6 mar 2017

La nature du rassemblement d'ultras-réactionnaires pro-François Fillon au Trocadéro

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Acculé par l'affaire de l'emploi présumé fictif de sa femme comme attachée parlementaire entre 1998 et 2013 (ainsi que comme collaboratrice présumée fictive à la Revue des deux Mondes), François Fillon a choisi la fuite en avant.

Pourquoi cette folie ? S'il y a une part de démesure, il faut surtout voir qu'il est porté par une frange ultra-réactionnaire de la bourgeoisie, sur une ligne catholique conservatrice, en étroite alliance avec une section de la haute bourgeoisie.

Il y a ici une distinction très importante que nous faisons : à l'opposé de l'ultra-gauche, nous considérons qu'il existe des fractions différentes au sein de la bourgeoisie, que mettre tout le monde dans le même sac n'a aucun sens.

François Fillon représente une frange bien délimitée de la bourgeoisie, avec une alliance bien précise. Une partie de la haute bourgeoisie propose une alliance à la bourgeoisie catholique conservatrice ; c'est ce que nous expliquions dans Que représente François Fillon ? et c'est la raison de toute son attitude.

Lien vers le portail Elections 2017Il sait qu'il est porté par un courant puissant, tout comme d'ailleurs il sait qu'il a en face de lui un contre-courant tout aussi puissant. Car il y a bien acharnement contre François Fillon, dans la mesure où tout se déroule ici très rapidement sur la plan de la Justice avec un non-suivi des procédures habituelles.

Les forces opposées à ce que la France se tourne favorablement à la Russie sont indubitablement à l'œuvre, ce que prouve le foudroyant essor d'Emmanuel Macron.

Ce qui est en jeu, c'est la stratégie de la France, c'est la possession du poste de direction de l’État.

François Fillon représente une ligne agressive « mesurée », par rapport à Marine Le Pen qui représente une ligne agressive « sans bornes ». François Fillon, c'est la réaction ; Marine Le Pen, c'est le fascisme.

Deux figures importantes et représentatives au côté de François Fillon sont ici Henri de Castries, ancien patron d'Axa, ainsi que l'homme d'affaires Charles Beigbeder, ouvertement partisan d'une ouverture au Front National.

Et le rassemblement pro-François Fillon hier sur la place du Trocadéro à Paris a eu le soutien massif de Sens Commun, émanation de la Manif pour tous, ainsi que de l'hebdomadaire ultra-conservateur Valeurs Actuelles, qui a appelé à se mobiliser contre le « coup d'Etat des juges rouges ».

C'est grâce à cela qu'ont été présent au Trocadéro autour de 35 000 personnes, avec 200 000 personnes de revendiquées.

C'est, toute proportion gardée, une initiative dont le fond n'est pas foncièrement différent du rassemblement du 6 février 1934. Cela va très loin dans l'affrontement et François Fillon a accusé le gouvernement d'avoir instauré un « climat de quasi-guerre civile ».

C'est conforme aux intérêts de la haute bourgeoisie et de la frange catholique conservatrice, mais cela va trop loin pour la bourgeoisie en général.

C'est à cause de cela que des « ténors » de la Droite se voient obligés de tenir des propos extrêmement durs envers cette démarche rupturiste.

En effet, la ligne de François Fillon est telle qu'elle aboutira forcément à basculer dans une alliance avec l'extrême-droite, ce que récuse encore une partie importante de la bourgeoisie conservatrice.

Le président Les Républicains de la région PACA, Christian Estrosi, est connu pour être un farouche conservateur et pourtant il a été extrêmement clair à ce sujet :

« J'ai téléphoné à François Fillon pour lui faire part de mon désaccord total avec cette manifestation de dimanche au Trocadéro.

Il apparaît clairement que ce rassemblement est organisé par la Manif pour tous et Sens commun.

C'est un risque de division encore plus profond de notre famille politique. Je ne rejette pas ces personnes. Mais faire d'eux les organisateurs de nos événements et les avoir comme groupes associés à la droite et au centre ne me convient pas.

Il est évident qu'ils en sont les organisateurs. Et, pour moi, je le répète, ceci est générateur de divisions, non de rassemblement.

Or une campagne présidentielle consiste à aller au-devant des Français. Il s'agit de partir à la rencontre des ouvriers dont l'emploi est menacé, des artisans et des responsables de PME qui croulent sous les charges, de tous les démunis et les déclassés de la mondialisation qui se tournent vers Marine Le Pen...

Ce rassemblement de dimanche donne l'impression d'être monté non pour défendre nos valeurs mais pour se dresser contre les institutions de notre pays. »

Jean-Louis Debré, ministre de l'Intérieur de 1995 à 1997, président de l'Assemblée Nationale de 2002 à 2007, président du Conseil Constitutionnel de 2007 à 2016, désormais président du Conseil Supérieur des Archives, a été encore plus explicite :

« Je suis surtout très préoccupé par ce rassemblement [au Trocadéro] initialement organisé pour dresser le peuple contre la justice et la presse.

Ça, c'est le propre de l'extrême droite, pas de la droite républicaine.

Pauvre France… Il est temps que la classe politique de droite se renouvelle. »

C'est cela qui fait qu'un nombre toujours plus grand de cadres quittent la campagne de François Fillon, voir quittent Les Républicains, alors qu'en même temps François Fillon entend se maintenir, chose répétée hier soir au journal télévisé de 20h de France 2.

S'il se maintient, il va amener la naissance d'une droite dure qui va servir de sas et de soutien à l'extrême-droite, tout comme en Allemagne dans les années 1930 le puissant DNVP nationaliste a servi de force d'appoint au NSDAP d'Adolf Hitler.

C'est un aspect d'une grande importance pour qui comprend la réalité de la menace fasciste.

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