1 déc 2013

Ce que symbolise l'hermine et ce qu'elle est en réalité

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Les symboles appartiennent à l'histoire, mais étant donné que celle-ci n'est pas terminée – elle se termine avec la disparition des classes sociales – l'utilisation de ceux-ci relèvent ouvertement, aujourd'hui, de la politique, des intérêts de classe.

Ainsi, le mouvement communiste n'a toujours assumé que le drapeau rouge, avec le marteau, la faucille et l'étoile, ainsi que la planète Terre. Le projet de révolution socialiste a toujours été considéré comme amenant la fusion progressive de toutes les nations dans la république socialiste mondiale.

De la même manière, l'utilisation de l'hermine dans le « drapeau breton » exprime une base de classe, un fondement culturel, un socle idéologique.

Quand on parle d'hermine, il faut ainsi déjà noter une chose importante : on ne parle en fait pas de l'animal. Le terme est en effet aristocratique désignant directement non pas l'être vivant en question, mais simplement sa fourrure.

C'est là quelque chose d'extrêmement révélateur. Le matérialisme dialectique appelle à reconnaître la valeur de la matière la plus développée, celle qui est vivante, qui a atteint un stade organique.

Ici, on en est par contre dans une référence médiévale, où l'humanité se voit comme séparée de la biosphère et considère que tout lui revient. Plus précisément ici, il faut parler des couches dominantes.

On peut constater que les magistrats français ont longtemps porté une telle fourrure, avant de l'échanger contre une fourrure de lapin... teinte en blanc. Encore aujourd'hui, lors des grandes cérémonies, les premiers présidents et présidents de chambre des cours d'appel doivent porter une robe rouge bordée de fourrure d'hermine, ceux des juridictions financières faisant pareillement, mais avec une robe noire.

Et c'est à l'époque de la monarchie absolue de Louis XIV que porter de l'hermine est l'apanage des plus hauts représentants de l’État.

L'ensemble des rois, empereurs, etc. européens portent de la fourrure d'hermine ; c'est vrai en Prusse, en Angleterre, aux Pays-Bas, en Autriche-Hongrie, en Russie, etc.

Avec le développement du capitalisme, la production de fourrure s'est bien entendu modernisée, et lors du couronnement de Georges VI en Grande-Bretagne, en 1937, le Canada a envoyé pas moins de 50 000 fourrures d'hermine...

Il existe un tableau extrêmement connu, datant de la Renaissance, témoignant de l'importance historique de l'hermine comme symbole féodal. Au même moment où la peinture flamande affirmait les villes et les bourgeois, Léonard de Vinci célébrait les postures religieuses du Vatican et aristocratiques ; l'un des tableaux les plus connus est ici La Dame à l'hermine, datant de la fin du 15e siècle.

Comment arrive-t-on à l'hermine comme symbole médiéval? En fait, l'hermine, dont le nom en français vient du latin « mus Armenius », « rat d'Arménie », est historiquement présente en Europe, dans une partie de l'Asie et en Amérique du Nord, devient blanche en hiver.

Lorsque l'animal est capturé et tué pour récupérer sa fourrure, c'est la queue qui est utilisée. Celle-ci reste en effet toujours noire ; elle est en fait découpée et répartie, « mouchetée », sur la fourrure blanche.

Et ce qu'on appelle hermine, au sens strict, en tant que symbole médiéval, c'est la « moucheture » en tant que tel.

La confusion vient du fait qu'au Moyen-Âge, l'hermine était le symbole de la pureté.

L'une des légendes est que la duchesse Anne de Bretagne a été le témoin d'une hermine refusant de s'enfuir dans une mare face à des chasseurs, et adopta alors l'hermine comme symbole, avec une devise intitulée « Plutôt la mort que la souillure. »

Cette légende largement diffusée témoigne de sa dimension irrationnelle, lorsqu'on sait qu'Anne de Bretagne a vécu au 15e siècle, alors qu'au début du 14e siècle on a déjà Jean III de Bretagne choisissant la bannière d'hermine comme symbole...

On retrouve un problème d'esprit similaire avec l'ordre de chevalerie dit de l’Hermine, fondée en 1381 par Jean IV, duc de Bretagne ; on retrouve un autre ordre avec le même nom, fondé par le roi de Naples au 15e siècle. Le tableau de Léonard de Vinci représente vraisemblablement la maîtresse de Ludovic Sforza, justement membre de cet ordre.

De manière matérialiste, on comprend donc que le prétendu drapeau breton, élaboré dans les années 1920, puise directement dans cette culture féodale. Or, selon le matérialisme historique, la nation naît avec le développement du capitalisme, la bourgeoisie assumant la dimension nationale de par ses exigences en termes de rationalité, de marché, d'unification. Il n'y aucune nation qui est née du féodalisme, la nation naît toujours avec le capitalisme ascendant.

Le symbole de l'hermine est donc inacceptable; en lieu et place de l'hermine comme fourrure, il faut donc s'attarder sur l'hermine comme être vivant. Il n'est pas de symbole flottant au-dessus de la société; il n'est pas de nation flottant au-dessus de l'histoire. La civilisation passe par l'existence, à un moment, de différentes nations, mais toutes doivent disparaître.

Affirmer l'hermine comme symbole, c'est faire l'inverse et vouloir reculer dans l'histoire, c'est nier la dignité du réel. Il faut arrêter le massacre des hermines, et ne pas se plonger dans le passé; il faut arrêter tout tribalisme, et reconnaître la valeur de la vie à l'échelle planétaire. Entre un symbole médiéval repris par des fascistes et l'appel de l'unité humaine en paix dans la biosphère, le choix doit être vite fait!

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Quand on parle d'hermine, il faut noter qu'on ne parle pas de l'être vivant en question. Le terme est aristocratique et désigne simplement sa fourrure. On est donc dans une référence médiévale...