30 oct 2008

Le 34ème congrès du P«C»F

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Les communistes authentiques, ceux et celles qui assument le marxisme - léninisme - maoïsme, font face à un moment historique: le Parti « Communiste » français, vit une crise sans précèdent, une crise tellement profonde qu'on ne la remarque même pas de prime abord tellement elle est considérée comme inévitable et incontournable même par ses membres.

Les chiffres parlent déjà d'eux-mêmes. Pour le 34e Congrès du P« C »F du 11 au 14 décembre, il y a eu des élections internes les 29 et 30 octobre 2008.

Première crise: le P« C »F a dû reconnaître qu'il n'avait que 78,779 cotisants, alors que le chiffre « officiel » est de 134,000 adhérents!

C'est un premier masque qui tombe. Et le second tombe aussi vite: sur ces 78,779 cotisants, il n'y en a que 39,692 qui ont voté, soit tout juste la moitié!

Ce qui n'empêche pas Olivier Dartigolles, porte-parole du P« C »F, de juger... « satisfaisant le niveau de participation », car « Par les temps que nous traversons, avec une crise profonde de la gauche, que 40.000 communistes se prononcent et 22.000 soutiennent Marie-George Buffet, c'est appréciable. »

Un peu moins de 40,000 adhérents, voilà où en est donc en réalité le P« C »F. Ce chiffre, s'il est bien entendu important en termes quantitatifs par rapport au nombre de communistes MLM en France, n'est en réalité rien du tout alors que la crise du capitalisme se généralise.

Cela est particulièrement vrai lors qu'on sait qu'en plus du fait que 9,22 % ont choisi de mettre un bulletin blanc ou nul, le P« C »F est divisé en trois fractions antagoniques.

Il y a d'abord le courant prédominant, celui du révisionnisme le plus éhonté, qui parle de communisme mais ne se conçoit clairement que comme l'appendice du Parti Socialiste et qui n'entrevoit comme perspective revendiquée que la gestion du capitalisme.

Ce courant, celui de Marie-Georges Buffet, contrôle le P« C »F et le verrouille de fait. Malgré tous les échecs électoraux et l’effondrement du nombre d’adhérents, son texte « Vouloir un monde nouveau, le construire au quotidien » a obtenu à ces élections 21,946 voix (soit 60,91%).

Il va de soi que vue la faiblesse organisationnelle de ce courant - un peu plus de 20,000 voix -, il n’a comme perspective que la fusion dans un grand parti de gauche. En l'absence de réelle idéologie, ce courant n'est plus qu'une version « communiste » de la social-démocratie et la réunification, dans une sorte de Congrès de Tours à l'envers, est inévitable. Certains courants du Parti Socialiste (de Mélenchon à Hollande) travaille, d’ailleurs, clairement à cet objectif.

Le P« C »F ne peut donc à terme plus exister, dans un horizon très proche, et cela malgré les deux autres courants qui tentent justement d'empêcher cette disparition du P« C »F.

Le premier courant d'opposition à la direction n'a aucune chance dans son entreprise pour une raison très simple: il est une anomalie historique. Il s'agit, en effet, de tout un échafaudage trotskyste, organisé autour de la revue « la Riposte »: l'objectif de ces trotskystes est en quelque sorte d'en revenir au congrès de Tours pour que cette fois le Parti Communiste devienne trotskyste et non pas « stalinien. »

En réalité, ce courant, qui a obtenu 5,419 voix (soit 15,04%) pour sa motion « Renforcer le PCF, renouer avec le marxisme », n'est que l'expression de la social-démocratie radicalisée existant encore dans le P« C »F.

Le trotskysme a toujours eu comme vocation de donner des gages « révolutionnaires » à la social-démocratie; là encore, il ne déroge pas à la règle. Une fois qu'il n'y aura plus de P« C »F, cette tendance explosera inévitablement, ou bien rejoindra un nouveau conglomérat social-démocrate (ce qui est d'ailleurs la stratégie revendiquée de la pseudo Internationale à laquelle appartient « la Riposte »).

Le second courant d'opposition doit par contre attirer tout notre attention. Sa motion, intitulé « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps », a recueilli 8659 voix (soit 24,03%).

Il s'agit d'un texte relevant de manière éhontée du révisionnisme moderne: nostalgie à peine voilé de l'URSS de Brejnev, avis favorable sur la Chine fasciste soit disant dirigé par un « Parti Communiste »... Sans oublier Cuba, et même... Le Népal du révisionniste Prachanda!

Cette dernière tendance est très symptomatique de la culture « communiste » à la Thorez: le texte souligne le fait que « le Pcf doit retrouver sa fonction tribunitienne », elle parle de « guerre sociale menée par le patronat » tout en ayant une ligne purement électoraliste avec comme objectif le « rassemblement du peuple de France ».

Cette tendance prône même un retour aux cellules sur le plan de l'organisation! C'est dire si le thorézisme, en tant que version française du révisionnisme moderne, a possédé une forte tradition, pour durer jusqu'en 2008, même si il y a désormais beaucoup d'eau dans le vin, son dirigeant, André Gérin (député-maire de Vénissieux), défendant un « capitalisme des métiers, des savoir-faire et des produits ».

Pourquoi ce courant révisionniste doit-il attirer notre attention? Car il a en fait une existence double. Il a en effet un strict équivalent en dehors du P« C »F: le PRCF.

A la différence de ce courant au sein du P« C »F (qui ne se revendique que du « marxisme »), le PRCF se veut marxiste-léniniste; si la tendance du P« C »F veut retourner en 1981 (elle salue la participation au gouvernement, etc.), le PRCF lui est nostalgique des années1970.

Le PRCF a d'ailleurs et justement tenu sa seconde conférence nationale les 25 et 26 octobre, une manière de concurrencer cette tendance du P« C »F dont nous parlons ici.

Cette dernière regrette en effet dans sa motion de congrès l'absence de liens avec les autres « partis communistes » dans le monde, or c'est précisément le PRCF qui a ces contacts: il est un partenaire privilégié de tous les « partis communistes » passés de la position pro-soviétique à celle pro-Cuba.

Et le PRCF propose donc à cette tendance de mener le combat ensemble, en rompant avec la « droite » du P« C »F.

En quoi cela nous concerne-t-il, en tant que communistes MLM dont les précurseurs ont rompu avec le révisionnisme moderne du P« C »F dans les années 1960?

Cela est très simple: la ligne du PRCF et du courant du P« C »F est ultra-chauvine, elle est en de très nombreux points social-fasciste.

Dans notre journal Révolution, un article a été publié qui montre le caractère ouvertement nationaliste du PRCF. Si on y regarde bien, le dirigeant du courant du P« C »F, André Gérin, est du même acabit.

En juin 2006, dans le quotidien l'Humanité il expliquait par exemple que « La question du rétablissement de l'ordre n'est pas une question qui vient d'en haut mais une exigence qui monte du peuple. (…). Avec ma part de vérité, j'aimerais provoquer un choc salutaire sur un sujet qui empoisonne la vie des Français. Ils sont en droit d'attendre du PCF des propositions qui sortent des sentiers battus pour la tranquillité publique. »

Ou encore, lors de la rébellion de 2005 il a appelé un front républicain pour y faire face. Son camp n'est pas celui du peuple. Dans son livre intitulé « Les ghettos de la république » (préfacé par Eric Raoult, député-maire UMP du Raincy) il montre clairement son camp: « lorsque je dis que sont perceptibles les germes d'une guerre civile, je n'exagère pas. Je ne noircis pas le tableau. Au contraire je suis en dessous de la vérité. »

Pour nous, communistes, il faut saluer la rébellion de 2005; pour Gérin cela n'a été que des « images d'apocalypse. »

Gérin prône le choc des « civilisations », tout comme l'extrême-droite: « Pour ma part, je prends peu à peu conscience de l'étendue du problème.
Il s'agit de différences de modes de vie, de différences culturelles entre le monde judéo-chrétien et le monde islamique. »

Tout comme l'extrême-droite identitaire, il affirme qu'il y a une « véritable paupérisation morale et culturelle accentuée par des fractures multiples, sociale certes, mais aussi politique et ethnique. »

Bref, André gérin est un social-fasciste !

Le PRCF et le courant interne au P« C »F de Gérin diffusent une version révisionniste du communisme, une version frelatée, qui sert l'impérialisme, en mobilisant les masses pour les ramener dans la matrice bourgeoise maquillée en « république. »

Face au drapeau bleu blanc rouge, les communistes authentiques lèvent le drapeau rouge, et uniquement le drapeau rouge: en ce sens dans l'effondrement du P« C »F, l'aspect principal doit être la lutte contre ce courant PRCF-Gérin tentant de maintenir vivant le révisionnisme moderne, dans sa version française « thorézienne. »  

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