23 déc 2014

Débaptisation du "parvis Georges Marchais" ou la fin de l'illusion révisionniste

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Georges Marchais a été une figure politique très importante dans les années 1970 et au début des années 1980. Pourtant, le parvis à son nom dans la ville de Villejuif en banlieue parisienne a été débaptisé le 17 décembre dernier.

Le prétexte est que le parvis longe l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif et qu'il vaut mieux le nommer du nom du cancérologue et immunologue Georges Mathé (on remarquera la sonorité très proche des deux noms, censé aider à imposer facilement le changement).

Tel est en tout cas ce qui est avancé par la mairie UMP-DVG-EELV-UDI, qui a éjecté il y a quelques mois le Parti « Communiste » français qui gérait la municipalité depuis… 1925.

La liquidation du nom du parvis est, on le devine, le prolongement de cet écrasement du Parti « Communiste » français, dont Georges Marchais a été le dirigeant de 1972 à 1994, lui-même ayant été pendant 24 ans un élu de la circonscription.

Georges Marchais était un authentique fils du peuple, éduqué par le Parti « Communiste » français, comme des millions d'autres personnes ayant une conscience sociale solide. Mais c'est donc, de par les conditions idéologiques du communisme en France, un révisionniste, qui n'a jamais cessé de reculer.

Depuis l'abandon de la notion de la dictature du prolétariat jusqu'au positionnement comme laquais du social-impérialisme soviétique, du refus d'assumer la révolution à l'électoralisme et à la participation au gouvernement bourgeois… Georges Marchais c'est le symbole du Parti « Communiste » français qui a conquis ses guillemets, qui a cru que sa participation aux institutions, dans un esprit « démocratique », lui amènerait la reconnaissance générale : en pratique, c'est revenu à son assassinat idéologique, puis politique.

Le fait que la figure historique de Georges Marchais soit liquidée aussi rapidement, aussi facilement, témoigne des illusions du PCF devenu révisionniste au sujet des institutions. Le PCF devenu révisionniste espérait une vaine reconnaissance, il espérait vraiment modifier de l'intérieur le système, dans un sens « social ».

Et il l'espère encore, voici la position exprimée par André Chassaigne, président du groupe Front de gauche (à l'Assemblée nationale) :

« Les députés communistes et du Front de gauche sont non seulement choqués, mais aussi personnellement blessés par une telle décision. Au-delà de l’affront inacceptable qui est fait à la mémoire et aux proches de cette grande figure progressiste de la politique française, c’est l’expression d’un sectarisme et d’un mépris à l’encontre de leur propre activité de député pour la défense des plus modestes et l’intérêt national. Cette décision est une insulte pour leur groupe parlementaire et plus largement pour l’ensemble de la représentation nationale.
Cette posture politicienne témoigne aussi des dangereux glissements idéologiques qui gangrènent notre République, où même les usages républicains de dénomination des espaces et édifices publics deviennent enjeux de clivages et de rejet de l’histoire commune. »

Tout cela est illusoire : il ne suffit pas de liquider le matérialisme dialectique pour en liquider les vérités universelles. Avec Georges Marchais, le PCF devenu révisionniste a scellé son déclin définitif : il est devenu un organisme social-démocrate au mieux, social-patriote au pire, selon les moments, selon les contextes, s’effondrant numériquement toujours davantage.

Il ne peut plus exister comme réel Parti politique de la classe ouvrière, car une fois abandonnée l'idéologie, il ne reste rien. Le PCF devenu révisionniste n'a plus qu'accompagnée, au final, la socialisation des masses dans le sens de la « cogestion », les désarmant idéologiquement hier face aux réformes capitalistes, aujourd'hui face au fascisme.

Il y a encore trente ans, il existait une armée de courageux prolétaires luttant avec une abnégation complète au Parti « Communiste » français : leur vie, leur culture, leur identité, tout passait par le « Parti ». Mais il n'a pas été à la hauteur.

Et à force de reculer, de réviser ses positions, le Parti « Communiste » français a perdu son âme. De Georges Marchais, il ne reste qu'une figure populaire « haute-en-couleur », avec des exigences sociales, une éloquence teintée de populisme, un jeu intelligent sur les plateaux télés jonglant entre les attentes des masses et celles des présentateurs (exactement ce qu'essaie aujourd'hui de copier en le caricaturant Jean-Luc Mélenchon).

Ainsi, en mai 2013, la maire Claudine Cordillot, membre du PCF révisionniste, avait inauguré le parvis Georges Marchais. Et un an après, c'est déjà effacé. Le révisionnisme ne saurait jouer de réel rôle historique : en n'étant pas ce qu'il doit être, le PCF n'existe simplement pas.

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Georges Marchais a été une figure politique très importante dans les années 1970 et au début des années 1980, pourtant, le parvis à son nom dans la ville de Villejuif a été débaptisé...