8 mar 2012

Riz amer (1949)

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Riz amer ("Riso Amaro" qui peut signifier "rire amer") est un classique du néo-réalisme italien réalisé en 1949 par Giuseppe De Santis. L'histoire suit les parcours de Silvana et Francesca qui se rencontrent au bord du train qui les conduit dans la vallée du Po. Il y a là une représentation habituelle de l'Italie où les paysans pauvres du Sud déferlent vers le Nord pour y trouver du travail. Cette dichotomie entre Nord et Sud de l'Italie est par exemple montré dans un autre classique Rocco et ses frères de Luchino Visconti, bien connu en France en raison de la présence des deux stars françaises Alain Delon et Annie Girardot.

 

Dans Riz Amer, les femmes du Sud vont s'employer le temps d'une saison pour le piquage du riz. En fait, Francesca s'est fondue dans la marée humaine des travailleuses pour échapper à la police. Walter, son compagnon, a volé un précieux collier à une cliente de l'hôtel dans lequel il travaillait et lui a confié en faisant ainsi sa complice. Francesca ne dispose pas du permis de travail pour le piquage du riz, mais Silvana l'aide à se faire embaucher illégalement.

 

Une partie du film se concentre d'ailleurs sur les rivalités qui divisent les travailleuses légales des travailleuses illégales, les premières considérant les secondes comme des concurrentes contribuant à tirer les conditions de travail vers le bas. Sur ce point, l'un des défauts du film, et son côté traditionnel patriarcal, réside dans le rôle prépondérant de Marco qui réussit à les convaincre de s'unir plutôt que de se diviser sans que les femmes aient réussi à parvenir aux mêmes conclusions d'elles-mêmes.

 

Le personnage-clef est en fait celui de Walter, car Giuseppe De Santis l'utilise pour détourner les codes habituels de l'industrie cinématographique qui perdurent jusqu'à aujourd'hui. En effet, Walter, interprété par la star Vittorio Gassman, apparaît à l'écran sous les traits stéréotypés du bad boy irrésistible que le cinéma n'en finit pas de décliner. En marge de la société et doté d'un physique avantageux, Walter a tout du rebelle au charme viril qui symbolise d'habitude de manière automatique le héros.

 

Mais Walter est clairement montré comme un profiteur sans scrupule. Walter prévoit de s'enfuir avec toute la récolte de riz, volant ainsi le fruit du travail des femmes. Il a entre-temps séduit Silvana qu'il enrôle dans son plan malfaisant. Elle doit détourner l'attention des paysans en inondant les champs.

 

Le stratagème de Walter est finalement déjoué par Francesca et Marco. Une fusillade éclate dans l'abattoir où les protagonistes s'affrontent. Rongée par le remords, Silvana tue Walter avant de se suicider. Walter s'effondre sur le croc de boucher, une référence symbolique à la mort de Mussolini quelques années plus tôt. L'analogie est claire : Walter est un fasciste. Walter est un traître du prolétariat qu'il tente de séduire avec une posture de rebelle qui le confine irrémédiablement au rôle de lumpenproletariat sans autre avenir que la survie dans le crime. Le message est d'autant plus fort que Walter correspond aux canons du héros hollywoodien.           

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