2001, l'Odyssée de l'espace est considéré comme le chef d'oeuvre de Stanley Kubrick, voire même bien souvent comme le plus grand chef d'oeuvre de l'histoire du cinéma. Il y a de multiples raisons à cela, qui tiennent principalement aux suivantes :

• le film revendique une esthétique classique avec un début du film où sur une compositions classiques (« Le beau danuble bleu »), on a un vaisseau spatial exerçant une sorte de ballet ;

• Les délires parapsychologiques et mystiques typiques des années 1950-1960 (corps astral surpuissant, esprit universel, etc.) sont rassemblés dans un bric-à-brac incompréhensible à moins de lire le roman écrit par Arthur C. Clarke pour le film ;

• l'évolution de l'humanité est conçu comme une « volonté de puissance » exactement comme chez Nietzsche, on a d'ailleurs un passage représentatif avec en arrière-plan la musique de « Ainsi parlait Zarathoustra » de Richard Strauss ;

• Kubrick a évacué toute référence à un risque de guerre nucléaire entre l'impérialisme US et le social-impérialisme russe, alors que l'idée d'une puissance transcendante est là pour justifier une intervention « calmant » les humains (le principe sera assumé par contre ouvertement dans 2010 : L'Année du premier contact, film très progressiste de 1984 malgré la façade mystique pour le coup)

• Le personnage que représente l'ordinateur HAL9000 représente une peur de l'esprit synthétique à la culture encylopédique.

L'énorme succès du film de Kubrick – pour un film d'une belle esthétique mais vite esthétisant, nullement plaisant de fait ni même compréhensible d'ailleurs – tient précisément aux points mentionnés : il est typique d'une pensée intellectuelle bourgeoise semi-mystique et cultivant le « snobisme. »