15 Jan 2006

Continuons le processus enclenché, continuons à nous rebeller !

Submitted by Anonyme (non vérifié)

« Un marxiste ne peut considérer d'une façon générale comme anormale et démoralisante la guerre civile, ou bien la guerre de partisans qui est une de ses formes.*

Le marxiste se tient sur le terrain de la lutte de classes, et non de la paix sociale. Dans certaines périodes de crises aiguës, économiques et politiques, la lutte de classes aboutit dans son développement à une véritable guerre civile, c'est-à-dire à une lutte armée entre deux parties de la population.

En de telles périodes, le marxiste a l'obligation de se placer au point de vue de la guerre civile. Toute condamnation morale de celle-ci est absolument inadmissible du point de vue du marxisme.

A une époque de guerre civile, l'idéal du parti du prolétariat est un parti combattant. C'est absolument incontestable. »
(Lénine, La guerre des partisans)

Nous voulons dire ici quelques mots à propos de la situation issue de la révolte de novembre. Parce que pour nous celle-ci continue.

Pour nous la révolte est dans l'ordre des choses; pour nous il est normal que les masses se révoltent. C'est là-dessus que se fonde notre stratégie communiste.

« Depuis des millénaires les masses vivent victimes de l'oppression et de l'exploitation et toujours elles se sont révoltées; c'est une longue et inépuisable histoire...

Depuis toujours, depuis qu'elles combattent, les masses ont réclamé l'organisation de la rébellion, qu'on l'arme, qu'on la soulève, qu'on la dirige, qu'on la conduise.

Il en a toujours été ainsi et il en sera toujours de même, et quand apparaîtra un autre monde cela en sera ainsi également, mais autrement.

Les masses réclament l'organisation de la rébellion, pour cela le Parti, ses dirigeants, ses cadres et ses militants ont une obligation, aujourd'hui impérieuse, et un destin: organiser le Pouvoir désorganisé de la masse et cela on ne peut le faire qu'avec les armes.

Il faut armer les masses peu à peu, secteur par secteur, jusqu'à l'armement général du peuple et quand cela se produira, il n'y aura plus d'exploitation sur la Terre. »
(Gonzalo)

L'une des accusations qui a été faite par ceux qui sont social en paroles, impérialiste dans les faits, est que cette révolte était aveugle, que les révoltés étaient des « lumpen », qu'un tel mouvement était apolitique car n'avait pas de revendications.

Il va de soi qu'un tel discours est celui de représentants de couches sociales opposées à la révolution. Car c'est la jeunesse prolétaire qui s'est révoltée.

Un mouvement révolutionnaire ne peut pas partir de fonctionnaires, dont le poste est garanti à vie, ni des étudiants, qui espèrent tout de même avancer dans le système et s'en sortir individuellement.

Il était inévitable également que les travailleurs subissant le chantage au chômage dans les entreprises capitalistes n'osent pas du jour au lendemain se rebeller, surtout quand tout le monde sait que les syndicats sont opposés aux conflits durs et à la confrontation avec les entreprises.

Il fallait donc que cela soit ceux qui n'ont rien à perdre qui lèvent le drapeau de la révolte et qui rejettent l'ordre social.

« La pauvreté est une force motrice de la révolution, les pauvres sont les plus révolutionnaires, la pauvreté est le plus beau des chants.... La pauvreté n'est pas une opprobre, c'est un honneur. »
(Gonzalo)

De plus, une critique de la révolte sincère ne regretterait qu'une chose: qu'il n'y ait pas eu une organisation authentiquement révolutionnaire capable d'approfondir et d'élargir le mouvement.

La révolte montre que les masses ont besoin d'un Parti Communiste authentique pour diriger la lutte afin que celle-ci triomphe.

« Il est évident, en effet, que tant qu'existera le régime capitaliste, avec ses corollaires, la misère et l'état arriéré des masses populaires, le prolétariat ne pourra, dans sa totalité, s'élever au niveau de conscience désirable; et qu'il faut, par conséquent, un groupe de dirigeants conscient pour faire l'éducation socialiste de l'armée des prolétaires, l'unir et la guider pendant la lutte. »
(Staline, Classe des prolétaires et parti des prolétaires)

L'Etat et les bourgeois ont leurs idées toutes faites et de grands moyens matériels; leur pratique c'est le « blitzkrieg. » Les capitalistes doivent préserver leurs intérêts à court terme, coûte que coûte.

A l'opposé, les masses ont des idées neuves, qui mettent du temps à se développer; et les moyens matériels sont faibles lorsque le masses ne sont pas organisées.

Pourtant la jeunesse révoltée a osé, elle n'a compté que sur elle-même. Elle n'a pas écouté ceux qui lui disaient qu'il ne fallait pas le faire, comme les mafias qui préfèrent le calme pour leur business, les religieux qui veulent intégrer l'Etat, etc.

Elle s'est organisée comme les masses s'organisent toujours lorsqu'elles se révoltent.

Il s'agit d'une rébellion authentique. C'est pour cela que la bourgeoisie pousse d'autant plus la fascisation.

Les élections présidentielles vont être prétexte à un nouveau duel entre la bourgeoisie traditionnelle (celle du oui à la constitution européenne) et la bourgeoise impérialiste qui veut appliquer une ligne dure en s'alliant aux classes moyennes plus que jamais opposées au prolétariat (couches sociales ayant soutenu le non social-chauvin à la constitution européenne).

Nous pensons que la révolte a été une remise à niveau, qu'elle est un début d'un large mouvement où les consciences vont s'éveiller et comprendre le monde où nous vivons.

Mais une telle avancée dans la lutte de classe ne va pas sans contre-révolution, sans poussée de la lutte des classes du camp ennemi.

Voilà pourquoi la bourgeoisie a d'ailleurs diffusé tous le mensonges possibles sur la révolte.

On a parlé de causes religieuses, ethniques, banlieusardes, etc. On a parlé d'actions violentes pour être violentes, on a parlé d'actions n'ayant aucun sens, de destructions gratuites.

Même ceux qui se prétendaient en opposition au système capitaliste ont repris ce refrain. Leur masque social-impérialiste est tombé : leur discours est social, mais leur pratique impérialiste : en fait ils veulent surtout une France paisible et forte.

Cela explique d'ailleurs aussi pourquoi ces sociaux-impérialistes ne rejettent pas l'énergie nucléaire ni l'arme atomique, pourquoi ils veulent des services publics forts, une France indépendante, pourquoi ils ne critiquent jamais l'armée, pourquoi il attaquent non pas l'Etat mais seulement le gouvernement, etc.

La ligne des partis politiques est de sauver la France impérialiste, par tous les moyens. Le rôle des communistes authentiques, des marxistes-léninistes-maoïstes, est à l'opposé de briser la France impérialiste.

« Ce n'est qu'en organisant cet océan armé des masses que l'on pourra défendre ce qui a été conquis et développer les révolutions démocratiques, socialistes et culturelles.

Le Président Gonzalo rejette ceux qui affirment que les masses ne veulent pas faire la révolution, ou bien qu'elles n'appuieront pas la guerre populaire; il nous enseigne que les problème ne réside pas dans les masses, car celles-ci sont prêtes à se rebeller, mais dans la volonté des Partis Communistes d'assumer leur obligation qui consiste à les diriger et à les soulever en armes. »
(Parti Communiste du Pérou, La ligne de masses)

Nous sommes d'ailleurs très heureux que les camarades du Pérou aient mis sur le même plan, dans un récent communiqué, la révolte des quartiers populaires en France avec l'affrontement des masses de la Nouvelle Orléans contre les forces armées des USA.

De la même manière ils ont raison de critiquer sans pitié aucune ceux qui font l'apologie des guerres populaires dans les pays du tiers-monde et n'assument pas la lutte dans leur propre pays.

Cette idée est courante dans toute l'Amérique du Nord que l'internationalisme consiste à applaudir des guerres populaires ailleurs et que cela permet d'éviter de se confronter à l'Etat de sa propre bourgeoisie.

Rien ne distingue ces « soutiens » de l'extrême-gauche légaliste, à part le contenu des tracts et des slogans, et quand le cadre de la légalité est dépassé on crie à l'anarchiste, à l'écoterroriste.

Notre attitude doit être la même que celle de Lénine :

« Lorsque je vois des social-démocrates qui, fièrement, avec suffisance, déclarent: nous ne sommes pas des anarchistes, ni des voleurs, nous ne livrons pas au pillage, nous sommes au-dessus de cela, nous rejetons la guerre de partisans, je me demande si ces gens-là comprennent ce qu'ils disent. »
(Lénine, La guerre des partisans)

Est-il ainsi possible de s'affirmer en faveur de la guerre populaire dans son propre pays impérialiste, sans proposer une analyse de fond des événements en France?

Non cela n'est pas possible.

Mais c'était inévitable lorsque des petits-bourgeois qui ont une vision étudiante de la révolution, qui ne voient pas la résistance qui existe déjà pour préférer fantasmer sur comment la révolution devrait être, tentent d'usurper le titre de maoïste, comme c'est le cas en Amérique du Nord.

Quelles sont les principes communistes concernant la lutte et ses formes?

« Le marxisme s'instruit, si l'on peut dire, à l'école pratique des masses; il est loin de prétendre faire la leçon aux masses en leur proposant des formes de lutte imaginées par des « fabricants de système » dans leur cabinet de travail. »
(Lénine, La guerre des partisans)

« Quelles exigences essentielles doit présenter un marxiste dans l'examen des formes de lutte?

En premier lieu, le marxisme diffère de toutes les formes primitives du socialisme en ce qu'il ne rattache pas le mouvement à quelque forme de combat unique et déterminée.

Il admet les méthodes de lutte les plus variées, et il ne les « invente » pas, il se borne à généraliser, organiser, rendre conscientes les formes de lutte des classes révolutionnaires, qui surgissent spontanément dans le cours morne du mouvement.

Absolument hostiles à toutes les formules abstraites, à toutes les recettes de doctrinaires,le marxisme veut que l'on considère attentivement la lutte de masse qui se déroule et qui, au fur et à mesure du développement du mouvement, du progrès de la conscience des masses, de l'aggravation des crises économiques et politiques, fait naître sans cesse de nouveaux procédés, de plus en plus variés, de défense et d'attaque. »
(Lénine, La guerre des partisans)

Et si l'on prend par exemple la manière dont s'est organisée la jeunesse révoltée, était-ce si différent justement des principes mis en avant par Lénine ?

« Les détachements doivent s'armer eux-mêmes, chacun faisant son possible (fusils, revolvers, bombes, couteaux, casse-têtes, bâtons, chiffons imprégnés de pétrole pour servir de brandons, cordes ou échelles de corde, pelles pour la construction des barricades, capsules de pyroxyline, fils de fer barbelés, clous (contre la cavalerie), etc.).

En aucun cas n'attendre d'aide de côté, d'en haut, du dehors, se procurer tout soi-même. »
(Lénine, Les tâches des détachements de l'armée révolutionnaire)

C'est bien ce qu'on fait les masses. Comme on le voit le niveau d'organisation des jeunes prolétaires était d'un haut niveau. Cette organisation provient d'une longue tradition dans les quartiers, une tradition qui va au-delà de l'histoire des cités-dortoirs pour puiser jusque dans les bidonvilles des années 1960-70.

Tout cela démontre que la thèse communiste sur les luttes de classe est juste et correcte, que le prolétariat est bien la classe révolutionnaire qui n'a rien à perdre que ses chaînes, et que sa manière de lutter est la guerre populaire, que dans la guerre du peuple le peuple ne compte sur rien d'autre que lui-même.

La révolte est partie de la partie du prolétariat la plus exploitée et la plus opprimée, non pas simplement dans une ou deux zones géographiques, mais dans tout le pays. Toute la jeunesse prolétarienne s'est reconnue dans cette lutte, et a assumé la lutte contre l'ennemi : l'Etat.

Le peuple en action, voilà la solution et voilà ce qui s'est passé.

Ce qu'il faut regretter c'est que l'ensemble du prolétariat n'ait pas rejoint la révolte. Le prolétariat aurait dû suivre sa composante la plus opprimée et la plus déterminée : la jeunesse prolétarienne.

Ce qu'il faut critiquer, c'est la soumission des révolutionnaires de salon à la petite-bourgeoisie, révolutionnaires de salon qui ne conçoivent qu'une lutte syndicale et associative, et qui s'enfuient dès que les luttes de classes s'emballent.

Parmi ces gens il y en a aussi pour arriver quand tout est fini et prétendre, eux, « comprendre. » Les masses n'ont pas besoin qu'on les comprenne, elles ont besoin qu'on les organise.

Car oui, c'est vrai, le peuple veut la guerre, oui les masses veulent détruire l'Etat. Seuls les partisans du capitalisme peuvent critiquer cela et la violence qui en découle.

Seuls des petits-bourgeois peuvent préférer un monde paisible, ne dérangeant pas leur commerce. Et seuls des traîtres peuvent rejeter la révolte, ou la passer sous silence, sous prétexte que les formes de la lutte ne sont pas « adéquates. »

En fait, ceux qui critiquent soi disant non pas le mouvement mais la pratique du mouvement ne comprennent pas ce qu'est la guerre du peuple. Ceux qui disent cela s'imaginent que les masses n'existent que passivement, qu'elles sont subordonnées à des intellectuels « progressistes. »

C'est un point de vue petit-bourgeois, qui vise à subordonner les masses à des initiatives petites-bourgeoises, qui pullulent d'ailleurs désormais (initiatives pour aller voter dans les quartiers, refus d'une critique du capitalisme pour une vision ethnique de l'histoire, etc.).

Lorsque nous, marxistes-léninistes-maoïstes, disons que nous sommes pour la guerre populaire, cela signifie que pour nous le peuple en action est synonyme de libération.

La « guerre populaire » n'est pas un concept inventé dans un livre et signifiant l'enrôlement des masses; c'est au contraire la généralisation du principe d'organisation des masses par elles-mêmes, masses dont les communistes sont les éléments les plus avancés.

La rébellion de novembre a montré que ceux qui rêvaient d'un grand soir tranquillement organisé par des syndicats défendaient une ligne petite-bourgeoise, et qu'ils n'ont rien compris aux principes essentiels de la lutte populaire, à sa nature même.

La révolte a été une rébellion qui possède la même nature que la guerre populaire.

Ceux qui n'attribuent pas à la rébellion le caractère de guerre populaire sont des idéalistes, qui ne considèrent pas que les masses font l'histoire et qui ne considèrent pas qu'il est dans la nature même des masses de vouloir la destruction de l'Etat.

Toute révolte est une composante de la grande rébellion, est un enseignement pour comment il faut lutter pour vaincre, et cet enseignement est conservé et généralisé par les communistes.

Voilà pourquoi c'est le rôle du Parti Communiste d'éduquer les masses en leur montrant leur véritable nature; les masses savent au plus profond d'elles-mêmes qu'elles sont opprimée et exploitées, mais elles n'osent pas se saisir collectivement comme masses.

Le Parti Communiste est la synthèse du principe que les individus sont socialement reliés les uns aux autres et que l'histoire est l'histoire de la lutte des classes ; l'histoire est l'histoire des masses, ce sont elles qui font l'histoire, voilà le principe et l'idéologie.

Les communistes sont la mémoire des luttes des masses pour leur libération, et donc nécessairement leur direction politique.

La révolte de la jeunesse prolétarienne n'est pas une « révolte des banlieues. » C'est une révolte dans la continuité de la révolte des masses contre l'oppression. C'est une rébellion.

Voilà le principe essentiel de la ligne de masses des communistes authentiques.

Et la tâche des communistes, c'est d'accepter le développement inégal de la révolution, le décalage entre la situation sociale et la pratique des masses, pour tout remettre à niveau et développer la conscience révolutionnaire.

Voilà les tâches très pratiques des communistes dans les mois à venir.

Pour le PCMLM, janvier 2006.

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