rappeler ici qu'une mesure promise durant sa campagne a été l'instauration d'un mois de service national pour tous les jeunes de 18 à 21 ans, concernant 600 000 jeunes par an.

Une autre mesure promise est le recrutement de 10 000 policiers et gendarmes d'ici 2022 ; il a également été parlé de l'instauration d'un Conseil de Sécurité européen et d'un État-major de planification et de suivi des opérations européennes.

En ce qui concerne ce dernier point, il faut savoir que le 6 mars 2017, les ministres des Affaires étrangères des États membres de l’Union Européenne ont décidé de :

« mettre en place, à court terme, une capacité militaire de planification et de conduite au sein de l’état-major de l’Union européenne à Bruxelles, qui sera chargée, au niveau stratégique, de la planification et de la conduite opérationnelles de missions militaires à mandat non exécutif [en Somalie (EUTM Somalia), au Mali (EUTM Mali), en Centrafrique (EUTM RCA)] ».

C'est un vieux projet, lancé initialement en décembre 1998, lors d'une rencontre à Saint Malo de Jacques Chirac, Lionel Jospin et Tony Blair.

Il a été réactivé en novembre dernier lors d'une réunion des ministres de la Défense de l’Union Européenne, suivie en décembre du sommet européen avec les chefs d’État et les chefs de gouvernement demandant « l’établissement d’une capacité opérationnelle permanente de planification et de conduite au niveau stratégique ».

Tout cela correspond à l'effroyable fuite en avant militariste des pays capitalistes. Emmanuel Macron se rend d'ailleurs ce lundi chez Angela Merkel, chancelière de la République Fédérale d'Allemagne.

C'est qu'Emmanuel Macron, s'il n'est pas un va-t'en-guerre comme Marine Le Pen, n'en est pas moins porté par une tendance historique du capitalisme à sortir de sa crise en cherchant à renforcer ses capacités compétitives, y compris par la guerre.

C'est une loi historique, vérifiée au XXe siècle par les Première et Seconde Guerres mondiales, puis avec la Guerre froide qui a été sanglante dans de nombreuses parties du monde.

C'est, bien sûr, en contradiction avec la prétention d'Emmanuel Macron à représenter la construction européenne comme force de paix. Cela, les masses ne le voient pas aujourd'hui, mais elles le comprendront inévitablement à moyen terme et il y a ici un rôle très important à jouer pour leur faire comprendre la nature du capitalisme.

Emmanuel Macron a représenté la « paix européenne » face à la logique nationaliste de Marine Le Pen, mais seul le socialisme peut assurer une paix européenne. La contradiction entre sa prétention à la paix et sa politique militariste va toujours plus s'approfondir : aux communistes d'en expliquer le sens, dans la perspective d'une bataille pour la démocratie populaire.